Consommation d’énergie mondiale toujours en hausse
L’année 2022, marquée par une crise économique sévère, n’a pas réussi à freiner la hausse de la demande en énergie à travers le monde. Selon le « Revue statistique de l’énergie mondiale », un rapport annuel publié par l’Institut de l’énergie, la croissance de la consommation énergétique continue d’être soutenue principalement par les énergies fossiles.
En dépit de l’augmentation des prix du gaz et du pétrole et de l’essor des énergies renouvelables, la transition énergétique mondiale n’a pas connu d’amélioration significative en 2022. Selon le même rapport, la consommation d’énergie a augmenté de 1% à l’échelle mondiale, une augmentation inférieure à celle de 2021, qui avait connu une augmentation de 5,5%.
Les énergies fossiles demeurent prépondérantes
Romain Debarre, partenaire et directeur de l’Institut de Transition Énergétique Kearney, fait remarquer que « La demande a rapidement retrouvé des niveaux supérieurs à ceux d’avant la pandémie. Nous craignons que l’augmentation relativement faible de l’année dernière soit principalement due aux restrictions encore en vigueur en Chine et que 2023 connaisse une hausse encore plus significative ».
Toutefois, des disparités régionales subsistent. La guerre en Ukraine a conduit à une baisse de la consommation d’énergie dans l’ex-URSS (-5,8%) et en Europe (-3,8%), où l’arrêt des approvisionnements en gaz russe et la hausse des prix ont entraîné une réduction efficace de la consommation.
Essor des énergies renouvelables
En dépit de cette prédominance des énergies fossiles, on note une progression des énergies renouvelables. La part combinée de l’énergie solaire et éolienne a atteint 7,5% du mix énergétique mondial, soit une progression d’un point par rapport à l’année précédente. De plus, des déploiements record de solaire et d’éolien ont représenté 84% de la croissance nette de la production d’électricité, tandis que le secteur nucléaire a subi les conséquences de la situation du parc français et de l’arrêt de certaines centrales allemandes.
Le poids inébranlable des énergies fossiles
Cependant, la part des énergies fossiles reste stable et majoritaire, à 82%. La consommation de pétrole continue d’augmenter, atteignant 97,3 millions de barils par jour, bien que ce niveau reste inférieur de 0,7% à celui de 2019, avant la pandémie. La consommation de gaz a légèrement diminué l’année dernière, principalement à cause de la guerre en Ukraine et de l’augmentation des prix, reculant de 3% au niveau mondial.
Le charbon : une source d’énergie encore dominante
Le charbon, qui est la source d’énergie la plus émettrice de gaz à effet de serre, a atteint de nouveaux sommets en 2022, bénéficiant de la hausse des prix du gaz. Sa consommation mondiale a augmenté de 0,6%, atteignant son plus haut niveau depuis 2014.
Nonobstant, le charbon reste la principale source de production d’électricité à l’échelle mondiale. De nombreux pays ont donc remis en marche leurs centrales à charbon. Même si sa part a légèrement diminué en 2022 (35,4% contre 35,8% en 2021), le charbon devance toujours le gaz (23%) et les énergies renouvelables (12%).
Impact sur les émissions de gaz à effet de serre
Cette situation a une conséquence directe sur le niveau des émissions de gaz à effet de serre. L’année dernière, le secteur de l’énergie a émis 0,8% de gaz à effet de serre supplémentaires, soit 39,3 milliards de tonnes de CO2 équivalents, un nouveau record.
Toutefois, le développement des énergies renouvelables pourrait inverser cette tendance dans les années à venir. De plus, le lien entre la croissance économique et la consommation d’énergie semble s’affaiblir. L’intensité énergétique du PIB a diminué à l’échelle mondiale au cours de la dernière décennie, bien que à des rythmes variables.
Malgré ces espoirs, la tendance actuelle de la consommation d’énergie souligne l’importance d’accélérer la transition vers des sources d’énergie plus propres et durables. La lutte contre le changement climatique dépend de notre capacité à opérer ce changement le plus rapidement possible.