Les marchés mondiaux du pétrole connaissent une nouvelle période d’incertitude à la suite des récentes décisions prises par l’Arabie saoudite et la Russie, deux acteurs clés dans l’industrie pétrolière mondiale. Riyad a choisi de prolonger sa réduction de production de pétrole d’un million de barils par jour jusqu’à la fin de l’année, tandis que Moscou réduit sa production de 300 000 barils par jour pour la même période. Ces choix ont eu un impact immédiat sur les cours du pétrole, mais quelles sont les motivations derrière ces décisions et quelles pourraient être leurs conséquences à long terme sur l’économie mondiale ?
Riyad et la prolongation de la réduction de production
Détails de la décision saoudienne
L’Arabie saoudite, en tant que leader de facto de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), a décidé de prolonger la réduction de sa production de pétrole d’un million de barils par jour jusqu’à la fin de l’année. Cette réduction, qui était en vigueur depuis juillet, avait déjà eu un impact significatif sur les cours pétroliers en limitant l’offre sur le marché mondial.
Objectif de Riyad : atteindre les 100 dollars par baril
L’objectif de Riyad est clair : atteindre un prix du baril de pétrole de 100 dollars. Cette ambition dépasse le simple maintien de l’équilibre budgétaire, car selon le Fonds monétaire international (FMI), un baril à 80 dollars suffirait pour cela. La nouvelle cible s’explique par l’inflation mondiale et les besoins de financement de projets coûteux du prince héritier, Mohammed ben Salmane. L’Arabie saoudite aspire à diversifier son économie pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures, qui représentent encore 70% de ses revenus.
Capacité de production de l’Arabie saoudite
Il est important de noter que l’Arabie saoudite dispose d’une capacité de production considérable, estimée à 12,2 millions de barils par jour selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Malgré la réduction actuelle, la production saoudienne avoisinera les 9 millions de barils par jour dans les prochains mois. De plus, cette décision sera réévaluée chaque mois pour déterminer la nécessité de réduire davantage ou d’augmenter la production.
Moscou et la prolongation de la réduction de production
Annonce de la décision russe
La Russie, un acteur majeur dans l’industrie pétrolière mondiale, a également décidé de prolonger la réduction de sa production de pétrole de 300 000 barils par jour jusqu’à la fin de l’année, à partir de septembre. Cette décision reflète les enjeux financiers cruciaux auxquels la Russie est confrontée.
Raisons pour lesquelles la Russie dépend des prix du pétrole
Les revenus russes générés par le pétrole et le gaz ont chuté de manière significative au cours de l’année. Selon les données du ministère des Finances russe, citées par l’agence Reuters, ces revenus ont baissé de 38,1% sur les huit premiers mois de l’année par rapport à la même période en 2022. Pour le seul mois d’août, ces revenus ont chuté de 21% par rapport à juillet et de 4,3% sur un an. Cette situation met en évidence la dépendance de la Russie aux prix du pétrole pour financer ses opérations.
L’objectif de l’Opep+ et la politique de contrôle des prix
Rôle de Riyad et Moscou dans l’Opep+
Riyad et Moscou jouent un rôle central au sein de l’Opep+. Cette alliance réunit les 13 membres de l’Opep et 10 autres pays exportateurs, dont la Russie. Ensemble, ils cherchent à contrôler les prix du pétrole en ajustant leur production pour maintenir une offre limitée sur le marché. Cette politique vise à maintenir des prix élevés, même si cela signifie perdre des parts de marché.
Capacités de production en réserve de l’Opep+
L’Opep+ dispose de capacités de production en réserve, estimées à 5,7 millions de barils par jour en juillet selon l’AIE. Cela signifie qu’elle peut rapidement augmenter son offre si cela devient nécessaire. Cependant, cette politique de contrôle des prix n’est pas sans risque.
Risque d’une correction significative des prix
Certains experts estiment qu’une correction significative des prix du pétrole pourrait survenir. Des facteurs tels que la faible demande en Europe, le ralentissement économique aux États-Unis et les incertitudes entourant la consommation de pétrole en Chine pourraient peser sur les prix à l’avenir. Frédéric Lasserre, directeur de la recherche chez Gunvor Group, l’un des plus importants négociants de pétrole au monde, estime que le prix du baril de Brent pourrait subir une « correction significative » et tomber jusqu’à 71-72 dollars dans les six prochains mois.
Facteurs qui pourraient influencer les prix à l’avenir
Faible demande en Europe et aux États-Unis
La faible demande en Europe, où plusieurs pays sont déjà en récession, ainsi que le ralentissement économique aux États-Unis, sont des facteurs qui pourraient exercer une pression à la baisse sur les prix du pétrole. Ces conditions économiques incertaines affectent la demande mondiale de pétrole.
Incertitudes autour de la consommation chinoise de pétrole
Les incertitudes concernant la future consommation de pétrole en Chine, premier importateur mondial avec plus de 10 millions de barils par jour, sont loin d’avoir disparu. Les décisions du gouvernement chinois en matière de politique énergétique auront un impact significatif sur la demande mondiale de pétrole.
Conclusion
En conclusion, les décisions de Riyad et Moscou de prolonger leurs réductions de production de pétrole ont eu un impact immédiat sur les cours du pétrole, faisant grimper les prix à des niveaux inédits depuis novembre 2022. Cependant, la stabilité future des prix dépendra de divers facteurs économiques mondiaux, notamment la demande en Europe, aux États-Unis et en Chine. Il sera essentiel de surveiller de près l’évolution du marché pétrolier dans les mois à venir pour comprendre comment ces décisions influenceront l’ensemble de l’industrie pétrolière et l’économie mondiale.