Examen minutieux des bilans bancaires par la BCE
Suite à la faillite de la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB) et aux difficultés de la banque régionale First Republic, la Banque centrale européenne (BCE) souhaite s’assurer que les établissements financiers européens sont suffisamment protégés contre les risques de taux d’intérêt. Les ministres des Finances de la zone euro se réuniront vendredi prochain pour faire le point sur la situation du secteur bancaire.
Dans le cadre des stress tests, la BCE a demandé aux banques de la zone euro de fournir des informations détaillées sur leur exposition aux pertes potentielles sur leur portefeuille d’obligations, ainsi que sur les méthodes employées pour se couvrir contre ce risque.
Prévenir un scénario à la SVB en Europe
Le but de la BCE est d’éviter qu’un scénario similaire à celui de SVB se reproduise dans la zone euro. Rappelons que cette banque a été contrainte de vendre rapidement pour 21 milliards de dollars de bons du Trésor suite à des retraits massifs de dépôts de ses clients, ce qui a entraîné de lourdes pertes. La valeur réelle de marché de ces titres n’était pas inscrite dans les comptes de la banque.
Les experts soulignent cependant que les situations des banques américaines et européennes ne sont pas directement comparables. En effet, les banques européennes détiennent une proportion bien moins importante de titres de dette publique dans leurs portefeuilles. De plus, la valeur de ces titres est généralement actualisée en fonction de l’évolution des marchés.
Selon l’agence bancaire européenne (EBA), la part des obligations dont le véritable prix n’est pas reflété dans les comptes des banques varie entre 0 % et 18 % du total des actifs. Jon Peace, analyste chez Credit Suisse, estime que les banques européennes sont relativement bien protégées contre ce risque de taux.
Les banques européennes sous surveillance accrue
Andrea Enria, chef de la supervision bancaire européenne, a reconnu que l’ampleur des pertes non réalisées pour les banques de la zone euro n’est pas comparable au problème majeur survenu aux États-Unis. Cependant, les autorités restent vigilantes, notamment en ce qui concerne les pratiques de couverture des banques sur le risque de taux d’intérêt.
Les gouvernements européens suivent de près la situation des banques, en particulier depuis la crise de Credit Suisse, qui a été rachetée en urgence par UBS. La crise bancaire sera d’ailleurs au cœur des discussions lors de la réunion de l’Eurogroupe, qui réunit les ministres des finances de la zone euro à Stockholm.
Andrea Enria, de la BCE, et Dominique Laboureix, président du Conseil de résolution unique, présenteront leur analyse des développements récents dans le secteur bancaire, alors que la Commission européenne propose d’étendre le champ d’application des filets de sécurité bancaire existants.
Le message devrait être rassurant. Les autorités financières insistent depuis plusieurs semaines sur la solidité du secteur bancaire européen, avec des ratios de capital et de liquidité largement supérieurs aux exigences. Elles soulignent également que les crises récentes qui ont touché le secteur sont spécifiques à certaines banques.
« Ce sont des crises particulières, d’une part aux banques régionales américaines, et d’autre part à Credit Suisse, qui avait déjà des difficultés. Les banques européennes, et notamment les banques françaises, sont très résilientes, avec des modèles économiques rentables », insiste une source à Bercy.
Renforcement de l’application des règles existantes
Dans le contexte actuel, le gouvernement français reste confiant dans les règles et les outils de supervision existants. Il devrait plaider auprès des autres membres de la zone euro pour surveiller la bonne transposition du cadre réglementaire dit de « Bâle III », que de nombreuses banques européennes appliquent déjà, contre seulement treize aux États-Unis.