Ferme France : Une loi controversée qui favorise l’agrobusiness

Des reculs environnementaux préoccupants

Une proposition de loi intitulée « Pour un choc de compétitivité en faveur de la ferme France » est soumise au vote au Sénat ce mardi. Portée par les sénateurs Laurent Duplomb (LR), Pierre Louault (Modem) et Serge Mérillou (PS), cette proposition de loi suscite de vives critiques en raison de ses nombreux reculs environnementaux et de ses conséquences néfastes sur l’agriculture et la santé des consommateurs.

L’un des points les plus préoccupants de cette proposition de loi est l’autorisation de l’épandage aérien de pesticides à l’aide de drones. L’article 8 de ce texte prévoit des dérogations pour l’utilisation de drones pour la pulvérisation aérienne de produits phytopharmaceutiques. Cette pratique, interdite depuis 2009 en raison des risques de dispersion dans l’air, est désormais généralisée, ce qui suscite de vives inquiétudes quant à l’exposition des populations aux pesticides.

De plus, la proposition de loi remet en question la séparation des activités de vente et de conseil des produits phytopharmaceutiques, qui avait été introduite par la loi Egalim de 2018 pour prévenir les conflits d’intérêts. Cette mesure, prévue à l’article 18, favorise les fabricants de pesticides et va à l’encontre des objectifs de réduction des pesticides portés par l’Union européenne et la France depuis de nombreuses années.

Un soutien à l’agriculture intensive au détriment de l’environnement

La proposition de loi comporte également des mesures concernant l’eau, qui favorisent un modèle d’agriculture intensive. L’article 15 propose de donner automatiquement le statut d' »intérêt général majeur » aux retenues d’eau à usage agricole. Cette disposition facilite la mise en place de ces ouvrages, en réduisant notamment les délais de contentieux. Cette logique de soutien à l’agriculture intensive est préoccupante, notamment au vu de l’augmentation des épisodes de sécheresse et de la nécessité de préserver les ressources en eau.

De plus, la proposition de loi prévoit des mesures visant à réduire la « surréglementation » en matière agricole, présentée comme un frein à la compétitivité des exploitations. Cependant, cette vision simpliste risque d’affaiblir les normes environnementales et sanitaires, mettant ainsi en péril la santé des consommateurs et la préservation de l’environnement.

Quand l’économie prime sur la santé et l’environnement

La proposition de loi comporte des dispositions qui mettent en péril la santé des consommateurs et l’environnement. L’article 13 permet au ministre de l’Agriculture de suspendre les décisions prises par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Cette mesure remet en cause l’indépendance de l’

Anses et favorise les intérêts économiques au détriment de la santé publique.

De plus, l’article 13 prévoit une évaluation des bénéfices et des risques sanitaires, environnementaux et économiques pour chaque décision de l’agence sur les pesticides. Cette approche qui mêle des considérations économiques aux enjeux sanitaires et environnementaux est vivement critiquée, car elle dilue les préoccupations de santé et d’environnement au profit d’intérêts économiques.

Des conséquences pour les consommateurs

La proposition de loi comporte également des mesures qui affectent directement les consommateurs. L’article 11 remet en question les critères de qualité des aliments en restauration collective, en élargissant les critères de provenance à d’autres démarches de certification. Cette mesure risque de favoriser la multiplication de pseudo-labels de qualité, au détriment de véritables démarches durables telles que l’agriculture biologique.

De plus, le texte prévoit un report de trois ans de l’obligation pour les plats servis en restauration collective de contenir au moins 20 % de produits biologiques. Cette régression consumériste et environnementale est critiquée, car elle favorise une agriculture intensive au détriment de la biodiversité et de la santé des consommateurs.

Un ballon d’essai politique

Certains voient dans cette proposition de loi une manœuvre politique. En effet, il est souligné que le texte est soumis au vote avant la loi d’orientation agricole, ce qui pourrait suggérer une volonté de peser sur le débat public et d’influencer les futures décisions en matière agricole. Cette proposition de loi reflète une position extrême et régressive, qui risque de maintenir le statu quo alors que la transition vers un modèle agricole plus durable est devenue urgente.

