Dans l’univers effervescent de l’intelligence artificielle générative, Microsoft a pris une longueur d’avance avec ChatGPT. Cependant, Google et une nouvelle génération de start-ups, telles que Anthropic, Cohere et LightOn, sont déterminés à rattraper leur retard.
Une course pour la suprématie de l’IA
Le signal de départ a été lancé en novembre dernier lorsque OpenAI a rendu public ChatGPT, un assistant conversationnel impressionnant capable de générer du code, d’entretenir des dialogues et de rédiger des analyses. Cette nouvelle technologie, appelée l’intelligence artificielle générative, a suscité un engouement mondial. Lina Khan, la présidente de l’autorité américaine de la concurrence (FTC), a comparé cette révolution à celle du Web 2.0. Deux décennies plus tard, les GAFAM – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft – dominent le monde du numérique. Est-ce que l’histoire se répète avec l’intelligence artificielle générative ?
Plus de 200 millions d’utilisateurs ont expérimenté ChatGPT en quelques mois, un record sans précédent. Ce succès a attiré l’attention de Microsoft qui a investi des milliards de dollars dans OpenAI et a intégré ChatGPT dans ses produits, y compris son moteur de recherche Bing. En réponse, Google a rapidement développé son propre assistant IA, nommé Bard.
Le défi des ressources et la voie de l’open source
Malgré leur puissance financière et leur réserve de talents, ces géants de la technologie se retrouvent face à une importante barrière à l’entrée : les ressources nécessaires pour développer et faire fonctionner ces « Large Language Models » (LLM) sont gigantesques. Selon une estimation du cabinet SemiAnalysis, ChatGPT consomme environ 700 000 dollars par jour.
Sam Altman, président d’OpenAI, a reconnu devant le Congrès que le nombre d’entreprises capables de développer les modèles les plus innovants serait limité par les ressources nécessaires. Cependant, une note anonyme publiée sur Discord et authentifiée par un chercheur de Google a semé le doute : Google et OpenAI ne seraient pas positionnés pour remporter la course à l’IA. La raison ? L’essor de l’open source.
L’explosion cambrienne de l’open source
La communauté de l’open source a exploité les différents modèles disponibles en ligne, notamment LLaMA, le LLM de Meta. La décision de Meta de partager son modèle avec les chercheurs a déclenché une « explosion cambrienne » dans l’écosystème open source. Cela a permis de prouver qu’il était possible de développer des LLM avec un budget plus modeste et moins de données.
Databricks a illustré cette possibilité en lançant Dolly 2.0, un modèle open source et gratuit. Ce dernier a été entraîné « en trente minutes et avec 30 dollars », selon Ali Ghodsi
, PDG de Databricks. Pourquoi alors payer pour des modèles privés alors qu’on peut obtenir des résultats comparables gratuitement ?
Une nouvelle génération d’IA en embuscade
Selon Stéphane Roder, PDG d’AI Builders, le marché de l’IA va devenir bimodal. D’un côté, les LLM les plus sophistiqués, comme ChatGPT, seront utilisés pour des tâches complexes. De l’autre, des modèles plus petits seront adoptés pour des tâches spécialisées.
Sur ce créneau, une nouvelle génération de start-ups de l’IA générative commence à faire parler d’elle. Selon le décompte de CB Insights, douze jeunes entreprises ont déjà obtenu le statut de licorne, notamment Anthropic, Cohere, Character.ai et Inflection AI.
Les investisseurs, toujours à la recherche du prochain grand succès de l’IA, sont prêts à investir des centaines de millions de dollars. Stéphane Messika, président de la plateforme data Cleyrop, parie sur une future « alternative européenne avec des valeurs européennes ». Les entreprises européennes comme l’allemande Aleph Alpha et la française LightOn ne renient pas cette perspective.