Et si on levait les yeux ? Quand les enfants se déconnectent pour mieux se reconnecter

Les écrans sont partout : dans nos salons, nos poches, nos voitures, et ils se sont même infiltrés dans les salles de classe. Alors, quand un enseignant d’école primaire décide de mettre ses élèves au défi de débrancher – pendant dix jours ! – il y a de quoi susciter l’intérêt. Ce documentaire de Gilles Vernet, « Et si on levait les yeux ? », disponible sur PlayRTS, nous raconte cette expérience unique de déconnexion. Mais pourquoi ce projet ? Et que disent les enfants de leur relation aux écrans ? Spoiler : ils sont souvent plus lucides que nous, les adultes. Alors, prenez une pause, lâchez votre smartphone (oui, je vous vois), et plongeons ensemble dans cette réflexion.

Les écrans, omniprésents et envahissants

Il était une fois un enseignant qui en avait assez de voir ses élèves arriver en classe avec des yeux fatigués et des esprits ailleurs, perdus dans le labyrinthe des notifications et des messages instantanés. Gilles Vernet, professeur mais aussi réalisateur, a donc pris les choses en main. Pendant une année scolaire, il a observé les comportements de ses élèves face aux écrans. Et ce qu’il a vu n’était pas joli-joli : six heures par jour, rien que ça, c’est le temps moyen passé par ses élèves sur leurs téléphones. Pour certains, c’était même plus. Élise, par exemple, a compté : sept heures. Ça fait beaucoup de TikTok et de stories Instagram, non ?

Mais, pourquoi autant de temps devant les écrans ? Pour Élise, la réponse est simple : « Quand je sors de ma chambre, ça crie et j’ai rien d’autre à faire. Alors, je préfère rester sur mon téléphone.» Avouons-le, on a tous, à un moment donné, trouvé refuge dans la lumière bleue de nos écrans, histoire d’échapper au chaos familial ou même au silence d’un dimanche après-midi sans plan. Que ce soit pour éviter les disputes, pour combler un vide ou simplement pour ne pas s’ennuyer, les écrans sont là, accessibles en un instant, et souvent, cela semble être la solution la plus simple.

L’invasion des écrans n’est pas seulement une question de divertissement. Elle est devenue un véritable mode de vie. Il n’est pas rare de voir des familles entières connectées à leurs appareils pendant les repas, chaque membre absorbé par son propre écran. Cette omniprésence des écrans a modifié nos interactions sociales, rendant parfois les moments de convivialité plus rares. Les enfants grandissent en observant ce modèle : un écran toujours à portée de main, et une attention constamment divisée. Pour eux, c’est devenu la norme, et on ne peut pas les en blâmer.

Addiction ou besoin détourné ?

Niels Weber, psychologue et spécialiste de l’hyperconnectivité, a une position tranchée sur la question : dire aux jeunes qu’ils sont « accros » ne mène à rien. En fait, ce qu’il faut comprendre, c’est que l’écran est souvent une solution, pas la cause du problème. Les enfants s’ennuient, se sentent seuls, ou veulent juste éviter un conflit. Et là, hop, l’écran devient leur meilleure échappatoire. Qui peut les blâmer ? On fait pareil quand on binge-watch une série après une longue journée. En réalité, les enfants utilisent les écrans comme nous utilisons parfois un verre de vin après une journée stressante : pour relâcher la pression, pour échapper à une réalité parfois pesante.

Le réel enjeu, selon Weber, n’est pas de supprimer les écrans, mais d’apprendre à les utiliser à bon escient. Comme un permis de conduire : on n’imagine pas donner les clés d’une voiture à un ado sans formation préalable, n’est-ce pas ? Eh bien, il en va de même pour le numérique. Avant de laisser les enfants plonger tête baissée dans les réseaux sociaux, mieux vaut les préparer, leur apprendre à gérer leur temps, leurs priorités, et même leur frustration. L’objectif est de faire des écrans un outil, et non un maître. Un moyen de s’informer, de se divertir, de rester en contact, mais sans qu’ils ne prennent le contrôle sur nos vies. La clé est d’apprendre à mettre des limites, à savoir quand il est temps de poser le téléphone et de se reconnecter au monde réel.

Comment aider nos enfants à lever les yeux ?

Face à cette réalité, une question se pose : comment aider nos enfants à lever les yeux ? La première chose à faire est d’écouter leurs besoins. Si un enfant vous dit qu’il a besoin de son téléphone pour rester en contact avec ses amis, ce n’est pas le téléphone qui est important, c’est le lien social. Pourquoi ne pas organiser des activités où ils peuvent voir leurs amis sans écran ? Une partie de foot au parc, une après-midi à jouer à des jeux de société… Et oui, cela veut aussi dire que nous, les adultes, devons être disponibles pour encadrer ces moments.

