Le temps presse pour éviter une crise majeure
Les États-Unis sont au bord d’un précipice économique. Le plafond de la dette, sujet d’âpres négociations entre démocrates et républicains, n’a toujours pas été relevé. L’incertitude sur le possible défaut de paiement prévu pour le 1er juin se fait de plus en plus pesante, et le risque semble cette fois plus élevé que jamais. Malgré l’urgence, les négociations se sont heurtées à des demandes partisanes drastiques, principalement du côté républicain, menaçant de faire dérailler les pourparlers.
Joe Biden face à l’impasse des négociations
Le Président Joe Biden et les dirigeants du Congrès n’ont plus que quelques jours pour parvenir à un accord avant que les États-Unis ne tombent en défaut de paiement. L’enjeu est majeur : l’incapacité à trouver une solution risque d’avoir des conséquences dramatiques pour l’économie américaine et mondiale.
Malgré son déplacement au Japon pour le sommet du G7, le Président Biden maintient le dialogue avec Kevin McCarthy, le leader du parti républicain au Congrès. Cependant, la Maison Blanche a reconnu que les négociations avaient pris un “pas en arrière”. Les accusations mutuelles entre les deux camps ne font que compliquer la situation, augmentant la pression et l’inquiétude des marchés financiers.
Le jeu de pouvoir républicain
La situation s’est dégradée lorsque Kevin McCarthy, le leader républicain à la Chambre des représentants, a tenté d’exploiter la crise pour obtenir des coupes budgétaires drastiques, y compris dans les aides aux étudiants et dans les initiatives pour le climat. Cette demande, totalisant une réduction de 130 milliards de dollars, a suscité un tollé parmi les démocrates.
Joe Biden a répliqué en appelant à une augmentation “propre” du plafond de la dette, sans conditions, et à des discussions budgétaires distinctes. La porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre, a critiqué la position républicaine, déclarant qu’elle était “un grand pas en arrière” et contenait des demandes extrêmes qui n’avaient aucune chance de passer au Congrès.
Le spectre de la crise de 2011
Un défaut de paiement pourrait plonger le pays dans la récession et augmenter considérablement les coûts d’emprunt. Il pourrait également entraîner une nouvelle dégradation de la note de crédit des États-Unis par les principales agences de notation, comme cela a été le cas en 2011 par Standard & Poor’s.
La secrétaire au Trésor Janet Yellen a tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises, tandis que certains démocrates envisagent de recourir au 14e amendement pour éviter un défaut. Cependant, la Constitution américaine donne au Congrès la responsabilité de régler les dettes du gouvernement. Si le camp républicain décidait de faire capoter les négociations, la Maison Blanche aurait peu de moyens pour l’en empêcher.
Une économie américaine en sursis
La Banque centrale américaine prévoit de maintenir ses taux d’intérêt actuels jusqu’à la fin de l’année, malgré les craintes d’un défaut de paiement et d’une récession imminente. La crise actuelle et l’incertitude sur l’avenir ont toutefois freiné les espoirs d’une baisse des taux directeurs.
Le département du Commerce a annoncé une croissance de 1,1 % du PIB américain au premier trimestre, mais les perspectives économiques pour le second semestre sont incertaines. L’impasse sur le relèvement du plafond de la dette, actuellement fixé à 31.400 milliards de dollars, pourrait entraîner une contraction de l’économie américaine. Les économistes interrogés par Reuters jugent le risque de défaut plus élevé que jamais.
Le chemin vers une résolution incertaine
Malgré les profondes divergences entre démocrates et républicains, la Maison Blanche reste convaincue qu’un accord bipartisan est possible, à condition que les républicains reviennent de bonne foi à la table des négociations. Cependant, le compte à rebours avant le défaut de paiement a commencé, et l’heure est plus que jamais à la mobilisation pour éviter une crise économique majeure.