Malgré les critiques et les résistances, il est essentiel de rester vigilant face à ces reculs environnementaux. La France se doit de jouer un rôle moteur dans la réduction des pesticides et la préservation de l’environnement, et il est important que les décisions politiques soutiennent cette transition nécessaire. Il est donc primordial que les citoyens et les acteurs de la société civile restent mobilisés pour défendre une agriculture respectueuse de l’environnement et de la santé.

L’importance de préserver la santé et l’environnement

Cette proposition de loi soulève des inquiétudes quant à la primauté accordée à l’économie au détriment de la santé des consommateurs et de l’environnement. En remettant en question les décisions de l’Anses et en introduisant des critères économiques dans l’évaluation des pesticides, on risque de compromettre la sécurité sanitaire et environnementale. Les conséquences de telles mesures pourraient se traduire par une exposition accrue aux pesticides, des impacts sur la biodiversité, la contamination des ressources en eau et des répercussions sur la santé des populations.

Il est également préoccupant de constater que cette proposition de loi vise à réduire la « surréglementation » en matière agricole. Cependant, il est essentiel de souligner que les normes environnementales et sanitaires sont nécessaires pour protéger la santé des consommateurs et préserver les écosystèmes fragiles. Affaiblir ces normes pourrait avoir des conséquences néfastes à long terme sur la qualité des aliments, la santé publique et la durabilité de l’agriculture.

Les enjeux de la transition agricole

La proposition de loi « Pour un choc de compétitivité en faveur de la ferme France » reflète une vision de l’agriculture axée sur la compétitivité économique et la productivité, au détriment de la durabilité et de la préservation de l’environnement. Or, la transition vers des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement est devenue incontournable. La réduction des pesticides, la promotion de l’agroécologie, le soutien à l’agriculture biologique et locale sont autant de mesures essentielles pour garantir un avenir durable à notre agriculture et préserver la santé des consommateurs.

Il est également important de souligner que cette proposition de loi met en évidence les liens étroits entre les lobbies de l’agroalimentaire, les intérêts économiques et les décideurs politiques. La porosité entre certains acteurs de l’industrie agroalimentaire et les pouvoirs publics remet en question l’indépendance des décisions politiques et soulève des préoccupations quant à la protection de l’intérêt général.

L’engagement citoyen pour une agriculture durable

Face à cette proposition de loi controversée, il est crucial que les citoyens, les associations et les acteurs de la société civile s’engagent pour défendre une agriculture durable, respectueuse de l’environnement et de la santé publique. La mobilisation de la société civile peut prendre différentes formes, telles que la sensibilisation du grand public, la participation aux consultations publiques, le soutien aux initiatives locales et le plaidoyer en faveur de politiques agricoles responsables.

Il est également essentiel de soutenir les agriculteurs qui s’engagent déjà dans des pratiques respectueuses de l’environnement. Encourager l’agriculture biologique, promouvoir les circuits courts, favoriser l’agroécologie et soutenir les filières durables sont autant de moyens de stimuler la transition agricole vers des modèles plus durables.

Conclusion

La proposition de loi « Pour un choc de compétitivité en faveur de la ferme France » soulève de nombreuses préoccupations quant à ses reculs environnementaux, son impact sur la santé des consommateurs et sa vision axée sur l’économie au détriment de l’environnement. Il est essentiel de veiller à ce que les décisions politiques en matière agricole privilégient la durabilité, la santé et la préservation de l’environnement.

La transition vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement est un défi majeur, mais aussi une opportunité de créer un système alimentaire plus sain, plus durable et plus équitable. Il est temps de repenser nos pratiques agricoles, de soutenir les agriculteurs engagés dans des démarches durables et d’exiger des politiques qui favorisent une transition agricole responsable.

La société civile a un rôle clé à jouer dans cette transition en se mobilisant, en sensibilisant le grand public et en exerçant une pression sur les décideurs politiques. Il est urgent de prendre des mesures concrètes pour préserver notre environnement, notre santé et l’avenir de notre agriculture.

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