Tensions politiques et départ des forces françaises
La situation politique en Afrique de l’Ouest connaît un tournant majeur avec le départ des troupes françaises du Niger vers le Tchad. Cette évacuation fait suite au coup d’État militaire survenu au Niger, qui a exercé une pression considérable sur le gouvernement français. Les premiers soldats français ont quitté le Niger mardi dernier dans un convoi terrestre en direction du Tchad. Environ 1 400 soldats et aviateurs français étaient en poste au Niger pour lutter contre les groupes djihadistes de la région, aux côtés des forces armées nigériennes.
Présence militaire française au Niger
La présence militaire française au Niger était substantielle, avec environ 1 000 soldats à Niamey, la capitale du pays, et 400 autres positionnés sur deux bases avancées dans l’ouest du Niger, à Ouallam et Tabarey-Barey. Ces bases étaient situées au cœur de la « zone des trois frontières, » limitrophe du Mali et du Burkina Faso, une région infestée par des groupes djihadistes affiliés à Boko Haram et à la filiale de l’État islamique en Afrique de l’Ouest, Iswap.
Le départ des troupes françaises de la base de Ouallam, dans l’ouest du Niger, a marqué le début des opérations d’évacuation vers le Tchad, sous l’escorte des forces de défense et de sécurité du Niger. Un autre convoi en provenance de Tabarey-Barey est arrivé à Niamey, transportant du matériel et des véhicules blindés. L’armée française a confirmé que le départ était en cours.
Les enjeux géopolitiques
La capitale tchadienne, N’Djamena, se trouve à environ 1 600 km de Niamey et abrite le commandement des Forces françaises au Sahel. La junte militaire au Niger a également annoncé le départ de « trois vols spéciaux » depuis Niamey, dont deux sont destinés au transport de 97 soldats des forces spéciales, tandis que le troisième est consacré à la logistique.
La coopération militaire entre la France et le Niger avait été établie avec l’ancien président Mohammed Bazoum, renversé par le coup d’État survenu le 26 juillet. Le nouveau régime militaire a exercé une pression constante sur Paris pour que la France retire ses troupes du pays. Il convient de rappeler que le Niger était devenu un partenaire clé de la France dans la lutte contre le terrorisme, notamment après le retrait de l’armée française du Mali et du Burkina Faso.
Cependant, le départ des forces françaises suscite des interrogations quant à l’avenir de la lutte contre le terrorisme dans la région. Les groupes djihadistes, tels que Boko Haram et Iswap, demeurent une menace sérieuse, et le retrait de la France laisse un vide de sécurité à combler.
Tensions anti-françaises et suspension de l’aide américaine
La décision de retirer les troupes françaises du Niger a suscité de nombreuses manifestations anti-françaises, et l’ambassadeur français a été rappelé à Paris en réponse aux tensions croissantes. Le président français Emmanuel Macron avait annoncé le départ des soldats le 24 septembre, même si la France ne reconnaissait aucune légitimité au nouveau régime militaire.
Parallèlement, les États-Unis, qui avaient une présence militaire significative au Niger avec 1 100 soldats et une importante base de drones à Agadez, ont annoncé la suspension de leur aide internationale au Niger, d’une valeur de 500 millions de dollars. Le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller, a déclaré : « Nous prenons cette mesure parce qu’au cours des deux derniers mois, nous avons épuisé toutes les voies disponibles pour préserver l’ordre constitutionnel au Niger. » Il a ajouté que toute reprise de l’aide américaine dépendrait de mesures prises par le régime pour rétablir rapidement et de manière crédible une gouvernance démocratique.
Pour l’instant, les soldats américains devraient rester sur place pour surveiller la menace djihadiste dans la région. Cette présence continue des forces américaines témoigne de l’importance stratégique du Niger dans la lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest.
L’avenir de la lutte contre le terrorisme au Sahel
Le départ des forces françaises du Niger pose des questions cruciales sur l’avenir de la lutte contre le terrorisme au Sahel. La France a joué un rôle central dans la coordination des opérations antiterroristes dans la région, mais son retrait soulève des préoccupations quant à la capacité des forces locales à maintenir la pression sur les groupes djihadistes.
Le Niger, en particulier, est confronté à des défis importants en matière de sécurité. Les groupes djihadistes opérant dans la région ont profité de l’instabilité politique et de la faiblesse des institutions pour étendre leur influence. Le retrait des troupes françaises laisse un vide de sécurité que les autorités nigériennes devront combler.
L’avenir de la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme au Sahel est également incertain. La suspension de l’aide américaine témoigne des préoccupations croissantes concernant la gouvernance au Niger et la nécessité d’une transition démocratique rapide.
Conclusion
Le départ des troupes françaises du Niger vers le Tchad marque un tournant géopolitique majeur en Afrique de l’Ouest. Les tensions politiques et les manifestations anti-françaises qui ont suivi le coup d’État au Niger ont conduit à cette évacuation, mettant en évidence les enjeux complexes de la présence militaire étrangère dans la région. La suspension de l’aide américaine ajoute un nouvel élément à cette situation déjà tendue. L’avenir de la lutte contre le terrorisme au Sahel reste incertain, et il sera intéressant de voir comment les événements se développeront dans les mois à venir.