Biden exige des comptes après la mort d’une activiste turco-américaine en Cisjordanie

La relation entre les États-Unis et Israël est souvent décrite comme un partenariat solide. Cependant, de récents événements mettent à l’épreuve cette alliance, notamment la mort tragique d’Aysenur Ezgi Eygi, une activiste turco-américaine, tuée par les forces israéliennes en Cisjordanie. Cet incident a conduit le président Joe Biden à exiger une enquête approfondie et à formuler des critiques inhabituelles à l’égard de son allié de longue date.

Une mort qui secoue la diplomatie

Aysenur Ezgi Eygi était une militante pacifiste bien connue pour son engagement en faveur des droits des Palestiniens. Elle était impliquée dans des actions humanitaires dans les territoires occupés. Le 5 septembre 2024, elle a été tuée lors d’une manifestation en Cisjordanie, touchée par des tirs israéliens lors d’une intervention militaire.

Cet incident a suscité une vague de réactions aux États-Unis, notamment parmi les défenseurs des droits humains et les élus du Congrès. Beaucoup se demandent comment un tel incident a pu se produire et pourquoi Israël semble si souvent échapper à des sanctions concrètes après des incidents similaires.

Biden sort de son silence

Le président Biden, souvent mesuré dans ses propos concernant Israël, a cette fois-ci pris une position plus ferme. Dans un communiqué officiel, il a exigé des « comptes complets » de la part des autorités israéliennes concernant la mort d’Eygi. Il a souligné que cet incident était « inacceptable » et qu’Israël devait faire davantage pour prévenir ce genre de tragédie.

C’est un ton peu commun de la part de l’administration américaine, qui a souvent évité de critiquer publiquement les actions militaires israéliennes, préférant des échanges diplomatiques en coulisses. Mais la pression était trop forte cette fois-ci, en particulier après que des membres influents du Congrès, comme le sénateur Chris Van Hollen, ont demandé à l’administration d’agir avec plus de vigueur.

Un contexte de tensions persistantes

La mort d’Eygi s’inscrit dans un contexte plus large de violences accrues en Cisjordanie. Depuis plusieurs mois, les affrontements entre colons israéliens, forces de défense israéliennes (IDF) et Palestiniens se multiplient. La région est un foyer de tensions, avec des incursions militaires régulières, des arrestations massives et des manifestations violentes.

Les forces israéliennes sont régulièrement critiquées pour leur recours à une force disproportionnée, particulièrement dans les zones civiles. Et bien que les États-Unis aient, par le passé, demandé à Israël de revoir ses « règles d’engagement », peu de changements concrets ont été observés. La question reste de savoir si la mort d’Eygi changera quelque chose.

Les réactions à Washington

La mort d’une citoyenne américaine, tuée lors d’une manifestation pour les droits humains, a suscité une onde de choc à Washington. Plusieurs figures politiques, notamment du parti démocrate, ont exprimé leur indignation face à l’absence de mesures concrètes après des incidents similaires.

Le secrétaire d’État Antony Blinken a, de son côté, appelé à des « changements fondamentaux » dans la manière dont Israël mène ses opérations en Cisjordanie. C’est probablement la critique la plus directe de la part d’un membre de l’administration Biden depuis le début du mandat du président.

Lloyd Austin, secrétaire à la Défense, a également contacté son homologue israélien pour exprimer son mécontentement face à ce qu’il a qualifié de « mort injustifiée et non provoquée ». Il a demandé à Israël de réexaminer ses pratiques, notamment ses règles d’engagement lors des opérations militaires en Cisjordanie.

Israël dans l’embarras

De leur côté, les autorités israéliennes ont rapidement réagi en annonçant l’ouverture d’une enquête sur la mort d’Eygi. Cependant, beaucoup de critiques estiment que ces enquêtes internes n’aboutissent que rarement à des sanctions concrètes. En effet, dans des cas précédents, comme celui de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh, tuée en 2022, aucun soldat n’a été sanctionné.

Israël a souvent affirmé que ses soldats agissent en légitime défense face à des menaces terroristes, mais les défenseurs des droits humains dénoncent ce qu’ils considèrent comme un « usage excessif de la force » contre des civils, et particulièrement contre ceux qui militent pour la cause palestinienne.

Des critiques qui montent aux États-Unis

Alors que les États-Unis sont un allié historique d’Israël, les critiques à l’égard du pays augmentent, notamment au sein du parti démocrate. De plus en plus de voix s’élèvent pour exiger des actions concrètes de la part de l’administration américaine afin de tenir Israël responsable de ses actes, en particulier lorsque des citoyens américains sont touchés.

Le sénateur Chris Van Hollen, par exemple, a publiquement critiqué la « passivité » de la Maison-Blanche face à des événements aussi graves. Il a déclaré que si Israël n’était pas capable de rendre des comptes, c’était aux États-Unis, et notamment au Département de la Justice, de lancer leur propre enquête.

Van Hollen n’est pas le seul à s’exprimer ainsi. D’autres élus, souvent plus jeunes et plus progressistes, appellent à une refonte des relations américano-israéliennes, arguant que le soutien inconditionnel à Israël doit être réévalué à la lumière des violations des droits humains constatées sur le terrain.

Quel avenir pour les relations américano-israéliennes ?

La question qui se pose désormais est celle de l’avenir des relations entre les deux pays. Si l’administration Biden continue d’exprimer son soutien à Israël, notamment en matière de sécurité, cet incident pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont les États-Unis abordent certaines questions, notamment celles liées aux droits humains.

Les critiques, tant aux États-Unis qu’à l’international, appellent à une plus grande transparence et à des sanctions plus fermes contre Israël lorsque des violations des droits humains sont constatées. Cependant, l’histoire montre que les relations entre les deux pays sont résilientes, malgré les tensions ponctuelles.

Conclusion

La mort d’Aysenur Ezgi Eygi pourrait être un moment charnière dans les relations entre les États-Unis et Israël, surtout si l’enquête ne débouche pas sur des mesures concrètes. Bien que les déclarations de Biden, Blinken et Austin soient fortes, la question reste de savoir si elles seront suivies d’actions. Pour beaucoup, la réponse à cette question est cruciale pour l’avenir des droits humains en Cisjordanie, mais aussi pour la crédibilité des États-Unis en tant que défenseurs des droits humains à l’international.

L’incident montre également à quel point la politique internationale est complexe, avec des intérêts divergents souvent en jeu. Reste à voir si ce drame tragique pourra entraîner des changements réels dans la politique de Washington envers Israël.

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