Une réforme constitutionnelle controversée
Le gouvernement italien, dirigé par la droite, présente un nouveau projet de réforme constitutionnelle qui suscite des débats animés au sein de la société italienne. Cette réforme vise à introduire l’élection du Premier ministre au suffrage universel direct, une modification majeure dans l’architecture politique du pays.
L’élection directe du président du Conseil
L’un des aspects les plus significatifs de cette réforme est la proposition d’élire le président du Conseil, l’équivalent du Premier ministre, au suffrage universel direct. Cette mesure permettrait au chef du gouvernement d’obtenir un mandat populaire direct, renforçant ainsi sa légitimité et son autorité.
Une majorité solide au Parlement
Pour garantir la stabilité gouvernementale, la réforme prévoit que la loi électorale attribuera 55 % des sièges au Parlement à la coalition politique arrivée en tête lors des élections. Cette disposition vise à éviter les crises gouvernementales fréquentes qui ont marqué l’histoire politique italienne.
Limitation des crises gouvernementales
Une autre caractéristique importante de cette réforme est la limitation de la possibilité de remplacer le président du Conseil. Selon la proposition, le chef du gouvernement ne pourrait être remplacé que par un parlementaire élu, appartenant à la majorité parlementaire en fonction. Cette mesure vise à empêcher la formation d’exécutifs techniques dirigés par des personnalités de la société civile, comme cela s’est produit en 2021 avec Mario Draghi.
Un soutien populaire partiel
Bien que la présentation de ce projet de réforme ne soit pas une surprise, car elle figurait dans le programme de la coalition de droite, elle ne fait pas l’unanimité. Selon un sondage de l’institut Demos, publié le 29 octobre, 57 % des Italiens y sont favorables. Cependant, il subsiste une opposition significative à cette réforme, principalement en raison des inquiétudes concernant ses implications.
La crise des institutions parlementaires
La crise touchant les institutions parlementaires italiennes est un problème de longue date et justifie probablement une réforme en profondeur de la Constitution. La plupart des gouvernements précédents ont tenté de réorganiser les pouvoirs, mais ils ont échoué en raison des divisions politiques persistantes.
Les critiques de la réforme
Malgré la nécessité apparente de la réforme constitutionnelle, certains critiques estiment que le gouvernement actuel manque d’ambition dans son approche. Francesco Clementi, professeur de droit public à l’Université de Rome La Sapienza, est l’un de ces critiques. Il soutient que la réforme ne résout pas les problèmes fondamentaux du système politique italien.
Selon l’expert, le projet de réforme risque même de fragiliser le président du Conseil plutôt que de le renforcer. En effet, la réforme permettrait au président du Conseil d’être renversé par sa propre majorité parlementaire et remplacé sans conséquence significative. Cette situation remet en question la justification d’une élection au suffrage direct si le résultat final peut être un chef du gouvernement qui n’a pas la même légitimité que son prédécesseur.
Les obstacles à la réforme constitutionnelle
En plus des débats houleux, le chemin vers l’adoption de la réforme constitutionnelle est semé d’embûches. La procédure pour réformer la Constitution italienne est complexe et exigeante. Les modifications doivent être votées par chaque chambre du Parlement lors de deux délibérations successives, avec un intervalle d’au moins trois mois entre les deux votes. Chaque assemblée doit obtenir une majorité absolue lors du second scrutin. Ensuite, si la loi constitutionnelle n’a pas été approuvée par les deux tiers des parlementaires, les électeurs sont appelés à se prononcer par référendum.
La nécessité de cohésion collective
Francesco Clementi explique que cette complexité de la procédure de réforme constitutionnelle est l’une des raisons pour lesquelles il est si difficile de modifier la loi fondamentale du pays. Il souligne que cela nécessite une grande cohésion collective au sein de la classe politique italienne, ce qui est difficile à atteindre compte tenu du climat politique instable du pays.
Conclusion
En résumé, la réforme constitutionnelle proposée en Italie suscite des débats passionnés et divise la société italienne. Bien que l’élection directe du président du Conseil puisse renforcer sa légitimité, elle soulève également des préoccupations quant à la stabilité du gouvernement et à la complexité du processus de réforme. Il reste à voir si cette proposition de réforme constitutionnelle sera adoptée et si elle réussira à résoudre les problèmes profonds qui touchent les institutions parlementaires italiennes.