La Politique de l’Unification Linguistique en Chine : Le Mandarin en Avant-Plan

La Chine, un pays reconnu pour sa diversité culturelle et linguistique, s’engage fermement dans une politique d’unification linguistique depuis plusieurs années. Cette initiative vise à encourager l’usage du mandarin standard, également connu sous le nom de putonghua, au détriment des nombreuses autres langues présentes sur son territoire. Cette évolution linguistique ne passe pas inaperçue et soulève des questions complexes sur l’identité culturelle, les droits linguistiques et les conséquences humanitaires. Dans cet article, nous explorons les motivations derrière cette politique, son impact sur la société chinoise, ainsi que les enjeux culturels et humains qui en découlent.

La Diversité Linguistique en Chine : Un Défi Ignoré

Bien que la Chine soit souvent perçue comme un pays linguistiquement homogène, la réalité est bien différente. L’Institut de langue chinoise de la ville de Guilin répertorie officiellement près de 302 langues vivantes en Chine, faisant de ce pays l’un des plus diversifiés sur le plan linguistique. Au-delà des langues autochtones, telles que le tibétain, le mongol et l’ouïgour, la République populaire de Chine compte une dizaine de variations de la langue chinoise, dont le cantonais, le shanghaïen et le sichuanais.

De plus, la Chine abrite environ 56 groupes ethniques, chacun ayant sa propre langue, voire un système d’écriture élaboré. Cette richesse linguistique est le reflet de la diversité culturelle du pays.

La Politique de l’Unification Linguistique sous Xi Jinping

Le président chinois Xi Jinping a fait de l’unification linguistique une priorité de son mandat. Depuis 2012, une directive du gouvernement autorise les acteurs étatiques à promouvoir le mandarin standard en surveillant régulièrement les espaces publics et privés. L’objectif déclaré est de supprimer la diversité linguistique et d’utiliser le mandarin à des fins d’unification, un terme fréquemment utilisé par le gouvernement chinois, notamment pour légitimer sa volonté de domination sur Taïwan.

En 2021, le Parti communiste chinois (PCC) a franchi une étape importante en rendant obligatoire l’enseignement du mandarin aux enfants d’âge périscolaire dans tout le pays. Cette mesure a été accompagnée d’une intense campagne de propagande visant à promouvoir l’usage du mandarin. Les écoliers ont ainsi été encouragés à dire : « Parlez mandarin, construisons le rêve chinois ensemble ». Cette stratégie vise à créer une base solide pour la langue chinoise standard dès le plus jeune âge et à renforcer l’idée d’une « Chine unifiée ».

Les Conséquences Culturelles et Humaines

L’unification linguistique en Chine ne se limite pas à un simple changement linguistique, mais a des répercussions profondes sur la culture et les droits des minorités linguistiques. En particulier, la situation des Ouïghours dans la région du Xinjiang est devenue un sujet de préoccupation mondiale. Les Ouïghours sont détenus ou punis pour avoir utilisé leur langue maternelle, ce qui constitue une grave violation des droits linguistiques et culturels.

De plus, les camps de concentration ouïghours forcent les prisonniers à apprendre le mandarin, ainsi que les lois gouvernementales, dans le but de les « protéger » des influences extérieures. Cette politique est largement critiquée et suscite des préoccupations quant à l’assimilation forcée.

Les Tibétains sont également confrontés à des défis linguistiques. En 2016, un militant tibétain a été arrêté pour avoir demandé que l’État honore son engagement constitutionnel de considérer toutes les langues ethniques sur un pied d’égalité. Cette répression linguistique vise à affaiblir les liens culturels et identitaires des minorités.

Le Parallèle Historique

L’histoire montre que la suppression des langues minoritaires pour favoriser une autre langue est une pratique qui a été utilisée ailleurs. La Russie impériale et soviétique, par exemple, a tenté d’éliminer l’usage de langues telles que l’ukrainien, le polonais, le lituanien et le biélorusse au profit du russe.

Conclusion

La politique de l’unification linguistique en Chine, axée sur la promotion du mandarin standard, suscite des préoccupations importantes en matière de droits linguistiques et culturels. Alors que le gouvernement chinois poursuit ses efforts pour renforcer l’usage du mandarin, il est essentiel de reconnaître les conséquences culturelles et humaines de cette politique sur les minorités linguistiques en Chine. La diversité linguistique est un élément précieux de la richesse culturelle de la Chine, et sa préservation mérite d’être encouragée et défendue.

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