La BCE défend la stabilité de ses taux directeurs en 2024

La première réunion de politique monétaire de l’année

Cette semaine, la Banque centrale européenne (BCE) tient sa première réunion de politique monétaire de l’année. Alors que les marchés financiers sont en ébullition, la BCE se trouve face à un défi majeur : convaincre les investisseurs qu’il est encore trop tôt pour envisager une baisse de ses taux directeurs.

Un contexte hivernal sur les marchés

La semaine précédente, les marchés européens ont subi une légère déroute, et la situation s’est compliquée avec l’intervention des banquiers centraux réunis à Davos, en Suisse. Tous les membres de la BCE présents à l’événement ont transmis un message similaire : une baisse des taux directeurs n’est pas à l’ordre du jour.

L’objectif de cette communication était clair : calmer les ardeurs des investisseurs qui, en décembre, avaient envisagé une réduction des taux en zone euro de près de 170 points de base, avant même la première réunion de politique monétaire de l’année qui se tient ce jeudi à Francfort.

Quand faut-il s’attendre à une baisse des taux ?

Bien que des assouplissements monétaires soient prévus cette année, la question cruciale demeure : quand la BCE décidera-t-elle d’agir ? François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, reste prudent sur cette question, soulignant que la période estivale pourrait être propice à de telles décisions. Son homologue allemand, Joachim Nagel, insiste également sur le caractère prématuré des discussions.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a admis que la possibilité d’une première baisse en été était « probable ». Cependant, elle a ajouté que cette affirmation était assortie de précautions, notamment en raison de l’incertitude économique persistante en zone euro et du fait que certains indicateurs ne sont pas encore conformes aux objectifs de la BCE. Malgré ces réserves, les marchés ont interprété ses propos comme une confirmation d’une baisse des taux en juin.

Konstantin Veit de chez Pimco estime que la BCE ne souhaite pas prendre de décisions hâtives : « La BCE ne voudra pas commencer à baisser ses taux pour devoir les remonter la fois d’après. Elle voudra être aussi sûre que possible et attendre notamment les dernières données sur les salaires qui sortiront fin avril. Et comme elle choisira a priori une réunion où elle disposera de nouvelles projections, cela fait de juin la date la plus probable. »

Une réunion de politique monétaire « ennuyeuse » en perspective

La réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE s’inscrit dans un contexte où les investisseurs oscillent entre optimisme et prudence. La Réserve fédérale américaine et la Banque d’Angleterre se réuniront également la semaine suivante, ce qui ajoute à la tension sur les marchés financiers. Cependant, la première décision de 2024 pour la zone euro ne devrait pas être particulièrement spectaculaire.

Konstantin Veit prévoit une réunion « raisonnablement ennuyeuse » : « La BCE restera en position d’attente et va rappeler sa dépendance aux données en renouvelant son besoin d’y voir plus clair, notamment sur l’évolution des salaires. » En d’autres termes, la BCE continuera d’adopter une approche prudente, évitant toute déclaration qui pourrait faire chuter les taux de marché, en particulier les taux longs.

Christine Lagarde défend la stabilité

Christine Lagarde devrait profiter de cette réunion pour réaffirmer que des anticipations trop hâtives d’assouplissements monétaires sont contre-productives. Elle pourrait également exprimer des inquiétudes quant à la baisse importante des coûts de financement, craignant que cela ne relance l’inflation, voire ne ralentisse sa baisse.

Les traders, refroidis par le discours ferme des banquiers centraux européens et surpris par le rebond de l’inflation au Royaume-Uni en décembre, ont revu leurs prévisions à la baisse. Ils ne misent désormais que sur cinq baisses de taux d’un quart de point cette année, soit une à chaque réunion à partir de juin. La BCE, de son côté, n’envisage a priori que trois baisses. Il lui faudra donc fournir des arguments solides pour convaincre les marchés de sa stratégie.

Renforcer le marché unique européen

En conclusion, face aux incertitudes qui pèsent sur les marchés financiers, la BCE doit défendre la stabilité de ses taux directeurs en 2024. La première réunion de politique monétaire de l’année s’annonce prudente, avec une BCE qui privilégie la prudence face aux données économiques en évolution constante. Christine Lagarde rappellera l’importance de ne pas précipiter les décisions d’assouplissement monétaire.

Finalement, la BCE devra rester vigilante et patiente tout au long de l’année, en surveillant de près l’évolution de l’économie en zone euro. La meilleure défense, comme le souligne Christine Lagarde, c’est l’attaque. Elle invite les Européens à renforcer le marché unique pour faire face à toute éventualité, y compris une possible réélection de Donald Trump.

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