Le potentiel de l’ARNm dans le développement de vaccins révolutionnaires
Les experts du groupe Moderna estiment que d’ici 2030, des millions de vies pourraient être sauvées grâce à l’avènement de vaccins innovants contre le cancer, les maladies cardiovasculaires et auto-immunes. La pandémie de Covid-19 a en effet permis un bond significatif dans la recherche et le développement de technologies médicales, notamment dans le domaine de la vaccination. Les laboratoires Pfizer et BioNTech, par exemple, ont déjà entamé des essais cliniques pour des vaccins à base d’ARNm contre la grippe et d’autres maladies infectieuses, comme le zona.
Les chercheurs de Moderna sont optimistes quant à la possibilité d’offrir des vaccins à ARNm pour un large éventail de maladies d’ici cinq ans, grâce à la rapidité et la facilité de production de ces vaccins par rapport aux méthodes traditionnelles.
Les avancées de Moderna dans la lutte contre le cancer
Au début de 2023, Moderna a annoncé le lancement de la phase III d’un essai sur un vaccin contre le mélanome (cancer de la peau) à base d’ARNm. En combinaison avec l’immunothérapie Keytruda, ce vaccin a montré des résultats prometteurs, réduisant de 44 % le risque de décès ou de récidive du cancer. Le Dr Paul Burton, directeur médical de Moderna, espère développer des vaccins personnalisés à base d’ARNm pour différents types de tumeurs et de maladies dans les 5 à 10 prochaines années.
Un vaccin personnalisé pour chaque tumeur
Les vaccins personnalisés à base d’ARNm ont pour objectif d’activer et de renforcer les lymphocytes T afin qu’ils reconnaissent et détruisent les cellules cancéreuses plus efficacement. Pour personnaliser le vaccin, les médecins prélèvent d’abord une biopsie de la tumeur du patient, puis identifient les antigènes spécifiques à la tumeur. Les ARNm correspondants sont ensuite intégrés dans un vaccin sur mesure.
Contrairement aux vaccins traditionnels, les vaccins anti-cancer à base d’ARNm sont conçus pour chaque patient individuellement et peuvent contenir jusqu’à 34 protéines cibles. Ils sont administrés en plusieurs injections, en complément du traitement habituel de la maladie.
Des avancées réglementaires encourageantes
En février 2023, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a accordé la désignation de thérapie innovante au vaccin anticancéreux personnalisé de Moderna, accélérant ainsi son examen réglementaire et sa potentielle mise sur le marché.
L’ARNm, une solution pour d’autres maladies
Les vaccins à ARNm ne se limitent pas au traitement des cancers. Paul Burton a également évoqué la possibilité d’un vaccin unique contre plusieurs infections respiratoires, protégeant les personnes vulnérables contre la Covid-19, la grippe et le virus respiratoire syncytial (VRS). Les laboratoires ciblent également d’autres maladies infectieuses, telles que le virus Zika et le cytomégalovirus. L’Institut national de la santé des États-Unis a lancé trois essais préliminaires de vaccins expérimentaux à base d’ARNm contre le VIH. Par ailleurs, Moderna travaille sur une thérapie inhalée à base d’ARNm pour traiter la mucoviscidose.
Autres technologies vaccinales en développement
D’autres types de vaccins ont également bénéficié de l’accélération de la recherche durant la pandémie, comme les vaccins à protéine recombinante. Un exemple est le vaccin Covid développé par la société de biotechnologie américaine Novavax. Ce vaccin stimule le système immunitaire en inoculant uniquement la protéine d’ancrage du virus, contrairement aux vaccins à ARNm qui fournissent le “mode d’emploi” de fabrication de cette protéine aux cellules du patient.
Une décennie prometteuse pour la vaccination
Les avancées en matière de vaccins offrent des perspectives enthousiasmantes pour la prochaine décennie, avec la possibilité de prévention personnalisée contre divers types de cancer. Cependant, les chercheurs restent prudents et soulignent que ces progrès dépendent du maintien des financements alloués à la recherche pendant la crise sanitaire.