Des profits records malgré les risques
Les mastodontes bancaires américains JPMorgan, Citigroup et Wells Fargo ont dévoilé vendredi des résultats financiers insolents pour le deuxième trimestre 2023, en dépit d’un contexte économique instable. Portées par la hausse rapide des taux d’intérêt décrétée par la Réserve fédérale depuis mars 2022, ces institutions ont vu leurs bénéfices exploser.
L’écart grandissant entre le faible coût des dépôts et les rendements élevés des prêts leur permet d’engranger des profits records. Ainsi, JPMorgan affiche un bénéfice en hausse de 67% à 14,5 milliards de dollars, avec des revenus nets d’intérêt historiques de 21,8 milliards. La banque a profité des déboires de plus petits établissements comme First Republic Bank pour les racheter à bas prix.
Des risques grandissants sur les prêts
Cependant, la dégradation de la conjoncture économique mondiale commence à inquiéter ces géants financiers. La guerre en Ukraine, l’inflation galopante, la politique agressive des banques centrales et le ralentissement de la croissance chinoise assombrissent les perspectives.
Conscientes que les vents peuvent rapidement tourner, les banques américaines ont donc massivement provisionné des fonds pour parer à d’éventuelles pertes sur leurs portefeuilles de prêts. Elles craignent en particulier une hausse des défauts de paiement des entreprises sur les prêts immobiliers commerciaux, dont la valeur s’effondre avec la généralisation du télétravail post-pandémie.
Les ménages américains, qui puisent dans leurs économies Covid, pourraient aussi connaître des accidents de remboursement sur les crédits à la consommation dans les prochains mois.
Un ralentissement économique, mais pas de récession
Malgré ces nuages à l’horizon, les grandes banques américaines restent raisonnablement optimistes pour les prochains trimestres. Elles tablent certes sur un net ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, mais pas sur une récession majeure.
La consommation des ménages, tirée par le crédit, continue pour l’instant de soutenir l’activité. La période faste de hausse des taux d’intérêt devrait leur permettre de consolider leurs positions avant que la conjoncture ne se retourne vraiment.
Fortes de leurs profits plantureux, les banques estiment être mieux préparées pour affronter un retournement du cycle que lors de la crise de 2008. Elles espèrent que la décrue inévitable des taux se fera en douceur et de façon contrôlée.
Vers une consolidation du secteur bancaire ?
Cette période d’incertitude économique pourrait également accélérer la consolidation du paysage bancaire américain. Les plus petits établissements, fragilisés, sont des proies faciles pour les mastodontes gorgés de liquidités comme JPMorgan ou Wells Fargo.
On assisterait alors à une concentration accrue du secteur, avec quelques géants ultra-dominants disposant de quasi-monopoles régionaux ou sectoriels. Ce phénomène poserait à terme des questions en termes de régulation prudentielle et de protection des consommateurs.
Les autorités devront rester vigilantes pour que cette consolidation se fasse dans de bonnes conditions, sans fragiliser le système financier ni renchérir excessivement le coût du crédit pour les ménages et les PME.