La Chine a procédé ce mardi à un changement inattendu à la tête de son ministère des Affaires étrangères. Après seulement sept mois en poste, Qin Gang a été brutalement remplacé par Wang Yi, son prédécesseur qui retrouve ainsi ses fonctions. Cette nomination a été officialisée à l’issue d’une réunion expéditive du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire, le parlement chinois.
Le mystérieux départ de Qin Gang
Agé de 57 ans, Qin Gang avait été propulsé ministre des Affaires étrangères en décembre dernier, après une carrière menée au sein de la diplomatie chinoise. Considéré comme un protégé du président Xi Jinping, il avait notamment occupé le poste d’ambassadeur à Washington de 2021 à 2022.
Sa brutale éviction intervient dans un contexte trouble pour le ministère chinois des Affaires étrangères. Qin Gang n’était plus apparu en public depuis le 25 juin dernier, date à laquelle il avait encore rencontré des responsables du Sri Lanka, du Vietnam et de Russie.
Depuis, le ministère s’était contenté d’évoquer des « raisons de santé » pour expliquer cette absence, sans plus de précisions. L’opacité du régime chinois sur ce départ précipité n’a fait qu’alimenter les spéculations les plus folles.
De nombreuses rumeurs ont circulé pour tenter d’expliquer ce départ inattendu après seulement quelques mois en poste. Certaines évoquent notamment une possible liaison extra-conjugale de Qin Gang avec une journaliste de Hong Kong, des allégations néanmoins non confirmées.
L’embarras du pouvoir chinois
Ce départ brutal est en tout cas une affaire délicate pour Xi Jinping, qui avait fait de Qin Gang l’un de ses protégés. En propulsant Qin Gang au poste de ministre des Affaires étrangères, Xi Jinping comptait s’appuyer sur lui pour mettre en œuvre sa politique étrangère. Ce remaniement contraint est donc un revers pour le président chinois.
Cette mise à l’écart soudaine souligne également le manque de transparence du régime quant aux raisons exactes de ce départ. Malgré les interrogations, les autorités sont restées murées dans le silence, se contentant de justifications vagues.
Cette affaire jette une lumière crue sur l’opacité du système politique chinois et l’absence de réels contre-pouvoirs. Elle symbolise la mainmise personnelle de Xi Jinping sur les nominations au sommet de l’État, qu’il peut révoquer du jour au lendemain sans explication.
Le retour de Wang Yi, vétéran de la diplomatie chinoise
Pour remplacer Qin Gang, les autorités chinoises ont fait le choix de la continuité en rappelant Wang Yi, 69 ans, qui avait occupé le poste de ministre des Affaires étrangères de 2013 à 2022.
Diplomate chevronné, Wang Yi conserve également ses fonctions de conseiller d’État et sa position de membre du bureau politique du Parti communiste chinois. Il cumule désormais les rôles, devenant une figure centrale de la politique étrangère du pays.
Sa nomination traduit le renforcement du contrôle du Parti communiste sur les institutions gouvernementales et la politique étrangère de la Chine. Elle illustre la mainmise personnelle de Xi Jinping sur les postes clés de l’appareil d’État chinois.
Vers une continuité de la politique étrangère chinoise
L’arrivée de ce diplomate expérimenté devrait prima facie assurer une continuité de la diplomatie chinoise, faite de fermeté sur les dossiers sensibles comme Taïwan, Hong Kong ou le Xinjiang.
Reste à savoir si ce remaniement inattendu aura des conséquences à long terme sur la politique étrangère de la Chine. La mise à l’écart brutale de Qin Gang peut également présager d’éventuels ajustements orchestrés par Xi Jinping. Une certitude : ce dernier garde la mainmise sur la direction de la diplomatie chinoise.