Le ministre de l’Industrie français renforce les liens avec la Norvège pour le stockage sous-marin de CO2
Le ministre de l’Industrie français, Roland Lescure, a récemment entrepris un voyage en Norvège avec une délégation d’industriels pour renforcer le partenariat entre les deux pays concernant le stockage sous-marin de dioxyde de carbone (CO2). Cette initiative vise à explorer les opportunités offertes par le stockage de CO2 dans les sous-sols marins norvégiens. Cependant, des défis diplomatiques et de financement entravent encore le projet.
Un partenariat essentiel pour la France
Le voyage, initialement prévu pour juin, a finalement eu lieu entre le 28 et le 30 octobre. L’objectif principal de cette visite était de promouvoir la coopération entre la France et la Norvège en matière de stockage de CO2 industriel. Roland Lescure s’est rendu à Bergen, plus précisément à Øygarden, sur le chantier du premier terminal de CO2 au monde. Ce terminal est en construction grâce à la collaboration du consortium Northern Lights, composé des géants pétroliers Equinor, TotalEnergies et Shell, avec le soutien financier du gouvernement norvégien. L’objectif de ce projet était d’initier une nouvelle industrie post-pétrole en Norvège.
Les enjeux du stockage de CO2
La première phase du projet vise à stocker 1,5 gigatonne de CO2 à partir de 2024, mais la phase 2, qui prévoit le stockage de 5 gigatonnes de CO2, doit encore être commercialisée. Dans le cadre de la feuille de route des 50 plus grands émetteurs industriels français, notamment dans les secteurs de la métallurgie, des matériaux et de la chimie, il est devenu impératif de réduire les émissions de CO2 de moitié d’ici 2030. Cela nécessite l’adoption de technologies de captage et de stockage de CO2 (CCS). La Norvège, avec son expertise en stockage souterrain, représente un partenaire idéal pour la France.
Un accord bilatéral en préparation
Le ministre de l’Industrie norvégien, Jan Christian Vestre, s’était rendu en France en septembre 2022 pour établir des liens avec les acteurs français. Roland Lescure a répondu à cette visite en Norvège, accompagné non seulement d’industriels émetteurs de CO2, tels que les cimentiers Lhoist et Vicat, qui ont des projets CCS avancés, mais aussi d’entreprises du secteur pétrolier et gazier, qui voient dans le CCS une opportunité de croissance post-pétrole. Les transporteurs de gaz GRTgaz et Terega étaient également présents, car ils joueront un rôle clé dans la construction des infrastructures nécessaires. Ils ont déjà en projet un gazoduc dédié au transport de CO2, nommé D’Artagnan, qui reliera Dunkerque à Bergen.
Des étapes à venir
Malgré l’enthousiasme entourant ce partenariat, certaines étapes importantes restent à franchir. Le texte de la stratégie nationale CCS, actuellement en consultation publique, ne sera pas publié avant 2024, et les contrats pour différences CO2, promis par le gouvernement français pour encourager les investissements dans le CCS, ne seront pas opérationnels avant 2025. Le gouvernement français n’interviendra pas directement dans les contrats de stockage de CO2, mais travaille sur un projet d’accord bilatéral avec la Norvège, qui comprend deux volets, l’un technique et l’autre de nature diplomatique.
L’importance de la diplomatie climatique
La phase technique de cet accord pourrait progresser lors du prochain forum franco-norvégien prévu en janvier 2024. La seconde phase relève de la diplomatie climatique et repose sur Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique. Elle devra signer un avenant à la convention de Londres sur la prévention de la pollution des mers par immersion de déchets de 1972, également connue sous le nom de LC72. Cette convention internationale, entrée en vigueur en 1975 et ratifiée par 81 pays, interdit l’exportation de CO2. Modifier cette convention permettrait à la France de collaborer activement avec la Norvège dans le domaine du stockage de CO2.
Conclusion
Le partenariat entre la France et la Norvège pour le stockage de CO2 offre des opportunités prometteuses pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Malgré les défis diplomatiques et les échéances à respecter, les deux pays sont déterminés à faire progresser cette collaboration stratégique. La transition vers une économie plus verte et la réduction des émissions de CO2 demeurent des priorités essentielles pour l’avenir de la planète.