Le Conflit Commercial qui Fissure l’Union Européenne face à la Russie
La Pologne, en engageant un bras de fer avec Kiev et Bruxelles pour défendre son agriculture, joue un jeu dangereux. Cette manœuvre pourrait toutefois tenter d’autres pays de l’Union Européenne.
Le 23 septembre dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu à Lublin (Pologne) pour rendre hommage aux bénévoles qui aident son pays. La Pologne fait effectivement partie des plus fervents partisans de l’Ukraine depuis février 2022. Mais Varsovie ne fournira plus d’armes à son voisin.
La Pologne a déjà envoyé à l’Ukraine une grande partie de son stock d’armes de l’ère soviétique, notamment des chars et des avions, et le transit de l’aide et des armes occidentales, dont environ 90% la traversent, continuera sans entrave. L’impact de cette décision, si elle est confirmée, est donc à relativiser. Il s’agit d’un geste de mauvaise humeur, lié, selon le porte-parole du gouvernement polonais Piotr Müller, aux “déclarations et actions inacceptables” de l’Ukraine au sujet de ses exportations de céréales.
Un Effondrement des Prix en Pologne
Les Etats membres de l’Union européenne (UE) frontaliers de l’Ukraine affirment que ces livraisons agricoles en franchise de droits causent des ravages sur leurs marchés: en juin 2022, pour aider Kiev et éviter une crise alimentaire mondiale, l’UE avait levé les droits de douane sur ses exportations agricoles, tout en négociant des couloirs de transit à travers la Bulgarie, la Pologne et la Roumanie. Un accord d’autant plus crucial qu’en juillet dernier Moscou a réinstauré son blocus en mer Noire.
Pour apaiser les craintes de ces pays, la Commission a interdit jusqu’au 15 septembre dernier la vente ou le stockage des denrées ukrainiennes sur leurs territoires. Interdiction que Varsovie et Budapest ont décidé de maintenir unilatéralement.
Tout en portant plainte auprès de l’Organisation mondiale du commerce, Volodymyr Zelensky a accusé ses voisins de faire du “cinéma”, et son gouvernement a menacé de mettre en place des mesures de rétorsion. En réalité, les importations ukrainiennes de blé, mais aussi de lait et de fruits et légumes, ont bien provoqué un effondrement des prix en Pologne.
Une Posture Politique?
Aiguillonnée par le mécontentement de ses agriculteurs, Varsovie est donc passée à l’action en maintenant un strict embargo, pour “ouvrir les yeux de l’Union européenne”. La Hongrie et la Slovaquie lui ont emboîté le pas, Bruxelles engageant un bras de fer en affirmant que “les distorsions du marché dans les cinq pays de première ligne” avaient disparu.
Juridiquement, la Commission peut lancer des procédures d’infraction contre ces pays. En portant le conflit commercial sur le terrain des livraisons militaires, le Premier ministre polonais a opté pour une forme d’escalade. Le ministre allemand de l’Agriculture, Cem Özdemir, l’a accusé de “solidarité à temps partiel”, et pour son homologue français, Marc Fesneau, “ces actions unilatérales menacent les efforts collectifs”.
La Slovaquie a baissé la garde en annonçant une reprise des importations ukrainiennes. Le parti Droit et Justice au pouvoir en Pologne, dont la base électorale est très rurale, campe, lui, sur ses positions à l’approche du scrutin législatif du 15 octobre. Compréhensible mais dangereux: cela pourrait saper les tentatives de l’UE de maintenir un front uni contre la Russie. Et créer un dangereux précédent pour tous ceux souhaitant réduire leur soutien à Kiev.
La Crise du Blé Ukrainien : Une Menace pour l’Union Européenne
La crise actuelle concernant le blé ukrainien a mis en lumière les tensions au sein de l’Union Européenne et les défis qu’elle doit relever en matière de politique agricole et de solidarité entre ses membres.
