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Les États-Unis s’apprêtent à vivre une élection présidentielle unique en son genre, opposant deux figures majeures : Donald Trump et Kamala Harris. Mais au-delà des candidats, c’est un pays polarisé, marqué par de profondes fractures, qui se présente à ce scrutin. Entre crise du logement, défis pour la démocratie, pressions sur les médias, dilemmes sur l’immigration et débats sur les droits reproductifs, « l’Amérique » se questionne sur ses fondements. Partons à la découverte de ces piliers ébranlés.
La crise du logement : le rêve américain en péril
L’accès à la propriété, un mythe en déclin
Le rêve américain est souvent symbolisé par l’image d’une maison individuelle en banlieue. Pourtant, ce pilier de l’American Dream est en train de s’effriter, particulièrement en Arizona. Le comté de Maricopa, près de Phoenix, illustre ce phénomène. Lennie McCloskey, policier depuis 20 ans, constate une explosion des expulsions de locataires. « Je n’ai que neuf ordres d’expulsion ce matin, » dit-il. « Mais parfois, c’est jusqu’à 60 par jour. » Des familles, souvent monoparentales, peinent à joindre les deux bouts. April, par exemple, vit avec sa fille dans une maison subventionnée, où le salon fait office de chambre à coucher. « Honnêtement, c’est le seul moyen pour nous de ne pas être sans-abri, » confie-t-elle.
Des solutions politiques en attente
Face à cette crise, des associations militent pour des changements radicaux : investir dans le logement social, repenser l’urbanisation, ou encore utiliser des locaux commerciaux inoccupés. Le résultat de l’élection présidentielle pourrait bien influencer ces politiques. Kamala Harris propose d’encourager la construction de logements et d’offrir des aides pour l’achat d’une première maison. Donald Trump, lui, promet de « ressusciter le rêve américain », sans trop en dévoiler les détails. Suspense.
Médias en péril : une presse locale fragilisée
La disparition des journaux locaux
Aux États-Unis, le journalisme local est en crise. En 2023, 130 rédactions ont fermé leurs portes, laissant plus d’une personne sur cinq sans médias locaux dans leur région. Cette situation engendre une méfiance croissante envers la presse, exacerbée par la polarisation des grands médias nationaux. Heureusement, des initiatives voient le jour pour raviver le journalisme de proximité. Le journal Signal à Akron, Ohio, en est un exemple. Ce média en ligne, financé par l’American News Project, mise sur la proximité avec la communauté pour regagner la confiance des lecteurs.
Les journalistes en question
Susan Zake, rédactrice en chef de Signal, reconnaît que les médias portent leur part de responsabilité. « Nous avons trop couvert la politique au lieu de se concentrer sur les personnes affectées par la politique, » admet-elle. Pour restaurer la confiance, elle prône un retour à une couverture médiatique centrée sur les individus, et non sur les élites. Cette démarche semble essentielle pour rétablir un lien entre les médias et le public.
Démocratie sous tension : l’ombre de la fraude électorale
Le climat d’intimidation
Depuis les accusations infondées de fraude électorale par Donald Trump en 2020, le processus électoral américain est sous haute tension. Milton Kidd, responsable du service des élections dans le comté de Douglas, en Géorgie, vit dans un climat d’intimidation. « Des individus sont venus prendre des photos des plaques d’immatriculation de mon personnel, » déplore-t-il. Les menaces sont telles qu’il change de chemin chaque jour pour se rendre au travail. Un triste état des lieux pour la première puissance démocratique mondiale.
Des doutes persistants
Malgré l’absence de preuves tangibles de fraude électorale, la défiance persiste dans certains milieux, particulièrement parmi les partisans de Donald Trump. Roy McClain, membre d’un conseil électoral dans le comté de Spalding, reste convaincu que l’élection de 2020 n’était pas « correcte ». Cette méfiance croissante envers le système électoral pose un défi majeur pour la démocratie américaine, à l’approche d’une nouvelle élection présidentielle.
Immigration : le rêve américain en pointillé
Les Dreamers, entre espoir et incertitude
Les États-Unis ont longtemps été une terre d’accueil pour les immigrés. Mais aujourd’hui, le rêve américain semble s’éloigner pour les « Dreamers », ces enfants d’immigrés illégaux arrivés dans les années 2000. Le programme DACA, qui leur permet de vivre légalement aux États-Unis, est constamment remis en question. Karen, 26 ans, arrivée du Mexique à l’âge de six mois, exprime son angoisse : « Nous ne savons pas à quoi nos vies ressembleront dans les prochains mois. » Cette incertitude alimente un sentiment d’injustice chez ces jeunes, qui se sentent Américains mais sont privés de nombreux droits.
Les politiques en débat
L’immigration est un sujet brûlant de la campagne présidentielle. Kamala Harris se dit favorable aux Dreamers, mais reste vague sur les moyens de leur offrir un chemin vers la citoyenneté. Donald Trump, quant à lui, adopte une position plus dure, tout en laissant entendre qu’il pourrait ne pas s’en prendre directement aux bénéficiaires du DACA. Le flou demeure, et l’avenir de millions de personnes est en jeu.
Droits reproductifs : un acquis remis en question
L’avortement, une question épineuse
L’accès à l’avortement est un autre thème central de l’élection. En juin 2022, l’abrogation de la garantie constitutionnelle de ce droit a ravivé les tensions. Dans le Michigan, l’avortement est désormais garanti par la Constitution de l’État, mais reste sous pression, notamment à cause des lois imposant un accord parental pour les mineures. Les cliniques d’avortement comme le Scotsdale Women’s Center à Detroit sont en première ligne, faisant face à des manifestants pro-life et à des restrictions croissantes.
La montée des mouvements pro-life
Les mouvements anti-avortement sont particulièrement actifs, notamment parmi les jeunes générations. Morgan Reece, 22 ans, est l’une des figures de proue de cette lutte. « Nous essayons de faire changer d’avis sur l’avortement en dialoguant respectueusement, » explique-t-elle. L’élection présidentielle est cruciale pour ces militants, qui souhaitent voir une politique plus restrictive sur l’avortement. De leur côté, les défenseurs du droit à l’avortement espèrent une législation fédérale pour protéger ce droit.
Conclusion : Un pays à la croisée des chemins
À quelques semaines de l’élection présidentielle, les États-Unis se trouvent à un moment charnière de leur histoire. Logement, médias, démocratie, immigration et droits reproductifs sont autant de piliers sur lesquels repose la nation, mais qui sont aujourd’hui remis en question. Quelle direction prendra le pays ? L’avenir est incertain, mais une chose est sûre : l’Amérique est en quête de réponses.
