La Corée du Nord, connue pour son hermétisme et son mystère, est une fois de plus sous les feux de l’actualité mondiale avec la révélation de la construction d’un nouveau sous-marin capable de lancer des missiles nucléaires. Cette entreprise, qui a pris beaucoup plus de temps que prévu, soulève de nombreuses questions sur la véritable capacité de Pyongyang à renforcer sa puissance militaire.
Un Lancement Spectaculaire
Avec une grandiloquence digne du régime nord-coréen, un sous-marin a été lancé cette semaine, destiné à servir de plateforme pour des missiles nucléaires tactiques. Cette information a été rapportée par l’agence de presse nord-coréenne officielle, KCNA, lors d’une déclaration publiée vendredi. Le dirigeant suprême, Kim Jong Un, était personnellement présent pour inspecter le nouveau sous-marin, soulignant l’importance de cet événement.
Les experts estiment qu’il s’agit d’une modernisation en profondeur d’un sous-marin de la classe Romeo, qui a été construit par l’Union soviétique à partir des années 1950. La Corée du Nord en possède actuellement 20, ce qui en fait l’une des plus grandes flottes de sous-marins au monde, bien que sa technologie soit clairement dépassée.
Un Sous-Marin Équipé de Missiles Multiples
La nouveauté réside dans les dix silos de missiles que le sous-marin, désigné sous le numéro 841, transporte à bord. Ces silos sont conçus pour lancer des missiles balistiques et des missiles de croisière depuis une position sous-marine. Les experts ont noté, grâce aux photos publiées par la propagande nord-coréenne, que ces silos présentent deux diamètres différents, suggérant ainsi la possibilité d’utiliser plusieurs types de missiles et de missiles de croisière.
Selon KCNA, ce nouveau sous-marin est décrit comme un « sous-marin de chasse avec des armes nucléaires tactiques », ce qui signifie que les missiles embarqués ont une portée limitée, convenant principalement à des cibles situées à courte et moyenne distance. Bien que cela puisse viser la Corée du Sud, le Japon et d’autres cibles régionales, il ne pourrait pas menacer le territoire continental américain.
Un autre élément clé est que le sous-marin est équipé d’un moteur diesel-électrique plutôt que d’un réacteur nucléaire, ce qui signifie qu’il devra régulièrement émerger pour recharger ses batteries et aura une autonomie limitée. Cependant, Kim Jong Un a clairement exprimé son désir de développer un sous-marin à propulsion nucléaire, anticipant ainsi une nouvelle ère technologique dans les cinq à dix prochaines années.
Les Défis de la Technologie et du Temps
Malgré ces avancées apparentes, le programme de sous-marins nucléaires de la Corée du Nord semble progresser moins rapidement que prévu par le « Grand Leader ». En effet, en 2019, KCNA avait déjà publié des images d’un sous-marin capable de lancer des missiles nucléaires, laissant entendre qu’il serait bientôt opérationnel. Cependant, jusqu’à la récente annonce, le silence avait prévalu.
Joseph Dempsey, expert en militaire nord-coréen à l’International Institute for Strategic Studies, suggère sur Twitter que ce « nouveau » sous-marin est en réalité le même que celui présenté en 2019. Les raisons de ce retard suscitent des questions importantes.
Les Facteurs de Retard
Dempsey a avancé plusieurs hypothèses pour expliquer ce délai prolongé. Il semble que les systèmes de missiles basés en mer ont moins de priorité pour Pyongyang que les systèmes terrestres, tels que les lanceurs mobiles sur camions ou les trains. De plus, le développement simultané de missiles balistiques lancés depuis des sous-marins a probablement imposé des exigences techniques et structurelles supplémentaires au sous-marin porteur.
Un troisième facteur, soulevé non seulement par Dempsey mais aussi par d’autres experts, concerne la technologie vieillissante des sous-marins de classe Romeo. Ces sous-marins sont bruyants, ce qui les rend faciles à détecter sous l’eau. Cela crée un risque que les forces navales américaines ou sud-coréennes pourraient les neutraliser avant même qu’ils ne puissent être déployés en cas de conflit.
La Possibilité d’une Collaboration avec la Russie
La récente rumeur d’une rencontre entre Kim Jong Un et le président russe Vladimir Poutine à Vladivostok soulève des questions sur une possible coopération entre la Corée du Nord et la Russie dans le domaine des sous-marins à propulsion nucléaire. Les États-Unis ont rapporté que la Corée du Nord s’intéressait aux sous-marins nucléaires russes, ce qui pourrait offrir une opportunité de modernisation.
Cependant, il est important de noter que la Russie détient précieusement sa technologie sous-marine nucléaire et ne la partage pas même avec son allié chinois. La probabilité que Moscou autorise Pyongyang à y accéder semble donc peu probable.
La Course à l’Arme de Prestige
La course au développement de sous-marins capables de lancer des missiles balistiques est également une quête de prestige pour la Corée du Nord. En effet, seuls quelques pays détiennent de tels sous-marins, notamment les États-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Inde. Si la Corée du Nord réussit à mettre au point des sous-marins de ce type, elle rejoindra un club très exclusif.
Actuellement, seulement six pays possèdent des sous-marins en service capables de lancer des missiles nucléaires, et la Corée du Nord cherche apparemment à s’ajouter à cette liste.
Un Avenir Incertain
L’annonce de ce sous-marin nucléaire nord-coréen soulève de nombreuses questions et incertitudes quant à l’avenir de la sécurité régionale en Asie de l’Est. Il est clair que la Corée du Nord continue d’investir dans son potentiel militaire, mais les défis technologiques et les retards rencontrés posent des questions sur la réelle capacité opérationnelle de ce nouveau sous-marin.
Le monde doit rester vigilant et suivre de près l’évolution de cette situation, car elle pourrait avoir des répercussions importantes sur l’équilibre des forces dans la région. Alors que la Corée du Nord aspire à rejoindre le club restreint des nations possédant des sous-marins nucléaires, le reste du monde surveille de près les développements à Pyongyang.