Introduction
Les mystères de notre appétit et de nos habitudes alimentaires sont en constante évolution. Des recherches récentes menées sur des souris ont révélé l’existence de groupes de neurones cérébraux responsables de nos envies de manger à des heures fixes, quels que soient nos repas précédents. Cette découverte fascinante ouvre une fenêtre sur la façon dont notre cerveau régule notre faim en fonction de notre horaire alimentaire. Dans cet article, nous explorerons ces neurones particuliers et leurs implications potentielles pour la compréhension de notre propre appétit.
Les Neurones à l’Origine de la Faim
Au cœur de cette découverte se trouvent les neurones AgRP (Agouti-Related Peptide) situés à la base du cerveau. Ces neurones semblent déclencher la sensation de faim en augmentant leur taux d’activité. Des traitements pour la perte de poids, tels que le semaglutide, commercialisé sous le nom de Wegovy, fonctionnent en partie en supprimant l’activité de ces neurones.
Le Rôle de l’Horaire Alimentaire
Jusqu’à récemment, on pensait que l’activité de ces neurones était régulée par des niveaux de nutriments, comme la glycémie, qui diminuent quelques heures après un repas. Cependant, une nouvelle étude, la première à mesurer l’activité de ces neurones sur plusieurs jours, montre que chez les souris, elle est contrôlée par les habitudes alimentaires habituelles.
Dans la première partie de l’expérience, les souris étaient autorisées à manger quand elles le souhaitaient, principalement la nuit car elles sont nocturnes. L’équipe a été surprise de constater que l’activité des neurones ne montait pas progressivement au cours de la journée, comme on s’y attendrait si elle était déclenchée par la baisse du taux de sucre dans le sang, mais augmentait brusquement lorsque les animaux se réveillaient.
L’activité des neurones chutait également brusquement à la fin de la nuit, même si aucune nourriture n’avait été fournie toute la nuit. « C’est presque comme s’il y avait une horloge disant aux neurones qu’il est temps de manger, il est temps d’arrêter de manger », explique Deniz Atasoy de l’Université de l’Iowa.
L’Adaptation à l’Horaire Alimentaire
Les chercheurs ont ensuite fourni de la nourriture aux souris uniquement pendant une courte période en plein jour, entre 10 heures du matin et 2 heures de l’après-midi, obligeant ainsi les rongeurs à être éveillés à ce moment-là pour manger. Après sept à dix jours, leurs neurones cérébraux ont progressivement augmenté leur activité peu après 10 heures du matin. « Ce circuit permet aux souris de ressentir la faim aux heures de la journée auxquelles elles ont l’habitude de manger », explique Atasoy.
Si les résultats se traduisent chez l’homme, cela suggère que ces cellules nous aident à nous habituer à différents horaires alimentaires, par exemple si quelqu’un travaille de nuit ou adopte un régime de jeûne, où l’apport alimentaire se produit souvent dans une fenêtre de 8 heures seulement.
Implications pour les Êtres Humains
Il est raisonnable de supposer que les mécanismes sont similaires chez l’homme, étant donné que les humains possèdent également des neurones AgRP. Les résultats peuvent expliquer pourquoi les gens ne ressentent généralement pas la faim au milieu de la nuit, tandis que le saut d’un repas attendu en journée déclenche généralement la faim.
Conclusion
Cette découverte des neurones cérébraux qui régulent notre appétit en fonction de notre horaire alimentaire est une avancée passionnante dans la compréhension de nos habitudes alimentaires. Elle nous rappelle que notre cerveau est un organe incroyablement complexe, capable de s’adapter à des situations variables. Les implications de ces découvertes pourraient avoir un impact profond sur la manière dont nous comprenons et gérons notre faim à l’avenir.