L’Union européenne et le glyphosate : Une controverse qui divise

L’Union européenne est actuellement en proie à une controverse majeure concernant la réautorisation du glyphosate, un herbicide controversé. La Commission européenne, sous la direction d’Ursula von der Leyen, a récemment proposé de renouveler la licence d’exploitation de cette substance pour une durée de dix ans. Cette décision a suscité de vives réactions, notamment de la part de la France et de l’Allemagne, qui estiment que les garde-fous proposés ne sont pas suffisants pour protéger la santé humaine et l’environnement.

Un Renouvellement Surprenant

La décision de renouveler la licence du glyphosate pour une durée de dix ans a pris de nombreux observateurs par surprise, car en 2017, l’Union européenne n’avait accordé que cinq ans d’autorisation pour cet herbicide. Cette prolongation a été basée sur les conclusions de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui a publié un rapport en juillet indiquant l’absence de préoccupations majeures pour la santé humaine. Cependant, la controverse scientifique autour du glyphosate persiste, avec le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) le qualifiant de « cancérogène probable » depuis 2015.

Les Voix de la Contestation

L’annonce de la Commission européenne a été accueillie avec scepticisme par de nombreuses parties prenantes. L’association Générations futures, qui lutte contre l’utilisation des pesticides, remet en question la fiabilité des études prises en compte par l’expertise européenne, soulignant que seulement 0,4 % des études universitaires ont été considérées comme « fiables sans restriction ». De plus, certains estiment que l’évaluation de l’EFSA ne tient pas compte de l’impact du glyphosate lorsqu’il est utilisé avec d’autres coformulants.

Des Mesures d’Atténuation

La Commission européenne a tenté d’apaiser les préoccupations en proposant quelques mesures d’atténuation, notamment l’instauration de « bandes tampons » de 5 à 10 mètres autour des zones où le glyphosate est pulvérisé. De plus, elle souhaite interdire la dessiccation, une pratique consistant à pulvériser l’herbicide sur les cultures avant la récolte pour accélérer le mûrissement des plantes. Cependant, ces mesures sont jugées insuffisantes par de nombreux critiques.

Les Réactions des Pays Membres

Plusieurs grands pays membres de l’Union européenne, dont la France et l’Allemagne, ont déjà exprimé leur désaccord avec la proposition de la Commission. La France plaide en faveur d’une approche progressive visant à éliminer progressivement le glyphosate. Cette approche a déjà montré des résultats positifs en termes de réduction de l’utilisation des pesticides en général et du glyphosate en particulier.

L’Allemagne, quant à elle, ne peut pas soutenir la proposition en raison de l’accord de coalition entre les sociaux-démocrates, les Verts et les libéraux, qui prévoit la fin de l’utilisation du glyphosate. D’autres pays comme le Luxembourg, l’Autriche et les Pays-Bas expriment également leurs réserves.

Une Décision Incertaine

À ce stade, il semble peu probable que les Vingt-Sept membres de l’Union européenne approuvent la proposition de la Commission. Le texte nécessite un vote à la majorité qualifiée des États membres et n’est pas soumis à l’accord du Parlement européen. Une réunion d’experts est prévue pour le 22 septembre, suivie d’un vote le 13 octobre, sachant que l’autorisation actuelle du glyphosate expire à la mi-décembre.

Une Question de Démocratie

Cette controverse soulève également des questions de démocratie, car en 2017 et 2023, deux initiatives citoyennes européennes ont recueilli plus d’un million de signatures, appelant à la sortie des pesticides de synthèse et à l’interdiction du glyphosate. Si la proposition de la Commission n’est pas soutenue par au moins quinze États membres représentant plus de 65 % de la population de l’Union, elle sera soumise à un comité d’appel où les mêmes règles s’appliqueront. Si ce deuxième vote n’est toujours pas concluant, la Commission décidera seule de la suite à donner.

Conclusion

La controverse autour du glyphosate divise l’Union européenne, mettant en lumière les divergences d’opinion sur la sécurité de cet herbicide. La décision de renouveler sa licence pour dix ans suscite des inquiétudes quant à ses effets sur la santé humaine et l’environnement, et de nombreux États membres remettent en question la proposition de la Commission. L’issue de cette controverse reste incertaine, mais elle souligne l’importance du débat sur la protection de la santé publique et de l’environnement au sein de l’Union européenne.

Check Also

Arrestation d’un Américain à Francfort pour espionnage présumé : une histoire digne d’un roman d’espionnage

On ne peut nier que les histoires d’espionnage ont toujours un petit côté fascinant, entre …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *