La Quête de la Chine pour l’Égalité Mondiale

Le Conflit de Statut entre la Chine et les États-Unis

En février dernier, un incident a éclaté lorsque les États-Unis ont abattu un ballon de surveillance chinois au large de la Caroline du Sud. La réaction de la Chine a été vive et déterminée, accusant Washington de voler régulièrement ses propres ballons espions au-dessus du territoire chinois. Ce type de réaction est de plus en plus courant à mesure que la puissance de la Chine s’accroît. Dans des domaines aussi divers que le commerce international, les droits de l’homme, le droit maritime et la surveillance militaire, Pékin a accusé les États-Unis d’hypocrisie et de double standard.

La Quête de Statut des Grandes Puissances

La Chine, en tant que puissance montante, ressent une intolérable sensation d’inégalité lorsque les grandes puissances établies contournent ou enfreignent les règles internationales sans lui accorder le même privilège. La Chine veut être reconnue comme l’égale de la grande puissance prééminente du monde, les États-Unis. Cette quête de statut peut pousser les États à faire des choses surprenantes, comme investir des milliards dans des programmes spatiaux, des armes nucléaires et des événements sportifs grandioses.

La Tragédie Réelle de la Politique des Grandes Puissances

Lorsque l’équilibre des pouvoirs en géopolitique commence à changer, les puissances montantes et établies se retrouvent souvent sur une trajectoire de collision connue sous le nom de « piège de Thucydide ». Selon cette logique, les grandes puissances manipulent l’ordre international à leur avantage ; les puissances montantes cherchent une part croissante de ces avantages, que les grandes puissances sont réticentes à fournir. Cela prépare le terrain pour un conflit à grande échelle sur l’ordre international lui-même.

La Place de la Chine dans le Club

Pékin ne se contente pas d’accepter ou de rejeter l’ordre international actuel. Elle a été plus coopérative dans les institutions qu’elle juge ouvertes et équitables, elle a contesté les institutions qu’elle juge fermées et injustes, et elle a cherché à réformer les institutions qu’elle juge seulement partiellement ouvertes ou équitables. Elle fonde ces évaluations sur la question de savoir si une institution reconnaît la revendication de la Chine à l’égalité de statut avec les États-Unis et ses alliés de grande puissance, comme la France et le Royaume-Uni, ou si elle ne le fait pas.

Faire de la Place pour la Chine

L’approche de la Chine montre qu’en période de changement de pouvoir en politique mondiale, beaucoup dépend de la mesure dans laquelle l’ordre international peut permettre aux puissances montantes de se voir comme égales aux puissances établies. Ce phénomène n’est ni uniquement chinois, ni uniquement contemporain. Historiquement, les puissances montantes, y compris les États-Unis eux-mêmes au XIXe siècle, ont été plus coopératives dans les systèmes internationaux qui leur font une place à la table des grands. À l’inverse, l’exclusion et l’inégalité ont été de puissantes sources de conflit.

Les États-Unis devraient tirer des leçons de ces expériences s’ils veulent que les fondamentaux de l’ordre actuel perdurent. Dans les institutions où le statut de la Chine est assuré, les États-Unis devraient demander plus à Pékin. La Chine devrait être appelée à condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU ; à soutenir l’expansion du conseil pour inclure de nouveaux membres permanents qui pourraient être plus amicaux envers les États-Unis, comme le Brésil, l’Allemagne, l’Inde et le Japon ; à travailler plus dur pour maintenir ses engagements à l’OMC et à éviter les pratiques commerciales déloyales ; et à collaborer avec l’Occident pour faire pression sur la Corée du Nord afin qu’elle agisse en tant que puissance nucléaire responsable.

En revanche, dans les institutions où la Chine ressent une inégalité de statut, les États-Unis devraient consentir à des réformes. Au FMI et à la Banque mondiale, les États-Unis pourraient céder une partie du contrôle des droits de vote pour donner à la Chine une plus grande voix dans ces institutions. Washington pourrait également travailler à ouvrir les postes de direction au sein des institutions financières internationales et du système des Nations Unies aux ressortissants chinois.

Conclusion

La division entre la Chine et les États-Unis sur certaines questions, comme les droits de l’homme et l’avenir de Taiwan, restera probablement inextricable. Cependant, dans l’ensemble, l’ordre international actuel peut être ajusté pour atténuer les frictions bilatérales entre les deux pays.

En politique internationale, l’ordre coexiste mal avec la violence qu’il faut pour l’imposer. Lorsque la distribution mondiale du pouvoir change de manière significative, la question n’est pas seulement de savoir qui a le droit de faire les règles de la route, mais aussi qui a le droit de les enfreindre en toute impunité. La quête de la Chine est finalement celle du droit d’être aussi hypocrite que les États-Unis dans l’ordre international. En accommodant le désir de la Chine d’un statut plus grand et en exigeant plus d’elle en tant que bénéficiaire de la coopération internationale, les États-Unis peuvent à la fois éviter d’aliéner une puissance montante et de mettre en danger l’avenir de l’ordre international.

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