L’Allemagne, une terre d’accueil pour les étrangers
L’Allemagne a franchi une étape importante dans sa perception de l’immigration. Ayant accueilli plus de 4 millions de personnes issues de l’immigration depuis 2014, l’Allemagne ne nie plus sa réalité d’être un pays d’immigration. Cette évolution s’est faite sans catastrophe sociale, grâce à un système efficace et structuré pour l’accueil et l’intégration des migrants. L’Allemagne est maintenant sur le point de légiférer sur l’immigration.
En 2023, un milliard d’euros supplémentaires ont été alloués pour aider les municipalités allemandes à faire face à l’augmentation de leurs dépenses liées à l’accueil des réfugiés. Avec une augmentation des demandes d’asile (244 000 en 2022), cette somme s’ajoute aux 2,75 milliards d’euros déjà budgétisés. Et ce, sans compter les 5 milliards d’euros d’aide sociale que l’Etat fédéral a pris en charge directement pour le million de réfugiés ukrainiens arrivés en Allemagne en 2022.
Le système allemand d’accueil des réfugiés
L’Allemagne a développé au fil des ans un système d’accueil des réfugiés solide et efficace. Les communes jouent un rôle clé dans ce système, recevant un certain nombre de réfugiés selon un système national de quotas. Ces communes sont responsables de tous les aspects administratifs et sociaux de l’installation des réfugiés, y compris l’éducation pour les enfants, les cours de langue pour les adultes, l’accès aux soins de santé et même, lorsque la commune gère le Pôle emploi local, les questions de formation et d’emploi.
Les communes ont développé une expertise significative en matière d’immigration, avec des structures spécifiques apparues au sein de l’administration communale. Dans les écoles, les « classes de bienvenue » pour les réfugiés sont en train de devenir une institution.
Le défi de l’intégration sur le marché du travail
L’intégration des réfugiés adultes sur le marché du travail reste cependant un processus long. Les statistiques de l’Agence fédérale pour l’emploi (BA) montrent un taux d’emploi à temps plein de 50% en moyenne après dix ans de présence. Pourtant, l’Allemagne a un besoin énorme de main d’œuvre. La BA estime qu’un apport de 400 000 travailleurs étrangers qualifiés par an serait nécessaire pour le bon fonctionnement de l’économie allemande. En 2021, le solde migratoire était positif de 329 000 personnes.
Une révolution dans le recrutement de main d’œuvre étrangère
Face à ces défis, l’Allemagne est sur le point de faire une petite révolution. « Notre objectif est d’avoir la législation sur l’immigration la plus moderne d’Europe, car nous sommes en concurrence avec de nombreux pays pour attirer des têtes pensantes et des mains secourables », a déclaré le ministre du Travail, Hubertus Heil, en référence à la future « loi sur l’immigration de la main-d’œuvre qualifiée » qui est déjà en cours de discussion au parlement.
Au cœur de cette loi, un système de sélection à points à la canadienne sera mis en place, prenant en compte cinq critères : le diplôme, l’expérience professionnelle de deux ans, les connaissances linguistiques, l’âge inférieur à 35 ans et le niveau de relation avec l’Allemagne. Cela donnera accès à une « carte de la chance » qui permettra au détenteur de venir chercher du travail en Allemagne sans avoir un contrat de travail préalable.
De plus, un travailleur étranger qualifié ne sera plus obligé de travailler dans le domaine pour lequel il est qualifié. Enfin, tout candidat pourra signer un partenariat de reconnaissance avec un employeur allemand qui pourra l’accueillir immédiatement et le former progressivement. C’est une première dans un pays réputé pour son administration rigide.
Conclusion
L’Allemagne est en train de se réinventer en tant que pays d’immigration. Elle a su faire face à l’augmentation du nombre de réfugiés en mettant en place des structures solides d’accueil et d’intégration, et elle est sur le point de faire une petite révolution en matière de recrutement de main-d’œuvre étrangère qualifiée. C’est un modèle que d’autres pays pourraient suivre.