L’implication de l’élection turque pour l’Occident et la Russie

Une élection présidentielle turque suivie de près par les capitales occidentales et le Kremlin

Le scrutin présidentiel turc de dimanche est examiné avec une attention particulière dans les capitales occidentales, au siège de l’OTAN et au Kremlin, compte tenu du rôle de médiateur de longue date joué par la Turquie dans les relations complexes et souvent épineuses entre ces parties. Alors que le président Recep Tayyip Erdogan est légèrement en retard par rapport à son adversaire, Kemal Kilicdaroglu, dans les sondages récents, l’éventualité que le dirigeant turc puisse perdre l’élection est un sujet de préoccupation majeur pour les diplomates.

Les espoirs et craintes de l’Occident

Officiellement, les dirigeants occidentaux se gardent de faire part de leurs préférences afin d’éviter toute accusation d’ingérence dans les affaires intérieures de la Turquie. Mais il est de notoriété publique que les dirigeants européens, sans parler de l’administration Biden, seraient ravis de voir M. Erdogan perdre. Carl Bildt, ancien Premier ministre suédois, a déclaré vendredi : « Nous voulons tous une Turquie plus facile à gérer », un membre stratégiquement important de l’OTAN qui est devenu, sous M. Erdogan, un partenaire de plus en plus problématique pour l’Union européenne.

Les enjeux pour la Russie

La Russie a également beaucoup à perdre ou à gagner lors de cette élection. Sous la présidence d’Erdogan, la Turquie est devenue un partenaire commercial indispensable pour la Russie et parfois un intermédiaire diplomatique, une relation qui a pris une importance accrue pour le Kremlin depuis l’invasion de l’Ukraine.

La politique étrangère non alignée d’Erdogan

Au cours de ses 20 années au pouvoir, M. Erdogan a mené une politique étrangère non alignée qui a souvent frustré ses alliés occidentaux présumés et a fourni une ouverture diplomatique bienvenue pour Moscou. En refusant d’appliquer les sanctions occidentales contre Moscou, M. Erdogan a contribué à saper les efforts visant à isoler le Kremlin.

Les irritations causées par Erdogan

M. Erdogan a également irrité ses alliés en bloquant la candidature de la Suède à l’OTAN, insistant pour que Stockholm remette d’abord des dizaines de réfugiés kurdes dans le pays, notamment du Parti des travailleurs du Kurdistan, que tant Ankara que Washington considèrent comme une organisation terroriste.

La dérive autoritaire d’Erdogan et ses liens avec la Russie

À Washington, la dérive autoritaire d’Erdogan, ses liens avec le président russe Vladimir V. Poutine et ses disputes avec l’OTAN ont exaspéré les responsables, au point que certains membres du Congrès ont suggéré que la Turquie devrait être exclue de l’alliance de l’OTAN.

Les gains potentiels pour l’Occident et les pertes pour la Russie

Alors que les États-Unis, l’Union européenne et, dans une moindre mesure, l’OTAN pourraient bénéficier d’une victoire de l’opposition, M. Poutine sera presque certainement perçu comme le perdant si M. Erdogan est renversé. Non seulement M. Erdogan a refusé de rejoindre les sanctions occidentales contre la Russie, mais la Turquie est également devenue une source d’importations vitales pour Moscou et un lien crucial avec l’économie mondiale face au durcissement des sanctions occidentales.

Les avantages pour la Turquie

La Turquie a bénéficié non seulement de l’énergie bon marché de la Russie, mais aussi des investissements russes et des revenus du tourisme russe, qui ont augmenté depuis le début de la guerre. La Russie construit la première centrale nucléaire de la Turquie et a annoncé son intention de faire du pays un centre de son commerce du gaz naturel.

Une relation basée sur l’intérêt mutuel

La relation entre M. Poutine et M. Erdogan a toujours été basée sur l’intérêt mutuel plutôt que sur une affinité idéologique, et les deux pays se disputent l’influence dans le Caucase et au Moyen-Orient. Les relations se sont tendues après que la Turquie a abattu un avion de chasse russe en 2015.

Accusations d’ingérence russe

Dans un signe inquiétant pour le Kremlin, M. Kilicdaroglu, le chef de l’opposition, a accusé la Russie la semaine dernière de s’ingérer dans l’élection du pays en diffusant des « conspirations, des deep fakes et des enregistrements qui ont été exposés dans ce pays hier ».

L’incertitude autour de la politique étrangère de Kilicdaroglu

M. Kilicdaroglu a promis de maintenir les liens économiques avec la Russie s’il remporte la présidence, mais il reste à voir s’il maintiendrait l’équilibre délicat de M. Erdogan en Ukraine.

Les préoccupations européennes face à une éventuelle instabilité post-électorale

Les dirigeants européens, tout en espérant secrètement une défaite d’Erdogan, sont de plus en plus préoccupés par le potentiel de troubles après l’élection, en particulier si M. Erdogan perd de justesse ou si l’élection doit être décidée lors d’un second tour dans deux semaines.

La question de l’équilibre des pouvoirs

« Le risque d’impasse constitutionnelle est assez élevé », a déclaré M. Bildt. L’élection pourrait aboutir à une division des pouvoirs, avec une présidence puissante sous Erdogan et un Parlement turc contrôlé par une coalition d’opposition instable.

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