Réchauffement climatique : peut-on concilier énergies fossiles et objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre ?

Le Royaume-Uni approuve de nouveaux forages pétroliers et gaziers en mer du Nord malgré les critiques

Le gouvernement britannique vient d’approuver la délivrance de plusieurs centaines de nouvelles licences d’exploration et d’exploitation pétrolière et gazière en mer du Nord, suscitant l’inquiétude des défenseurs de l’environnement. Le Premier ministre Rishi Sunak a justifié cette décision controversée en invoquant la nécessité de renforcer la sécurité énergétique du pays. Pourtant, le Royaume-Uni s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Comment concilier extraction des énergies fossiles et objectifs climatiques ? C’est la question cruciale qui se pose aujourd’hui.

Extraire plus de pétrole et de gaz : un pari risqué pour l’environnement

Approuver de nouveaux forages d’hydrocarbures apparaît en total décalage avec l’urgence climatique. Les énergies fossiles sont la première source mondiale d’émissions de gaz à effet de serre, principal responsable du réchauffement. Or, les scientifiques sont formels : pour espérer limiter le dérèglement à +1,5°C, il faut laisser la majorité des énergies fossiles dans le sol.

Pourtant, Rishi Sunak défend son choix en invoquant plusieurs arguments : renforcer l’indépendance énergétique du Royaume-Uni, créer des emplois, obtenir une énergie moins chère pour les ménages… Surtout, il estime qu’en 2050, le pays aura encore besoin d’énergies fossiles pour assurer 25% de ses besoins.

Mais pour les ONG, miser sur de nouveaux projets pétroliers et gaziers est un pari risqué, voire dangereux, pour le climat. D’autant que le gouvernement britannique envisage également de permettre l’enfouissement du CO2 issu de l’industrie sous la mer du Nord, une technologie controversée de captage carbone.

Neutralité carbone : un équilibre délicat entre réalisme et ambition

L’approche du gouvernement britannique s’explique en partie par un souci de réalisme. La transition énergétique prendra du temps et nécessitera des énergies de transition. Mais pour les défenseurs du climat, miser sur de nouveaux projets fossiles manque cruellement d’ambition, au moment où il faudrait accélérer le développement des renouvelables et « laisser les énergies fossiles dans le sol ».

Le Premier ministre assure ne pas renoncer aux objectifs climatiques de son pays. Pourtant, depuis son arrivée au pouvoir, son gouvernement conservateur semble peu à peu abandonner les politiques environnementales.

La neutralité carbone nécessitera des choix difficiles, un subtil équilibre entre pragmatisme et volontarisme. Le pari du Royaume-Uni est risqué. Il apparaît bien compliqué de concilier extraction massive d’hydrocarbures et réduction drastique des émissions… à moins d’un déploiement massif de techniques de captage carbone encore balbutiantes. Le chemin vers la neutralité climatique s’annonce semé d’embûches.

Le Royaume-Uni, un mauvais élève de la lutte contre le changement climatique

Le Royaume-Uni fait partie des pays développés qui ont le plus tardé à prendre des mesures fortes pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. La part des énergies renouvelables dans son mix énergétique plafonne à seulement 11%, contre plus de 30% en Allemagne par exemple.

Pire, entre 1990 et 2018, ses émissions ont diminué d’à peine 40%, là où la France les a réduites de près de 60% sur la même période. Le Royaume-Uni a également massivement subventionné les énergies fossiles, bien davantage que les renouvelables. Un retard et des politiques publiques défavorables au climat qui expliquent en partie le choix de miser encore sur le pétrole et le gaz.

Quid de la demande mondiale en hydrocarbures ?

Derrière l’approbation de nouveaux forages se cache aussi un pari sur l’évolution de la demande mondiale en pétrole et gaz. Même si le Royaume-Uni atteint la neutralité carbone en 2050, d’autres pays continueront d’importer massivement des hydrocarbures. Et le gouvernement britannique compte bien en profiter en augmentant son offre, quitte à contredire ses objectifs climatiques nationaux.

Un calcul risqué là aussi. Car la demande mondiale pourrait rapidement chuter sous l’effet des politiques climatiques et de la transition énergétique dans de nombreux pays. Le Royaume-Uni pourrait se retrouver avec des capacités de production excédentaires et des actifs échoués, au détriment de son empreinte carbone.

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