Il est également essentiel de donner l’exemple. Nous demandons à nos enfants de lever les yeux, mais combien de fois nous surprennent-ils le nez collé à notre propre téléphone ? Nous devons apprendre à nous déconnecter, à montrer que l’on peut être pleinement présent, que ce soit à table, en balade, ou simplement dans le salon. Ces moments de déconnexion sont précieux. Ils permettent de créer du lien, de partager des rires, des anecdotes, des souvenirs. En montrant à nos enfants que la vraie vie se passe devant nos yeux, et non derrière un écran, nous les aidons à comprendre la valeur de chaque instant.

Un autre point crucial est de ne pas diaboliser les écrans. Déclarer la guerre aux smartphones est un combat perdu d’avance. Au lieu de tout interdire, Weber conseille d’accompagner les jeunes dans leur usage du numérique. Leur apprendre à choisir à quel moment il est judicieux de se connecter, et à le faire progressivement. Après tout, qui d’entre nous résisterait à l’interdit si on nous privait soudainement de Netflix ou de nos applications préférées ? Nous devons intégrer les écrans dans nos vies de manière équilibrée, en sachant que, comme pour tout, l’excès est nuisible. Il est plus efficace de montrer comment utiliser ces outils avec modération plutôt que de les bannir.

Devenir des citoyens numériques responsables

Le but, au final, est de former des citoyens numériques responsables, capables de gérer leur usage des écrans de façon autonome. Pour cela, il est important de se poser des questions simples : « Quelles sont mes priorités ? Est-ce que j’ai besoin d’un écran maintenant ? » Des questions qu’il serait judicieux que chacun de nous se pose, enfants comme adultes. Nous devons les aider à construire cette autonomie numérique, leur enseigner non seulement les compétences techniques, mais aussi la capacité à s’autoréguler, à reconnaître les moments où l’écran est nécessaire et ceux où il est superflu.

Mais ce chemin vers une utilisation saine du numérique n’est pas facile. Pour les parents, cela représente un défi énorme. Entre le boulot, la maison, et la vie quotidienne, trouver du temps pour encadrer l’usage des écrans peut sembler mission impossible. D’autant que les plateformes numériques sont spécialement conçues pour capter notre attention – elles savent ce qu’elles font. Chaque notification, chaque vibration de téléphone est un appel à l’action, une invitation à replonger. Mais, et si on imaginait un monde où les réseaux sociaux étaient pensés autrement, pas juste pour piéger notre temps, mais pour être de véritables outils de lien social ? Ah, rêve utopique…

Quelques conseils pour parents débordés (et enfants hyperconnectés)

  • Ne vous focalisez pas sur le temps d’écran, mais sur les besoins de vos enfants. Si votre enfant a un équilibre entre école, sport, musique, et moments en famille, ce n’est pas la peine de compter chaque minute passée sur YouTube. Pensez plutôt à créer des moments de qualité hors écran. Les enfants ont besoin d’activités variées pour s’épanouir, et parfois, un bon film ou une vidéo amusante fait aussi partie de cet équilibre.
  • Quel âge pour un premier smartphone ? Plutôt autour de 15-16 ans. Mais avant, un téléphone basique peut suffire. Oui, vous vous rappelez, ces téléphones avec des touches et des sonneries monophoniques. Ils permettent de garder le contact sans offrir une fenêtre béante sur l’univers des réseaux sociaux. C’est une bonne manière de préparer doucement les jeunes à gérer cette technologie.
  • Usage excessif = symptôme d’un autre problème. Si votre ado passe tout son temps sur son téléphone, il y a peut-être un autre souci derrière. Cyberharcèlement ? Sentiment d’isolement ? Il est important de questionner leur ressenti plutôt que leur usage. Les écrans deviennent souvent un refuge lorsque quelque chose ne va pas. Il est crucial de maintenir un dialogue ouvert avec eux pour comprendre ce qui se cache derrière cette utilisation excessive.

Conclusion : et si on levait les yeux, ensemble ?

Le défi posé par Gilles Vernet et ses élèves est loin d’être simple. Mais il nous invite à réfléchir, à voir au-delà des écrans pour retrouver ce qui nous lie vraiment. Parce qu’au fond, à quoi bon avoir un téléphone dernier cri si on n’a plus personne à appeler ? Allez, essayons de débrancher un peu, de créer ces moments d’échange et de rire loin des écrans. Redécouvrons la magie des conversations spontanées, des fous rires non planifiés, et des instants partagés en famille ou entre amis.

Peut-être qu’un jour, on n’aura plus besoin de se dire : « Et si on levait les yeux ? », parce que ce sera devenu naturel. Ce que nous voulons finalement, c’est retrouver un équilibre, dans lequel le numérique enrichit nos vies sans les envahir. Un monde où l’on utilise les écrans comme des outils et non comme des béquilles. Où l’on vit pleinement chaque instant, les yeux levés, et le cœur ouvert.


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