Les nouvelles arnaques financières en ligne
L’univers de la finance a toujours été le terrain de jeu préféré des arnaqueurs et des escrocs. De tout temps, les individus en quête de richesse facile se sont laissé séduire par les promesses alléchantes de rendements mirifiques, au risque de perdre tout leur argent. Les escroqueries financières ont évolué au fil des siècles, passant des « bucket shops » clandestins du XIXe siècle aux escroqueries sophistiquées en ligne du XXIe siècle. Dans cet article, nous plongeons dans les profondeurs de l’une de ces escroqueries financières géantes : l’affaire Traders Global.
Les racines des escroqueries financières
Les « bucket shops », présents à New York et Chicago à la fin du XIXe siècle, permettaient aux Américains de spéculer sur Wall Street. Toutefois, ces établissements étaient souvent tenus par la mafia, ce qui créait un environnement propice à la fraude et à la manipulation des marchés. Les particuliers qui pariaient sur la hausse des actions pouvaient parfois rencontrer des problèmes lorsqu’ils tentaient de récupérer leurs gains. En raison de fraudes, de malversations et de manipulations, ces établissements non régulés ont été fermés en 1920.
Le retour des escroqueries en ligne
Près d’un siècle plus tard, les escroqueries financières sont réapparues sur Internet avec l’avènement de l’investissement en ligne et la promesse de gains faciles grâce au trading. Les autorités de régulation des États-Unis et du Canada ont récemment porté plainte contre Traders Global, accusant la société de fraude massive. Traders Global aurait engrangé 310 millions de dollars de commissions de trading provenant de 135 000 clients depuis novembre 2021. Les sites web de la société sont maintenant inaccessibles, laissant derrière eux des clients impuissants dont l’argent est bloqué.
L’appât du gain facile
Traders Global proposait à ses clients de spéculer sur divers produits financiers, notamment les Contrats sur la Différence (CFD), qui reproduisent la performance de différents actifs tels que les paires de devises, les cryptomonnaies comme le Bitcoin et l’Ethereum, ainsi que les matières premières. La société offrait un effet de levier pouvant atteindre 100, permettant ainsi aux apprentis spéculateurs de disposer de sommes considérables avec un capital de départ relativement faible. Toutefois, cela entraînait également des risques de pertes massives.
Les pièges tendus par Traders Global
En surface, Traders Global promettait que 85 % des bénéfices reviendraient aux traders, tandis que la société conserverait 15 % de commission. Cependant, elle a tout mis en œuvre pour réduire les profits de ses clients une fois qu’ils avaient payé entre 49 et 4 900 dollars pour intégrer différents programmes de trading en temps réel. Au lieu de maximiser la réactivité et la rapidité des ordres, comme le font la plupart des traders, Traders Global ralentissait volontairement les opérations de ses clients. Leurs ordres étaient exécutés tardivement, voire au pire moment de la séance de trading. La société ne se conformait pas aux règles de la régulation MIFID en Europe, qui exige la meilleure exécution possible des ordres et la prise en compte des intérêts des clients. De plus, des frais cachés supplémentaires réduisaient davantage les profits des particuliers.
La pyramide de Ponzi
Pour verser des profits aux quelques clients qui réussissaient miraculeusement malgré tous ces obstacles, Traders Global utilisait une technique perverse : elle puisait dans les comptes d’autres clients au lieu de débourser elle-même les sommes promises. Cette méthode est au cœur du schéma de la pyramide de Ponzi. Traders Global se présentait comme une entreprise de trading pour compte propre et affirmait ne pas avoir besoin de régulation. Pourtant, sans agrément, elle acceptait l’argent d’épargnants dans de nombreux pays, notamment aux États-Unis, au Canada et en Europe. La société se défend d’avoir sollicité ces investisseurs. Son dirigeant et unique actionnaire, Murtuza Kazmi, pourrait devoir répondre de son modèle économique devant la justice. Selon la CFTC, cette prétendue arnaque aurait rapporté 172 millions de dollars de revenus à son entreprise en seulement deux ans. Elle estime que des dizaines de millions de dollars ont atterri sur le compte bancaire de Kazmi, lui permettant d’acquérir des propriétés de luxe, dont une Lamborghini d’une valeur de 1,7 million de dollars et une Bugatti de 3,3 millions de dollars. Ces biens pourraient être saisis en vue d’une éventuelle indemnisation des victimes.
Conclusion
L’histoire de Traders Global illustre la persistance des escroqueries financières à travers le temps, adaptant leurs stratagèmes aux évolutions technologiques et aux nouvelles opportunités d’investissement. Les investisseurs doivent toujours rester vigilants et se méfier des promesses de gains faciles, en particulier dans le domaine du trading en ligne. Les autorités de régulation jouent un rôle essentiel dans la protection des investisseurs, mais il revient également à chaque individu de faire preuve de prudence et de diligence lorsqu’il s’agit de son argent.
Nous vous recommandons toujours de faire des recherches approfondies avant de confier vos fonds à une société de trading ou d’investissement en ligne. Les offres trop belles pour être vraies cachent souvent des pièges dangereux.