La Chine et le Charbon : Quand l’Expansion Menace le Climat

La Chine est de loin le plus grand producteur et consommateur de charbon dans le monde. Alors que le pays continue d’investir massivement dans les énergies renouvelables, son engagement continu dans l’extraction du charbon, notamment avec de nouveaux projets, suscite des inquiétudes croissantes. Les émissions de méthane provenant de ces nouvelles mines de charbon pourraient sérieusement compromettre les objectifs climatiques mondiaux. Voyons en détail pourquoi cette situation est problématique, comment elle est née, et quelles pourraient en être les conséquences.

Un mariage difficile : Charbon et Objectifs climatiques

La Chine a beau annoncer des objectifs ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment en promettant d’atteindre un pic d’émissions en 2030 et la neutralité carbone en 2060, la réalité sur le terrain montre un tout autre visage. Le charbon continue de dominer le paysage énergétique chinois, représentant près de 50 % de la production mondiale. Cette domination du charbon pose un énorme défi pour le pays et pour la planète, car, bien que les installations d’énergies renouvelables prolifèrent, l’ombre du charbon est difficile à dissiper.

Le contexte : Pourquoi un tel recours au charbon ?

L’expansion du charbon en Chine n’est pas qu’une simple lubie gouvernementale. Il y a des raisons profondes, ancrées dans l’histoire et l’économie du pays. Le charbon a longtemps été la source d’énergie la plus fiable pour soutenir la croissance fulgurante de l’industrie chinoise, notamment dans des secteurs énergivores comme l’acier, le ciment et la production d’électricité. Cependant, cette dépendance ne s’est pas estompée malgré les avancées dans les énergies renouvelables.

En 2024, la Chine a encore augmenté ses projets d’extraction de charbon, avec environ 1,2 milliard de tonnes de capacité minière en développement. Cela inclut la création de nouveaux sites et l’agrandissement des mines existantes​.

Une situation énergétique tendue

Une partie de l’explication réside dans les événements récents. En 2021 et 2022, la Chine a traversé une crise énergétique provoquée par des pénuries d’électricité et des sécheresses qui ont sévèrement limité la production d’hydroélectricité, une autre source clé d’énergie pour le pays. Dans ce contexte, Pékin a renforcé sa dépendance au charbon, voyant dans cette ressource une solution de secours immédiate pour maintenir l’approvisionnement énergétique stable.

Mais ce n’est pas tout : les inquiétudes autour de la sécurité énergétique nationale sont également exacerbées par des événements mondiaux tels que la guerre en Ukraine, qui ont perturbé les marchés mondiaux de l’énergie. Par prudence, la Chine a réactivé plusieurs mines de charbon “au cas où”, prêtes à être mobilisées en cas de nouvelle crise​(

Global Energy Monitor).

Le méthane : un petit gaz avec un grand impact

Quand on parle d’émissions liées au charbon, on pense d’abord au dioxyde de carbone. Mais il y a un autre acteur moins connu et tout aussi dangereux : le méthane. Le méthane est un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone à court terme. Il a un potentiel de réchauffement 80 fois supérieur au CO₂ sur une période de 20 ans. Et devinez quoi ? Le charbon est une source importante de méthane, notamment lors des processus d’extraction.

Comment le méthane est-il libéré des mines ?

Le méthane s’échappe des mines de charbon par divers mécanismes : des fissures dans les veines de charbon, des évents créés pour ventiler les galeries souterraines, ou encore des puits d’extraction. En Chine, les émissions de méthane provenant des mines de charbon sont estimées à environ 20 millions de tonnes par an, selon l’Agence internationale de l’énergie. Cependant, des études récentes montrent que ce chiffre pourrait être sous-estimé, atteignant potentiellement 35 millions de tonnes​(

Une contribution massive aux émissions mondiales

La Chine est responsable de près de 60 % de toutes les émissions mondiales de méthane provenant de l’exploitation minière du charbon. Et ce chiffre pourrait encore augmenter avec les nouveaux projets de mines en cours. Si toutes les nouvelles capacités minières prévues se concrétisent, les émissions de méthane pourraient augmenter de 10 millions de tonnes supplémentaires​

Qu’en est-il des objectifs climatiques ?

C’est là que le bât blesse. Les émissions de méthane liées à ces nouveaux projets de charbon compromettent sérieusement les engagements climatiques de la Chine, mais aussi ceux pris au niveau mondial. Bien que la Chine se soit engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, elle a refusé de signer le “Global Methane Pledge”, une initiative internationale visant à réduire de 30 % les émissions de méthane d’ici 2030​

Les experts s’inquiètent de ce double discours : d’un côté, Pékin investit massivement dans les énergies renouvelables, et de l’autre, il augmente son recours au charbon. Cette ambivalence ne semble pas compatible avec les objectifs climatiques mondiaux. Pour aggraver les choses, même les efforts de réduction des émissions de CO₂ risquent d’être insuffisants face à cette augmentation des émissions de méthane, rendant les objectifs de neutralité carbone d’ici 2060 de plus en plus difficiles à atteindre.

Comment la Chine peut-elle s’en sortir ?

Alors, qu’est-ce qui pourrait être fait pour freiner cette course au charbon ? Tout n’est pas aussi noir (sans jeu de mots) que cela pourrait sembler. La Chine dispose d’une formidable capacité d’innovation technologique, et elle a fait d’énormes progrès dans la capture et le stockage du carbone (CSC) ainsi que dans l’amélioration de l’efficacité énergétique de ses centrales électriques au charbon.

Technologie de réduction du méthane

En ce qui concerne le méthane, des solutions existent. Par exemple, la captation et l’utilisation du méthane dans les mines peuvent transformer ce problème en une source d’énergie. De nombreuses mines dans le monde capturent déjà le méthane émis et l’utilisent pour produire de l’électricité ou de la chaleur. Si la Chine adoptait ces technologies à grande échelle, elle pourrait réduire de manière significative ses émissions de méthane. Le défi est de taille, mais il n’est pas insurmontable-

Un changement graduel mais nécessaire

La Chine continue de diversifier son mix énergétique, avec des investissements records dans le solaire, l’éolien et les batteries de stockage d’énergie. Mais pour que cette transition réussisse, il est impératif que les projets de charbon soient ralentis, voire stoppés, et que des technologies de réduction des émissions soient mises en œuvre rapidement. Le monde observe, et la capacité de la Chine à respecter ses engagements environnementaux sera cruciale pour éviter un dérèglement climatique irréversible.

Conclusion : Le défi du charbon, un obstacle au progrès

La Chine se trouve à la croisée des chemins. D’un côté, elle est un leader mondial dans le développement des énergies renouvelables. De l’autre, elle reste accrochée à sa dépendance au charbon, notamment pour assurer sa sécurité énergétique. La montée en puissance des émissions de méthane dues à l’expansion des mines de charbon pourrait compromettre les efforts internationaux pour contenir le réchauffement climatique.

Le véritable défi sera de concilier ces deux aspects : soutenir la croissance tout en limitant l’impact climatique. Pour l’instant, l’avenir du climat dépend en grande partie de ce que la Chine décidera de faire de ses vastes réserves de charbon.

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