Les Manifestations Secouent l’Assemblée
En Argentine, le débat parlementaire sur les réformes du président ultralibéral Javier Milei est en ébullition. Depuis son élection en décembre dernier, Milei s’est engagé à mettre en œuvre un train de réformes ultra-libérales audacieuses pour revitaliser une économie profondément endettée et affligée par une inflation record de 211% sur un an. Cependant, ces réformes ont rencontré une forte opposition dans la rue et au sein de l’assemblée.
Les parlementaires ont commencé à examiner le vaste projet de loi, initialement composé de 664 articles, baptisé « loi omnibus ». Cependant, au fil des tractations parlementaires, il a été considérablement réduit à 224 dispositions. Deux aspects principaux de ce projet suscitent des résistances : les privatisations massives de 40 entreprises et la délégation de pouvoirs étendus à l’exécutif au nom de « l’urgence économique ». L’opposition craint que cela ne permette au président Milei d’imposer par décret des réformes rejetées par le Parlement.
Les Manifestations et la Répression
Face à ces réformes controversées, des manifestants mobilisés par des mouvements de gauche radicale ont affronté la police dans les rues de Buenos Aires. Les forces de l’ordre ont fait usage de balles en caoutchouc, de canons à eau et de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants. Plusieurs journalistes ont également été touchés par des balles en caoutchouc, provoquant une vive réaction du syndicat de presse de Buenos Aires.
Les députés de l’opposition, notamment de gauche, ont demandé en vain un ajournement du débat parlementaire, dénonçant une « avancée répressive alimentée par l’exécutif ». Malgré ces tensions, le débat s’est poursuivi jusqu’à tard dans la nuit.
La Position Intransigeante de Milei
Le président argentin Javier Milei a maintenu sa position intransigeante en faveur de ces réformes économiques. Il affirme qu’il n’y a « pas de plan B » et « pas d’alternative à l’austérité et à la dérégulation » pour stabiliser l’économie argentine. Selon lui, ces mesures sont essentielles pour surmonter la dette structurelle du pays et l’inflation galopante.
Le pragmatisme de Milei a également trouvé un soutien inattendu. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, a annoncé le déblocage d’un versement d’environ 4,7 milliards de dollars à l’Argentine. Elle a salué les « mesures audacieuses » prises par le gouvernement de Milei pour restaurer la stabilité macroéconomique et éviter une crise de la balance des paiements. Cependant, elle a également averti que le chemin vers la stabilisation serait difficile.
Les Défis Économiques de l’Argentine
L’Argentine fait face à des défis économiques majeurs. Alors que le FMI anticipait une croissance de 2,8% pour l’année en cours, les prévisions ont été fortement révisées à la baisse. Le pays devrait désormais connaître une récession en 2024, avec une contraction de 2,8% de son économie, avant une reprise attendue en 2025.
Cette situation découle en grande partie de l’ajustement politique en cours visant à restaurer la stabilité macroéconomique. L’inflation record de 211% en 2023 a contribué à la crise économique. Celle-ci s’explique en partie par la suppression des contrôles légaux sur les prix, entraînant une augmentation des prix, ainsi que par la dépréciation de la monnaie argentine.
Conclusion
La bataille autour des réformes économiques en Argentine est loin d’être terminée. Le président Milei continue de défendre son programme de réformes ultra-libérales malgré les manifestations et l’opposition politique. Le soutien du FMI apporte une bouffée d’air frais, mais les défis économiques demeurent considérables. L’avenir de l’Argentine et le succès des réformes de Milei restent incertains, avec des enjeux majeurs pour l’économie du pays.