Le Contexte
Depuis février 2022, l’Ukraine est confrontée à une situation de guerre avec la Russie, ce qui a engendré d’importants besoins en termes d’aide humanitaire et militaire. Parmi les pays européens voisins de l’Ukraine, la Pologne a été l’un des plus fervents partisans de Kiev, en fournissant notamment des armes et d’autres formes d’assistance.
Cependant, récemment, la Pologne a pris une décision inattendue en cessant de fournir des armes à l’Ukraine. Bien que cette décision puisse sembler mineure en termes de quantité, elle a néanmoins suscité des préoccupations et a été interprétée comme un geste de mécontentement de la part de la Pologne envers l’Ukraine.
Les Conflits Commerciaux
La principale source de tension entre la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie d’une part, et l’Ukraine d’autre part, réside dans le commerce des produits agricoles, en particulier du blé. Les pays frontaliers de l’Ukraine affirment que les importations massives de céréales ukrainiennes à des tarifs préférentiels ont causé des perturbations majeures sur leurs marchés intérieurs.
En réponse à ces préoccupations, l’Union Européenne a levé les droits de douane sur les exportations agricoles ukrainiennes en juin 2022. Cela visait à aider Kiev à éviter une crise alimentaire mondiale, notamment dans le contexte du blocus russe en mer Noire. Cependant, pour apaiser les inquiétudes des pays frontaliers de l’Ukraine, la Commission Européenne a également interdit la vente ou le stockage des denrées ukrainiennes sur leurs territoires jusqu’au 15 septembre dernier.
Les Répercussions en Pologne
L’impact de cette interdiction sur la Pologne a été significatif, provoquant un effondrement des prix du blé, du lait, et des fruits et légumes sur le marché polonais. Cette situation a généré un mécontentement croissant parmi les agriculteurs polonais, une base électorale importante pour le parti au pouvoir en Pologne.
Pour répondre à ce mécontentement, le gouvernement polonais a décidé de maintenir un embargo strict sur les importations de produits agricoles ukrainiens, affirmant que cela était nécessaire pour protéger les intérêts de son secteur agricole. Cette décision a été suivie par la Hongrie et la Slovaquie, créant ainsi une division au sein de l’Union Européenne.
Les Répercussions Politiques
La crise du blé ukrainien a rapidement pris une dimension politique. Les pays qui ont maintenu l’embargo sur les importations ukrainiennes sont confrontés à des critiques de la part de la Commission Européenne, qui estime que les distorsions du marché ont été résolues et que de telles mesures unilatérales nuisent à la solidarité européenne.
De plus, la Slovaquie a récemment annoncé la reprise des importations de produits agricoles ukrainiens, marquant ainsi un désaccord au sein du groupe de pays frontaliers de l’Ukraine. Pendant ce temps, la Pologne, où un scrutin législatif est prévu le 15 octobre, reste inflexible dans sa position.
Les Enjeux pour l’Union Européenne
Cette crise met en évidence les défis auxquels l’Union Européenne est confrontée en matière de politique agricole et de solidarité entre ses membres. D’une part, elle souligne la nécessité pour l’UE de coordonner sa politique agricole pour éviter des perturbations majeures sur les marchés intérieurs des États membres.
D’autre part, elle met en évidence la complexité de la solidarité au sein de l’Union Européenne, en particulier lorsque les intérêts nationaux et les considérations politiques entrent en jeu. La crise du blé ukrainien pourrait saper les efforts de l’UE pour maintenir un front uni face à la Russie et créer un dangereux précédent pour d’autres questions où la solidarité européenne est en jeu.
En conclusion, la crise actuelle du blé ukrainien met en évidence les défis complexes auxquels l’Union Européenne est confrontée, à la fois en termes de politique agricole et de solidarité politique. La manière dont cette crise sera résolue aura des implications importantes pour l’avenir de l’UE et sa capacité à maintenir une position unie face aux défis internationaux.