La Réserve fédérale américaine : 110 ans d’influence économique mondiale

La naissance d’une institution financière influente

Le 23 décembre 1913, les États-Unis ont assisté à la création de l’institution financière la plus puissante de la planète : la Réserve fédérale, communément appelée la Fed. Après des décennies de tensions entre les États fédérés et de crises bancaires, cette étape marquante de l’histoire américaine a radicalement transformé la manière dont l’économie américaine était régulée.

La genèse de la Réserve fédérale

L’absence d’une banque centrale aux États-Unis au début du XXe siècle a laissé place à des crises bancaires récurrentes. La panique de 1907, déclenchée par une tentative de manipulation boursière sur des mines de cuivre, a provoqué des réactions en chaîne, rappelant les conséquences de la crise de 2007. Les déposants ont précipitamment retiré leurs économies, les banques ont fermé les unes après les autres, et l’absence d’un prêteur en dernier ressort a incité le financier John Pierpont Morgan à intervenir pour stabiliser la situation.

En 1910, un groupe de financiers et de politiciens s’est réuni sur l’île de Jekyll en Géorgie pour discuter de la nécessité de créer une institution capable de soutenir les banques en cas de crise. Cette réunion a jeté les bases de la création de la Fed, trois ans plus tard.

L’influence européenne dans la création de la Fed

La naissance de la Fed a également été influencée par l’examen attentif des institutions monétaires européennes. À l’époque, détenir une banque centrale était considéré comme un signe de modernité pour un État. Les États-Unis ont donc suivi cette tendance, tout en cherchant à étendre leur influence sur les marchés internationaux, dominés par la livre sterling. Cette démarche s’inscrivait dans le contexte de l’expansion de la puissance bancaire américaine.

L’évolution de la Fed au fil du temps

Les douze banques centrales régionales composant le système de la Fed jouissaient d’une grande autonomie, ce qui a entraîné des divergences dans la politique monétaire. Après le krach boursier d’octobre 1929 et la Grande Dépression qui s’ensuivit, le Banking Act de 1935 a mis fin à cette cacophonie en accordant au conseil des gouverneurs le pouvoir de contrôler les banques régionales et en créant le comité de politique monétaire. La Fed est ainsi devenue un acteur central de la politique économique américaine.

En 1978, son mandat initial de veiller à la stabilité des prix a été complété par l’objectif du plein-emploi. Malgré cela, la protection sociale aux États-Unis était moins généreuse que celle de nombreux pays européens.

La Fed face aux défis économiques

Au fil des décennies, la Fed a dû s’adapter aux évolutions macroéconomiques. Face à l’inflation galopante des années 1980, son président, Paul Volcker, a relevé les taux d’intérêt à des niveaux exceptionnellement élevés, ce qui a contribué à réduire l’inflation mais a également plongé le pays dans une récession, entraînant une hausse du chômage.

La crise des subprimes de 2007 a été un moment charnière pour la Fed. Son président à l’époque, Ben Bernanke, un expert de la Grande Dépression des années 1930, a mis en œuvre de nouveaux outils pour éviter une catastrophe similaire. Parmi ces outils figuraient les échanges de devises avec d’autres banques centrales, comme la Banque centrale européenne (BCE). La Fed est devenue ainsi le prêteur en dernier ressort au niveau mondial, ce qui a renforcé la domination du dollar sur la scène financière internationale.

Les similitudes avec la Banque centrale européenne

La Banque centrale européenne (BCE) partage aujourd’hui de nombreuses similitudes avec la Fed. Bien que la BCE n’ait pas le plein-emploi comme objectif principal, les deux institutions utilisent des outils similaires, tels que les taux directeurs, les rachats de dettes publiques et privées, ainsi que la publication de prévisions économiques. Cette convergence souligne l’importance croissante des banques centrales dans la gestion de la politique économique mondiale.

Les leçons de l’histoire pour la zone euro

L’histoire de la Fed et du fédéralisme américain met en lumière les failles institutionnelles de la zone euro. Contrairement aux États-Unis, la zone euro compte dix-neuf États membres, ce qui complique la coordination en cas de crise. De plus, l’union monétaire européenne ne dispose pas d’une politique budgétaire centralisée, ce qui la rend plus vulnérable aux crises et limite ses capacités d’investissement pour soutenir ses industries stratégiques.

En conclusion, la Réserve fédérale américaine, avec ses 110 ans d’existence, reste un acteur majeur de l’économie mondiale. Son histoire mouvementée et son adaptation aux défis économiques en font un modèle pour d’autres banques centrales, tout en mettant en évidence les défis auxquels la zone euro doit faire face pour renforcer sa stabilité économique.

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