La reprise économique mondiale face aux défis de l’inflation et des taux d’intérêt

Des banques européennes boostées par la hausse des taux d’intérêt

L’augmentation rapide des taux d’intérêt l’année dernière a contribué à augmenter les bénéfices des banques européennes, selon une étude publiée dimanche. Les résultats d’exploitation des banques de détail dans 11 pays européens ont en moyenne progressé de 18% en 2022, et les revenus de 8%, indique cette analyse du secteur bancaire européen réalisée par le cabinet de conseil Strategy&.

En Suisse, les banques ont réalisé les bénéfices les plus élevés, avec 426 euros de profit par client. Les banques autrichiennes arrivent en 5ème position, avec 292 euros, alors que les établissements allemands se classent 9ème avec 201 euros. Selon les auteurs de l’étude, les conditions sont actuellement très favorables pour les banques de détail européennes, grâce à la remontée des taux d’intérêt et aux programmes de réduction des coûts mis en place ces dernières années. Cependant, de nouveaux acteurs, issus de la tech ou de la fintech, se positionnent et constituent une menace pour les banques traditionnelles.

Un quart des PME allemandes songent à abandonner leur activité

Plus d’une PME allemande sur quatre (26%) envisage de cesser son activité, révèle une enquête de la Fédération des PME allemandes. Plus d’un dirigeant de PME sur cinq (22%) réfléchit même à délocaliser à l’étranger. Les chefs d’entreprise se sentent freinés par une bureaucratie excessive, des réglementations trop lourdes pour près d’un tiers d’entre eux, et par le manque croissant de main-d’œuvre qualifiée pour plus d’un quart des sondés.

« Les résultats de notre enquête sont plus qu’un simple signal d’alarme », estime le président de la Fédération, Markus Jerger. Selon lui, le fait que des entrepreneurs profondément attachés à leur région songent à abandonner ou à quitter le pays ne peut « laisser personne indifférent ». Les chefs d’entreprise aspirent surtout à davantage de fiabilité et de visibilité concernant les conditions-cadres. Près de 40% jugent positif les infrastructures en Allemagne, et 36% la stabilité politique.

Les banques centrales face au défi de l’inflation

La forte remontée des prix met les banques centrales occidentales au défi de juguler l’inflation sans provoquer de récession. La Réserve fédérale américaine a augmenté ses taux directeurs à 4,5-4,75% pour freiner la demande. De son côté, la Banque centrale européenne a relevé ses taux à 2,5% en février, leur plus haut niveau depuis fin 2008.

L’inflation en zone euro a atteint 8,6% en juin, toujours très au-dessus de l’objectif de 2% visé par la BCE sur le moyen terme. Aux États-Unis, elle s’est établie à 8,6% en mai, avant de ralentir à 3% en juin. La décrue des prix de l’énergie explique en partie ce reflux outre-Atlantique. Les banquiers centraux devront néanmoins rester vigilants, certains experts redoutant une résurgence de l’inflation.

Vers une course aux subventions entre l’Europe et les États-Unis ?

Le conseil des experts économiques allemands met en garde contre une surenchère de subventions entre l’Europe et les États-Unis, en réaction au plan américain de soutien à la transition énergétique. Selon eux, l’UE subventionne déjà les technologies vertes à un niveau comparable. Plutôt que de s’engager dans une guerre des subventions néfaste, ils préconisent d’adapter les programmes de soutien européens existants.

Les allégements fiscaux du plan américain (Inflation Reduction Act) offrent aux entreprises une meilleure visibilité que les aides européennes, souvent complexes à obtenir, analysent les experts. D’importantes différences de prix de l’énergie auront un impact plus décisif sur la compétitivité européenne que ce plan, estime l’économiste Achim Truger. Son confrère Martin Werding appelle à développer rapidement l’offre et les infrastructures énergétiques européennes pour réduire les coûts.

Hausse des salaires dans la fonction publique britannique

Des millions d’employés du public au Royaume-Uni, comme les enseignants, les policiers ou les médecins, bénéficieront d’augmentations, a annoncé jeudi le Premier ministre Rishi Sunak. Quelques heures auparavant, des médecins assistants en Angleterre avaient entamé une grève inédite de 5 jours. M. Sunak a appelé les syndicats à renoncer à la grève.

« L’offre d’aujourd’hui est définitive. Il n’y aura pas d’autre discussion salariale », a-t-il affirmé. Les enseignants obtiendraient par exemple une hausse de 6,5%, les policiers de 7%. Des questions se posent sur le financement de ces mesures, alors que M. Sunak exclut nouvel endettement ou hausses d’impôts. Des frais devraient augmenter pour les étrangers demandant un visa.

Le patron de Wirecard perd un procès contre son assureur

L’ex-patron de la société Wirecard, Markus Braun, a perdu un procès contre son assureur responsabilité civile des dirigeants Swiss Re. Il voulait contraindre l’assureur à débloquer une garantie de 10 millions d’euros pour ses frais de justice. Mais Swiss Re s’y est refusé, invoquant une clause d’exclusion.

Le tribunal de Düsseldorf a donné raison à l’assureur. M. Braun est en détention provisoire depuis près de 3 ans, dans le plus grand scandale de fraude financière d’Allemagne d’après-guerre. Lui et deux ex-cadres sont accusés d’avoir gonflé les comptes et escroqué 3,1 milliards d’euros. M. Braun assure que les fonds disparus ont été détournés à son insu.

Le franc suisse à son plus haut niveau face au dollar depuis 7 ans

Le franc suisse s’est apprécié face au dollar, revenant à des niveaux plus vus depuis l’abandon du taux plancher face à l’euro début 2015. La monnaie helvétique a profité de la faiblesse du billet vert, pénalisé par le ralentissement de l’inflation aux États-Unis en juin. L’euro aussi s’est nettement raffermi, à son plus haut niveau depuis mars 2022, à près de 1,15 dollar.

La décrue inattendue des prix à la consommation outre-Atlantique a remis en cause le scénario d’une Fed poursuivant vigoureusement ses hausses de taux. Les cambistes ont revu à la baisse leurs anticipations sur le loyer de l’argent américain, ce qui a pesé sur le dollar. Le repli des rendements obligataires aux États-Unis a également joué en défaveur du billet vert.

Conclusion

La reprise économique mondiale fait face à de nombreux vents contraires en 2023, entre inflation persistante, resserrement des politiques monétaires et craintes de récession. Les banques centrales devront manœuvrer avec précaution entre lutte contre l’inflation et soutien à la croissance. L’Europe cherche à renforcer son autonomie stratégique dans les technologies vertes, face au plan massif du président américain Joe Biden. Les différends salariaux se multiplient, tant dans le secteur privé que le public. Les prochains trimestres nécessiteront des arbitrages délicats entre pouvoir d’achat et compétitivité.

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