Hunter Biden, le fils du président américain Joe Biden, est dans la tourmente judiciaire depuis plusieurs années. Ses frasques et ses problèmes avec la justice sont un casse-tête permanent pour l’administration Biden, fournissant des munitions aux Républicains. Explications.
Des problèmes récurrents avec la justice
Hunter Biden, 53 ans, a connu de graves problèmes d’addiction à la drogue et à l’alcool. Comme il l’a avoué devant une juge fédérale le 20 juillet, il a été en cure de désintoxication à 6 reprises depuis 2003. Ses démons l’ont entraîné dans divers démêlés avec la justice américaine.
Tout commence en 2018, sous la présidence Trump, lorsque le procureur fédéral David Weiss est chargé d’enquêter sur les activités commerciales à l’étranger de Hunter Biden, soupçonnées d'”être douteuses”. L’enquête durera près de 5 ans.
En parallèle, Hunter Biden est poursuivi pour fraude fiscale. En 2021, il reconnaît ne pas avoir déclaré environ 500 000$ de revenus sur la période 2017-2018. Il risque jusqu’à 8 ans de prison pour ces faits.
En outre, Hunter Biden a menti sur des formulaires fédéraux en 2018 pour acheter un pistolet. Il a affirmé ne pas consommer de drogue, alors que ce n’était pas le cas. Cela constitue un crime fédéral qui est également passible de prison.
Un accord controversé avec la justice
Le procureur David Weiss, nommé par Trump mais maintenu par Biden, annonce le 6 juin 2022 avoir conclu un accord avec Hunter Biden. Celui-ci plaiderait coupable pour la fraude fiscale, et l’accusation de mensonge sur achat d’arme serait abandonnée.
Cet accord permet à Hunter d’éviter la prison. Il doit en échange payer un peu plus de 1 million de dollars et promettre de rester “clean”. Il comprend aussi une clause accordant à Hunter une forme d’immunité.
Présenté le 20 juillet devant une juge fédérale, l’accord est sévèrement critiqué. La juge souligne des formulations “inhabituelles” et “potentiellement inconstitutionnelles”. Elle demande à le revoir avant de l’entériner. Hunter Biden plaide finalement non coupable dans l’attente d’un nouvel accord.
Des soupçons tenaces sur le plan international
Si Hunter Biden a évité pour l’instant la case prison, il n’est pas sorti d’affaire. L’enquête sur ses activités à l’étranger, notamment en Ukraine et en Chine, se poursuit. Hunter est soupçonné d’avoir monnayé un accès privilégié à son père, alors vice-président sous Obama.
Rien n’a cependant été prouvé pour le moment. Mais les Républicains, Donald Trump en tête, crient à la “corruption” et dénoncent une justice à deux vitesses. Ils réclament la vérité sur les Biden, certains évoquant une procédure de destitution contre Joe Biden.
Des pratiques douteuses lorsque Biden était vice-président
En particulier, les liens financiers entre Hunter Biden et la compagnie gazière ukrainienne Burisma alors que Joe Biden gérait le dossier ukrainien sous Obama suscitent des interrogations. Hunter siégeait au conseil de surveillance de Burisma et touchait 50 000 dollars par mois.
De même, Hunter Biden a conduit des affaires en Chine alors que son père était vice-président, soulevant des conflits d’intérêts évidents.
Ces pratiques, même si elles ne sont pas forcément illégales, jettent une ombre sur Joe Biden. Elles donnent l’image d’un fils profitant de l’influence de son père pour s’enrichir, un classique de la politique américaine.
Un impact politique conséquent
Cette affaire empoisonne le début de mandat de Joe Biden et fragilise sa position, moins de deux ans avant la présidentielle de 2024. Même si Joe Biden lui-même n’est pas directement mis en cause, l’affaire entache fortement son image et sa crédibilité.
À plusieurs reprises, Joe Biden a dû assurer publiquement n’avoir jamais discuté des activités commerciales de son fils avec lui. Mais cette affaire lui colle à la peau et affaiblit sa probité en tant que président.
Une aubaine politique pour les Républicains
Du côté républicain, l’affaire Hunter Biden est exploitée à fond sur le plan politique. Elle permet de nourrir le storytelling d’une famille Biden “corrompue” et d’attaquer le bilan de Joe Biden.
Kevin McCarthy, probable futur président de la Chambre des représentants, a récemment brandi la menace d’une procédure de destitution contre Joe Biden. Une commission d’enquête parlementaire républicaine sur les Biden a rendu son rapport en mai 2022, sans preuves décisives. Mais les auditions se poursuivent.
Hunter Biden sera probablement la cible prioritaire des Républicains à la Chambre à partir de 2023. L’affaire sera instrumentalisée pour affaiblir le président à l’approche de 2024. Joe Biden le sait, et cette épée de Damoclès au-dessus de la tête de son fils l’inquiète forcément.
Une stratégie risquée pour les Républicains
Certains observateurs estiment cependant que les Républicains pourraient avoir intérêt à ne pas trop insister sur Hunter Biden. En effet, en l’absence de preuves solides de malversations directes de Joe Biden, insister obsessionnellement sur cette affaire pourrait se retourner contre eux.
L’opinion publique pourrait considérer qu’il s’agit d’une manœuvre politicienne visant à détourner l’attention des vrais problèmes du pays. Les Républicains devront doser habilement leur communication sur ce sujet délicat.
Conclusion : une distraction permanente pour Joe Biden
En conclusion, les démêlés judiciaires à répétition de Hunter Biden sont un casse-tête permanent pour l’administration Biden. Ils fournissent des munitions aux Républicains sur un plateau, alors même que rien de répréhensible n’a été démontré concernant Joe Biden.
Cette affaire risque de hanter la fin du mandat Biden, car elle occupe une place démesurée dans le débat politique. Plutôt que de se concentrer sur son action, Joe Biden doit constamment se justifier face aux attaques sur son fils. Une regrettable distraction qui affaiblit le président à l’approche de 2024.