Introduction
Le gouvernement canadien, dirigé par le Premier ministre Justin Trudeau, a dévoilé mardi un budget ambitieux visant à réduire les inégalités et à améliorer la qualité de vie des plus jeunes générations. Au cœur de ce plan, une nouvelle fiscalité qui touchera les plus riches, permettant de financer des mesures en faveur du logement, de l’éducation et de l’emploi. Cette initiative intervient à moins d’un an des élections fédérales, alors que les Millennials et la Génération Z sont particulièrement touchés par l’augmentation du coût de la vie.
Une fiscalité plus équitable pour financer des mesures sociales
Avec plus de 20 milliards de dollars canadiens de recettes supplémentaires sur cinq ans, le gouvernement entend rééquilibrer la fiscalité entre les plus riches et le reste de la population. « Aujourd’hui, un charpentier ou une infirmière peut payer des impôts à un pourcentage marginal plus élevé qu’un multimillionnaire. Ce n’est pas juste. Cela doit changer, et cela changera », a déclaré Chrystia Freeland, la ministre du Budget. Cette manne financière sera principalement allouée aux secteurs de l’éducation, du logement et de l’emploi, des domaines cruciaux pour les jeunes générations qui peinent à bénéficier des mêmes conditions de vie que leurs aînés.
Un plan ambitieux pour le logement
Face à la crise du logement qui sévit au Canada, le gouvernement s’est engagé à construire 3,87 millions de logements supplémentaires d’ici 2031, un objectif sans précédent depuis l’après-Seconde Guerre mondiale. Pour y parvenir, Ottawa compte ouvrir des terrains publics au logement, convertir des bureaux fédéraux en appartements et taxer les propriétés vacantes. Si les prix des logements neufs ont légèrement baissé en mars, cela ne suffit pas à compenser la hausse des taux d’intérêt hypothécaires qui écarte de nombreux acheteurs potentiels.
Des mesures sociales pour améliorer la qualité de vie
Au-delà du logement, le budget prévoit également des fonds pour un programme de contraception gratuite, le renforcement des financements pour lutter contre l’ingérence étrangère ainsi que davantage de moyens pour contrer les feux de forêt. Ces mesures visent à améliorer la qualité de vie des Canadiens, en particulier des plus jeunes, tout en répondant à des enjeux de société majeurs.
Une économie résiliente malgré les incertitudes
Malgré un contexte économique incertain, les prévisions de croissance pour le Canada ont été revues à la hausse par les économistes interrogés par le gouvernement. Ils tablent désormais sur une croissance de 0,7% cette année, contre 0,5% annoncé dans le rapport économique de novembre. La ministre du Budget a indiqué que la dette nationale augmentera légèrement au cours de l’exercice 2024-2025 pour atteindre un nouveau record de 1.300 milliards de dollars canadiens, tandis que le ratio dette/PIB devrait tomber à 41,9%. Quant au déficit, il devrait être un peu moins élevé que prévu, à 39,8 milliards de dollars canadiens, et rester stable avant de commencer à diminuer en 2026-2027. Le gouvernement estime pouvoir éviter la récession malgré des taux d’intérêt relativement élevés qui pèsent sur l’économie.
Un contexte international favorable à une fiscalité plus juste
La décision canadienne intervient alors que des discussions au niveau mondial sur la taxation des entreprises et des ménages les plus aisés ont lieu autour de trois grands dossiers, via l’OCDE, le G20 et l’ONU. Fin 2021, un accord historique a vu près de 140 États s’engager à davantage taxer les multinationales, avec deux piliers visant à faire payer aux géants du numérique des impôts dans les pays où se trouvent leurs clients et à taxer au taux minimal de 15% les plus grosses entreprises. Si la mise en œuvre de cet accord reste partielle, elle témoigne d’une volonté croissante de rééquilibrer la fiscalité à l’échelle internationale.
Du côté du G20, la présidence brésilienne cette année est résolue à trouver un consensus pour taxer les super-riches, tandis que l’ONU porte un projet ambitieux visant à créer un système de fiscalité harmonisé dans l’ensemble des régions du monde. Bien que ces initiatives se heurtent à de nombreux obstacles, elles illustrent une prise de conscience globale de la nécessité d’une fiscalité plus juste et équitable.
Conclusion
Le budget présenté par le gouvernement canadien marque une étape importante dans la recherche d’une plus grande justice fiscale et sociale. En ciblant les plus riches pour financer des mesures en faveur des jeunes générations, Justin Trudeau entend répondre aux préoccupations croissantes liées au coût de la vie et aux inégalités. Si les défis restent nombreux, tant sur le plan économique que social, cette initiative témoigne d’une volonté de construire une société plus inclusive et équitable. Dans un contexte international marqué par une réflexion croissante sur la fiscalité des entreprises et des ménages les plus aisés, le Canada pourrait bien faire figure de précurseur et inspirer d’autres pays à suivre cette voie.