L’affaire qui a secoué le monde viticole bordelais pendant près d’une décennie entre dans une nouvelle phase alors que le millionnaire chinois Naijie Qu, fondateur du conglomérat Haichang, se prépare à affronter un procès en correctionnelle. Les accusations qui pèsent contre lui, dont la fraude fiscale, le blanchiment et l’escroquerie, ont fait de cette affaire un feuilleton captivant aux rebondissements multiples.
L’ascension de Naijie Qu dans le monde viticole bordelais
Les années 2010 ont vu émerger une vague d’investissements chinois dans le Bordelais, et Naijie Qu s’est démarqué en acquérant pas moins de 24 châteaux viticoles totalisant 500 hectares de vignes. Avec une transaction impressionnante de 55 millions d’euros, il a fait son entrée dans le monde viticole avec éclat, attirant l’attention des experts et des passionnés de vin.
Les accusations portées contre Naijie Qu
Cependant, l’euphorie entourant ces acquisitions spectaculaires a été ternie par les accusations qui pèsent désormais sur Naijie Qu. La justice française a décidé de le renvoyer en correctionnelle, en compagnie d’un ancien employé et d’une société locale d’expertise comptable. Les charges qui leur sont reprochées comprennent des actes de fraude fiscale, de blanchiment d’argent et d’escroquerie, des délits qui pourraient avoir des conséquences majeures pour le milliardaire chinois.
Le procès à venir
Selon les informations fournies par le Parquet national financier, le procès était initialement prévu pour le 28 août à Paris, mais en raison de diverses circonstances, il a été reporté et devrait désormais avoir lieu en février 2024. Ce procès marquera une étape cruciale dans l’affaire et pourrait déterminer le destin de Naijie Qu et de ses co-accusés.
Le conglomérat Haichang et ses activités
Au cœur de cette affaire se trouve le conglomérat Haichang, dirigé par Naijie Qu. Ce groupe diversifié englobe un large éventail d’activités, allant du transport maritime à la gestion de parcs de loisirs. La réussite de Naijie Qu dans le secteur de l’immobilier et des hydrocarbures lui a permis de fonder et de développer ce conglomérat, qui joue un rôle central dans cette affaire judiciaire complexe.
Les acquisitions de châteaux sous la bannière de Lamont
Les acquisitions de châteaux par Naijie Qu se sont déroulées principalement entre 2010 et 2013. La société Lamont, filiale française de Haichang, était utilisée comme entité pour mener à bien ces transactions. Parmi les châteaux acquis figurait le château Chenu-Lafitte, qui a été rebaptisé Chenu-Lamont à la suite d’un différend avec le château Lafite Rothschild.
Soupçons et enquêtes
Cependant, l’enthousiasme suscité par ces acquisitions n’a pas échappé à l’attention des autorités françaises et chinoises. En 2013, Tracfin, la cellule de renseignement de Bercy, a émis des avertissements quant à la nécessité de surveiller de près les achats de vignobles par des investisseurs étrangers, notamment russes et chinois. Des montages financiers opaques impliquant des paradis fiscaux étaient pointés du doigt.
Accusations de détournement de fonds publics
Les ennuis ont commencé à s’accumuler lorsque la Cour des comptes chinoise a émis des accusations de détournement de fonds publics. Certaines entreprises, dont Haichang, étaient soupçonnées d’avoir utilisé des fonds destinés à l’acquisition de technologies étrangères pour acheter des vignobles français. Cela a marqué un tournant crucial dans l’affaire, attirant davantage l’attention des enquêteurs.
Les méthodes frauduleuses révélées
Des enquêtes approfondies ont révélé des pratiques frauduleuses élaborées. Des faux actes notariés ont été utilisés pour masquer la véritable identité des acquéreurs, notamment des sociétés hongkongaises dirigées par l’épouse de Naijie Qu. La banque chinoise ICBC est également impliquée, ayant accordé un prêt à Lamont sur la base de faux documents.
Implications financières et saisies de biens
Les flux financiers suspects et non déclarés ont conduit à des découvertes significatives. En coopération avec la justice française, la banque ICBC a porté plainte pour escroquerie. Cette plainte, ainsi que d’autres éléments découverts lors de l’enquête, ont abouti à la saisie de dix châteaux, évalués à 22,9 millions d’euros.
Réactions et défense de Naijie Qu
Face aux accusations, Naijie Qu et ses avocats ont réagi en niant les allégations portées contre lui. Ils soulignent que les éléments reprochés à Haichang sont relativement minces, et qu’il est important de présumer l’innocence jusqu’à preuve du contraire.
Répercussions sur les investissements chinois en France
Cette affaire a des implications qui dépassent largement le cas spécifique de Naijie Qu. Elle soulève des questions plus larges sur les investissements étrangers en France, en particulier ceux provenant de la Chine. La question de la souveraineté nationale et de la protection des intérêts économiques entre en jeu, suscitant un débat complexe.
Conclusion
En conclusion, l’affaire de Naijie Qu, millionnaire chinois propriétaire de vignobles bordelais, met en lumière les enjeux complexes liés aux investissements étrangers et aux pratiques financières opaques. Alors que le procès se profile à l’horizon, le monde attend de voir comment cette affaire pourrait influencer les relations économiques et les investissements entre la France et la Chine, tout en éclairant les pratiques du monde viticole.