Lorsque l’on évoque les emballages en papier comme une alternative écologique aux emballages en plastique, il est naturel de penser qu’ils sont la réponse aux problèmes environnementaux contemporains. Cependant, une étude récente menée par une équipe de chercheurs de l’Université de Göteborg (Suède) nous invite à réfléchir plus en profondeur. Dans cet article, nous explorerons les enjeux complexes entourant les emballages en papier, leur impact sur l’environnement, et les défis auxquels nous sommes confrontés pour trouver des solutions durables. Laissez-vous emporter dans ce voyage au cœur de la perplexité et de la complexité de ce sujet brûlant.
L’Évolution de la Production de Plastique
La production mondiale de plastique a connu une croissance exponentielle, passant de 2,3 millions de tonnes en 1950 à un ahurissant 460 millions de tonnes en 2022. Cette montée en flèche dépasse de loin nos efforts pour gérer efficacement ce flux de déchets. Les emballages à usage unique, tels que les gobelets et les bouteilles de shampoing, constituent une part importante de ce problème. Ils ont envahi tous les écosystèmes de la planète, et leur production à l’échelle mondiale semble échapper à tout contrôle.
Le Papier : Une Solution en Apparence
Pour faire face à cette crise, une nouvelle star est née dans le monde des emballages : le papier. En effet, le papier se décompose naturellement en moins d’un an, tandis qu’une bouteille en plastique peut perdurer pendant un millénaire. Cependant, voici le hic : l’étude suédoise révèle que les répercussions de ces deux matériaux sur le développement et la croissance de la mouche arlequin (Chironomus riparius) sont étonnamment similaires.
Les Emballages en Papier et le Plastique : Un Paradoxe
Si le papier semble moins préjudiciable à l’environnement que le plastique, son utilisation en tant qu’emballage alimentaire présente des défis considérables. Par exemple, il n’est ni résistant à la graisse ni à l’eau. C’est pourquoi on a souvent recours à une fine pellicule de plastique, composée d’acide polylactique (un polymère biodégradable), pour isoler le papier. Cependant, lorsque ces emballages se retrouvent dans la nature, leur décomposition libère, comme pour le plastique classique, des produits chimiques tels que des stabilisateurs UV ou des retardateurs de flamme. De plus, cette association du papier et du plastique rend l’objet difficilement recyclable, créant ainsi un nouveau défi environnemental complexe.
Le Fléau des Substances Chimiques
Il est important de noter que près de 10 000 substances chimiques différentes sont présentes dans les plastiques, dont 2 400 sont potentiellement dangereuses selon les normes de l’Union européenne en raison de leur toxicité et de leur capacité à s’accumuler dans les organismes vivants. De plus, 901 de ces substances se retrouvent dans les emballages alimentaires, y compris ceux en papier avec une couche plastique. Elles entrent en contact avec les aliments que nous consommons et peuvent migrer dans ces derniers. Ces substances sont également susceptibles de se décomposer au contact de sols humides ou de cours d’eau, créant ainsi des liquides toxiques appelés lixiviats. En conséquence, des particules microplastiques peuvent contaminer les écosystèmes et potentiellement nuire aux animaux et aux êtres humains à proximité.
L’Impact Néfaste sur la Biodiversité
L’étude suédoise, menée sur la mouche arlequin à différents stades de développement, met en lumière l’impact considérable des emballages en papier et en plastique. Les chercheurs ont recréé des lixiviats à partir de ces emballages, exposant des larves de moucherons à ces liquides toxiques. Les résultats sont alarmants : les deux types d’emballages intoxiquent l’environnement aquatique et ralentissent la croissance des larves, en particulier celles exposées aux emballages en papier. Cette étude souligne également que plus la période de lixiviation est longue, plus les effets nocifs se manifestent, suggérant une persistance à long terme des produits chimiques.
Vers des Solutions Durables
Malgré les défis complexes posés par les emballages en papier, leur force réside dans leur capacité à réduire la production de plastique dans le monde. Cependant, la présence de l’acide polylactique dans ces emballages les rend aussi polluants que leurs prédécesseurs. De plus, cette couche de plastique entrave leur recyclage, les condamnant souvent à une utilisation unique. Bethanie Carney Almroth, auteure de l’étude, préconise une « réduction mondiale de la production de plastique » et appelle à une « transparence totale de l’industrie plastique » concernant les matériaux utilisés et leur impact. La solution ne réside donc pas simplement dans le remplacement d’un produit polluant par un autre, mais plutôt dans la réduction globale de la production de plastique, en particulier pour les articles à usage unique.
Conclusion
En conclusion, les emballages en papier représentent une alternative apparemment écologique aux emballages en plastique, mais leur complexité et leurs impacts sur l’environnement et la biodiversité ne doivent pas être sous-estimés. Notre quête de solutions durables nécessite une réflexion approfondie, une transparence totale de l’industrie, et un engagement mondial en faveur de la réduction de la production de plastique. L’avenir de notre planète en dépend.