Un changement de cap énergétique
Le gouvernement britannique a récemment suscité la controverse en annonçant son soutien continu à l’exploitation des hydrocarbures, notamment du pétrole et du gaz. Cette décision a été officialisée par l’annonce d’un projet de loi prévoyant des appels d’offres annuels pour l’exploration en mer du Nord. Cette orientation énergétique marque un revirement par rapport à l’objectif de neutralité carbone d’ici 2050 que le Royaume-Uni s’était fixé précédemment.
Un projet dévoilé par le roi Charles III
Le roi Charles III a annoncé ce projet dans son discours au Parlement, où il a présenté les principales initiatives législatives de son gouvernement pour la prochaine session parlementaire. Cette décision a suscité de vives réactions tant au sein de la classe politique que de la société britannique.
La nécessité de renforcer la sécurité énergétique
Le Premier ministre Rishi Sunak a justifié ce virage controversé en mettant en avant la nécessité de renforcer la sécurité énergétique du Royaume-Uni. Cette préoccupation découle en partie de l’invasion de l’Ukraine et de la flambée des prix de l’énergie qui en a résulté. Face à la pression politique et économique, le gouvernement a opté pour une approche plus pragmatique, proportionnée et réaliste de l’objectif de neutralité carbone.
Réouverture des licences d’exploration
Pendant de nombreuses années, le Royaume-Uni a attribué des licences d’exploration en mer du Nord de manière annuelle. Cependant, en raison du déclin de la production, aucun nouvel appel d’offres n’avait eu lieu depuis 2019. Ce n’est qu’en septembre dernier que le régulateur britannique a accordé son feu vert au forage de Rosebank, au large des îles Shetland, marquant ainsi un changement significatif dans la politique énergétique du pays.
Un objectif de zéro carbone maintenu
Selon Claire Coutinho, ministre de l’Énergie, l’objectif de zéro carbone n’est pas remis en cause malgré cette réorientation vers les hydrocarbures. Le comité sur le changement climatique, qui guide les orientations gouvernementales, estime que le pétrole et le gaz seront toujours nécessaires en 2050. Selon elle, il est préférable d’extraire ces ressources là où elles sont disponibles, car le Royaume-Uni dispose d’un avantage naturel en la matière.
Dépendance à l’égard des importations
La production de pétrole britannique couvre actuellement 75 % des besoins du pays. Cependant, le Royaume-Uni ne possède pas les capacités de raffinage nécessaires pour traiter cette production. Une grande partie du pétrole britannique est exportée vers les raffineries européennes pour être ensuite réimportée. Cette dépendance aux importations soulève des questions sur la réelle contribution de l’exploitation pétrolière et gazière à l’économie nationale.
Impact sur l’emploi et les factures énergétiques
Le gouvernement britannique insiste sur le fait que la relance de l’exploration des hydrocarbures soutiendra massivement l’emploi dans cette industrie, qui emploie plus de 200 000 personnes selon la fédération de l’offshore au Royaume-Uni. Cependant, l’effet sur les factures énergétiques des ménages reste controversé, la ministre admettant qu’il serait minime. Elle précise que la priorité est plutôt d’assurer la sécurité des approvisionnements énergétiques du pays.
Un changement de cap dans la politique énergétique
Le choix du gouvernement de Rishi Sunak de privilégier la sécurité énergétique sur les enjeux environnementaux a également été illustré par d’autres décisions, telles que l’ouverture d’une nouvelle mine de charbon et le report de l’interdiction des voitures thermiques de 2030 à 2035. Cette politique a ouvert un clivage avec les travaillistes, qui prônent une approche plus axée sur la lutte contre le changement climatique.
Réaction de l’opposition
Le parti travailliste, en tête dans les sondages à quelques mois des prochaines élections législatives, s’oppose fermement à la relance de l’exploitation pétrolière et gazière. Si le parti arrive au pouvoir en 2024, il pourrait mettre fin rapidement à l’industrie offshore. Cette décision suscite un débat politique animé au Royaume-Uni.
En conclusion, la décision du gouvernement britannique de réorienter sa politique énergétique en faveur des hydrocarbures suscite de vives réactions. Alors que le pays cherche à renforcer sa sécurité énergétique, la question de la contribution réelle de cette industrie à l’économie nationale et aux factures des ménages demeure un sujet de débat majeur.