Quinze ans après la chute de Lehman Brothers, la finance mondiale n’a pas renoncé aux excès
Le 15 septembre 2008, un événement cataclysmique secouait le monde financier : la faillite de la banque américaine Lehman Brothers. Cette débâcle a plongé l’économie mondiale dans une crise majeure, rappelant les sombres jours de la Grande Dépression de 1929. Quinze ans après cette crise majeure, il est temps de faire le point sur l’état actuel de la finance mondiale et de se demander si les leçons de Lehman Brothers ont été vraiment apprises.
Des Répercussions Mondiales
La faillite de Lehman Brothers a eu des répercussions mondiales, mettant en évidence la fragilité des banques européennes et les lacunes de la régulation financière. Depuis cette époque, le nom de Lehman Brothers est devenu le baromètre mesurant la gravité des crises financières.
Des Progrès Réalisés, Mais Des Défis Persistants
Quinze ans plus tard, la question se pose : ces failles ont-elles été comblées ? La réponse n’est pas simple. Le système bancaire est sans doute plus robuste qu’à l’époque, mais il reste vulnérable sans le soutien des banques centrales et de l’argent public en cas d’une nouvelle crise majeure. Les experts soulignent que des progrès ont été réalisés, mais qu’il reste encore beaucoup à faire.
Les Règles de Bâle III
Après la tempête de 2008, de nouvelles règles bancaires, connues sous le nom de « Bâle III », ont été adoptées sous l’égide du Comité de Bâle, qui rassemble les principaux régulateurs financiers mondiaux. Ces règles imposent aux banques des exigences plus strictes en matière de fonds propres et de gestion de liquidités, afin de renforcer leur résilience face à d’éventuelles pertes.
L’Union Bancaire Européenne
Pour éviter les dérives nationales et garantir une meilleure supervision des banques défaillantes, la zone euro a créé « l’union bancaire » en 2014. Cela a permis de doter les pays membres d’un superviseur et d’un mécanisme de résolution uniques. Cependant, des experts estiment que l’union bancaire européenne n’est pas encore pleinement achevée, car il manque un système mutualisé de garantie des dépôts pour renforcer la confiance des citoyens en cas de crise.
Des Règles Allégées et des Défis Persistants
Malgré ces avancées, certaines réglementations ont été assouplies au fil des ans, sous l’influence des lobbys bancaires nationaux. En Europe, les règles de Bâle III sont appliquées de manière moins stricte, et leur calendrier d’entrée en application s’étend jusqu’en 2030. Aux États-Unis, l’administration Trump a assoupli certaines réglementations financières adoptées sous l’administration Obama.
Les Risques Actuels
Les conséquences de ces assouplissements sont déjà visibles. En mars, la Silicon Valley Bank a fait faillite en raison d’erreurs de gestion grossières, mettant en lumière la fragilité du secteur financier. Les experts mettent en garde contre l’émergence de « maillons faibles » alors que les politiques monétaires deviennent plus restrictives et que les taux d’intérêt remontent.
La Finance de l’Ombre
Les nouvelles réglementations adoptées après 2008 ont également laissé de côté une partie de la finance mondiale, notamment les fonds d’investissement spéculatifs et les sociétés de trading. La dette mondiale de cette « finance de l’ombre » atteint désormais des niveaux alarmants, équivalant presque à celle des ménages. Cette partie du secteur financier est moins régulée et peut prendre des risques que les banques traditionnelles ne peuvent plus se permettre.
Un Appel à la Responsabilité
Malgré les appels à mettre fin aux excès de la finance après la crise de 2008, le secteur financier continue de croître de manière exponentielle, avec des actifs financiers atteignant des sommets astronomiques. Les banques, les fonds et les gestionnaires d’actifs restent principalement concentrés sur le financement de la croissance à tout prix, y compris des industries polluantes et spéculatives.
La Transition Écologique en Attente
L’une des critiques majeures est que la finance n’a pas encore opéré une réorientation significative vers le financement de la transition écologique et des investissements non rentables nécessaires à celle-ci. Au lieu de cela, elle continue de soutenir des industries fossiles et des pratiques spéculatives.
Conclusion
Quinze ans après la chute de Lehman Brothers, la finance mondiale est toujours à la recherche de stabilité. Des progrès ont été accomplis en matière de régulation et de supervision, mais des défis subsistent, notamment la résolution des crises potentielles et la nécessaire réorientation vers des investissements durables. La crise de 2008 a laissé une marque indélébile sur le monde financier, mais il reste encore beaucoup de travail à faire pour éviter une répétition de ces événements dévastateurs.