Les efforts de diplomatie sino-américaine pour apaiser les tensions
Depuis plusieurs mois, les relations entre les États-Unis et la Chine ont été marquées par des tensions croissantes. Cependant, des signes récents montrent que des efforts sont en cours pour rétablir les canaux de communication et apaiser le climat entre les deux plus grandes puissances économiques du monde. Une délégation de sénateurs américains s’est rendue à Shanghai pour des discussions productives avec leurs homologues chinois, dirigée par le leader démocrate du Sénat Chuck Schumer. Cette visite est le dernier épisode en date des démarches visant à comprendre « objectivement la Chine » et à renouer le dialogue.
Une série de visites diplomatiques
L’administration du président américain Joe Biden a multiplié les initiatives pour tenter de renouer un dialogue avec la Chine. En juin, le secrétaire d’État Antony Blinken s’est rendu en Chine pour rencontrer son homologue chinois, marquant ainsi une première étape vers une détente. Quelques semaines plus tard, Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, a effectué un déplacement en Chine, où elle a rencontré le chef économiste He Lifeng. L’objectif était de stabiliser la relation entre les deux pays et de rétablir un véritable canal de communication avec les responsables économiques chinois.
Avant ces deux voyages, le directeur de la CIA et ex-haut responsable de la diplomatie américaine, Bill Burns, avait déjà amorcé le processus en se rendant à Pékin. Il avait insisté sur la nécessité de maintenir des canaux de communication, notamment dans le domaine du renseignement. En parallèle, le conseiller à la Sécurité nationale américain, Jake Sullivan, avait rencontré le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, à Vienne. En août, la secrétaire au Commerce, Gina Raimondo, a également visité la Chine, montrant ainsi l’engagement des États-Unis à rétablir des relations stables.
Des groupes de travail pour renforcer la coopération
La visite de Janet Yellen en Chine a déjà porté ses fruits. En septembre, Washington et Pékin ont convenu de créer deux groupes de travail destinés à aborder les questions économiques et financières susceptibles de diviser les deux pays. Pour la secrétaire au Trésor, ces groupes représentent « un pas en avant important dans la relation bilatérale ».
En septembre également, Jake Sullivan et Wang Yi ont approuvé l’idée de tenir des consultations sur la zone Asie-Pacifique et les questions maritimes. De plus, Gina Raimondo et son homologue chinois ont décidé de renforcer le dialogue et d’échanger des informations régulières sur le contrôle des exportations, tout en discutant des potentiels conflits liés au commerce et à la technologie. Ces initiatives montrent l’engagement des deux parties à collaborer malgré les différences persistantes.
Les enjeux d’une relation essentielle
Les efforts de l’administration Biden visent à stabiliser une relation qui demeure essentielle pour les deux pays. Ils indiquent également que le président américain ne cherche pas simplement à reproduire la politique antichinoise menée par son prédécesseur, Donald Trump. Joe Biden n’exclut pas la possibilité de rencontrer en personne, pour la deuxième fois, Xi Jinping à San Francisco en marge du sommet de l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique). Cependant, il convient de noter que de nombreux contentieux subsistent entre les deux pays.
Les défis persistants
Le Congrès américain a adopté l’année dernière le « Chips and Science Act », une loi visant à favoriser la production de semi-conducteurs aux États-Unis avec une injection de 280 milliards de dollars. Cette loi vise directement la Chine, illustrant les préoccupations américaines quant à la dépendance envers les technologies chinoises. Certains membres du Congrès envisagent même de légiférer pour limiter les transferts de technologie et les flux de capitaux américains vers la Chine.
La question de Taïwan reste également très sensible. Bien que les États-Unis n’aient pas remis en question la politique de « Une Chine », leur ambiguïté stratégique suscite des inquiétudes du côté chinois. Les visites de hauts responsables américains, voire celle de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants, l’année dernière, sont vertement critiquées par Pékin.
Les relations internationales et les défis actuels
Sur le plan international, la position ambivalente de la Chine par rapport à la guerre en Ukraine complique encore davantage la situation. Bien qu’elle ne livre pas officiellement d’armements à la Russie, la Chine soutient Moscou dans sa rhétorique anti-occidentale. À l’ONU, la rivalité sino-américaine est évidente, notamment au Conseil des droits de l’homme à Genève. Ces prochains jours, Pékin devrait pouvoir faire adopter une résolution insistant sur la nécessité pour les Nations unies de se focaliser davantage sur les droits économiques, sociaux et culturels, au détriment des droits civils et politiques. Cette résolution inquiète les Américains et les Occidentaux, qui y voient une érosion de l’indépendance de l’ONU.
Cependant, même du côté chinois, on tend à calmer la rhétorique anti-américaine. Le président chinois Xi Jinping a répondu à une lettre d’un descendant du général américain Joseph Stilwell, qui avait commandé les forces américaines en Chine, en Birmanie et en Inde durant la Seconde Guerre mondiale. Il a décrit l’officier américain comme « un vieil ami du peuple chinois ».
En conclusion, malgré les nombreux défis et contentieux, les efforts déployés pour rétablir les liens sino-américains témoignent de la volonté des deux pays de coopérer. Il reste à voir dans quelle mesure ces initiatives aboutiront à une détente significative, mais elles offrent un espoir de dialogue et de compréhension mutuelle dans un monde de plus en plus interconnecté.