Comment Hong Kong se réinvente en tant que hub financier face aux tensions internationales

Hong Kong : un « super connecteur » en mutation

Hong Kong, autrefois considéré comme le centre financier mondial par excellence, a subi une transformation radicale ces dernières années. Il est devenu ce que l’on pourrait qualifier de « super connecteur » à l’économie chinoise, étroitement intégré au continent. Plus de 3 600 banquiers se sont rassemblés fin janvier pour l’Asian Financial Forum (AFF), malgré les secousses financières et les tensions persistantes avec les États-Unis. Cette transformation et les défis qui en découlent sont au cœur de notre réflexion sur le futur de Hong Kong en tant que hub financier mondial.

La tranquillité au cœur de l’agitation

Lorsque les financiers du monde entier se sont réunis pour l’AFF, l’une des principales préoccupations était la situation tendue à Taiwan, marquée par des élections sous haute tension. Cependant, pour leur soulagement, la tranquillité régnait à Hong Kong. Il semble que l’avenir de Taiwan soit inexorablement lié à Pékin, selon les prédictions d’un banquier occidental, qui suggère que la région pourrait éventuellement suivre le modèle de Hong Kong.

L’évolution de Hong Kong sous l’influence chinoise

Hong Kong, en tant que vitrine de la place financière asiatique, est de plus en plus sous l’influence du pouvoir central chinois. Cette évolution a été accélérée depuis 2019, marquée par l’introduction de la loi sur la sécurité nationale, qui vise à réprimer les ingérences étrangères, et la réponse autoritaire de l’exécutif face aux manifestations pro-démocratie en 2020.

Continuité des affaires malgré la crise

Même si la crise du Covid-19 a entraîné un exode discret d’expatriés de Hong Kong vers des destinations comme Singapour en raison des restrictions sanitaires et des arrestations dans les bureaux, les affaires n’ont pas cessé. Les départs se sont déroulés en douceur pour éviter d’irriter les autorités chinoises, et aujourd’hui, la situation n’est pas encore celle d’un État policier.

Nouveaux arrivants et transformations

Ceux qui ont quitté Hong Kong ont rapidement été remplacés, principalement par des Chinois du continent et des expatriés occidentaux plus jeunes. Les postes vacants ne sont pas difficiles à pourvoir en raison des salaires élevés, et l’on observe même des retours de Singapour ou d’expatriés dont le conjoint est russe.

L’intégration croissante de Hong Kong avec la Chine

Hong Kong oriente inexorablement son avenir vers Pékin, renforçant ses liens avec les marchés financiers de la Chine continentale. Le système d’interconnexion avec les bourses de Shanghai et Shenzhen, connu sous le nom de « stock connect », est promu par le régulateur chinois et renforce ces liens.

L’intégration terrestre joue également un rôle crucial. Le projet de la Grande Baie, un pôle financier et numérique comprenant 86 millions d’habitants et représentant 10 % du PNB chinois, relie Hong Kong à Shenzhen, qui abrite des géants de la tech tels que Huawei et Tencent, en seulement 14 minutes en train express.

L’influence grandissante de la Chine

La progression du mandarin en tant que langue requise pour les postes dans la finance et les milieux juridiques témoigne de l’influence croissante de la Chine. L’industrie financière elle-même se sinise progressivement grâce à l’octroi de nouvelles licences de courtiers et de gestionnaires d’actifs.

Hong Kong : une mégapole locale chinoise

Hong Kong devient de plus en plus une mégapole locale chinoise, au même titre que Shenzhen ou Shanghai. La différence réside dans le fait qu’elle demeure la porte d’entrée de Pékin vers la finance internationale.

Les incertitudes de la nouvelle loi de sécurité

Dans les milieux financiers de Hong Kong, on ne s’attend pas à de grandes surprises de la nouvelle loi de sécurité qui doit être adoptée cette année, ni du procès du magnat prodémocratie Jimmy Lai, qui est source de tensions avec les États-Unis, lesquels appellent à sa libération.

Hong Kong au centre des rivalités sino-américaines

Hong Kong est devenue le théâtre central des rivalités financières entre les États-Unis et la Chine, marquées par des sanctions américaines à l’encontre des représentants du territoire et des contre-sanctions chinoises. Bien que Taïwan soit au cœur de l’escalade militaire sino-américaine, Hong Kong est devenue le point focal de leurs rivalités financières.

Le Moyen-Orient, une opportunité pour Hong Kong

Toutefois, cette situation profite au Moyen-Orient. Durant l’AFF, l’Arabie saoudite a signé un accord de coopération avec Hong Kong, suivant ainsi les Émirats arabes unis et Dubaï l’année précédente. Selon Goldman Sachs, un flux croissant d’investissements en provenance du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est « compense partiellement » la réduction des positions des États-Unis et de l’Europe.

Des investisseurs moyens-orientaux insensibles aux tensions sino-américaines

Les investisseurs du Moyen-Orient semblent peu sensibles aux tensions sino-américaines et trouvent les valorisations attractives. Dickie Wong, directeur de Kingston Securities, explique que « les investisseurs du Moyen-Orient sont les seuls à ne pas être sensibles aux tensions sino-américaines ».

En résumé, Hong Kong évolue rapidement en tant que hub financier majeur, consolidant ses liens avec la Chine continentale tout en continuant à attirer des investisseurs du Moyen-Orient. La région est au cœur des tensions sino-américaines, mais sa résilience et son adaptabilité sont des atouts qui continuent d’attirer l’attention du monde financier international.

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