La réunion sur l’Asie du Sud-Est à Jakarta, occasion pour Pékin de rappeler à l’ordre l’UE et New Delhi
Ce samedi se tenait une réunion sur l’Asie du Sud-Est à Jakarta où de nombreux dirigeants ont discuté de la situation dans la région. L’occasion pour le patron de la diplomatie chinoise de rappeler à l’ordre l’Union européenne mais aussi l’Inde sur leurs politiques d’indépendance stratégique.
Lors d’une rencontre entre le patron de la diplomatie chinoise Wang Yi avec le chef de la politique étrangère européenne ce samedi en marge d’une réunion sur l’Asie à Jakarta, Pékin a fixé ses conditions, en particulier pour l’Europe. Dans ce contexte de tension géopolitique avec les Etats-Unis, l’Europe se situe au milieu et commence de plus en plus à se défaire de la dépendance à la Chine sur des secteurs clés. Berlin a même dévoilé, jeudi dernier, sa nouvelle stratégie d’émancipation face à la Chine, visant à «atténuer les risques sans couper les ponts» avec Pékin. Si, de son côté, le gouvernement chinois a assuré qu’il n’y «a pas de conflit sur des intérêts fondamentaux entre la Chine et l’UE», elle avait pourtant menacé Berlin après sa stratégie contre toute attitude pouvant «nuire à leur coopération et leur confiance mutuelle».
Lors de cette rencontre, la Chine a ainsi souligné:
“L’UE devrait … clarifier sa position dans le partenariat stratégique entre les deux parties et encourager les relations Chine-UE à aller de l’avant, a déclaré M. Wang à Josep Borrell etellene doit pas hésiter et encore moins encourager les paroles et les actes pour un retour en arrière”.
Les relations sino-européennes sur la corde raide
Les relations entre la Chine et l’Europe se sont tendues au fil du temps, en particulier avec la crise du COVID, qui a montré les risques d’une dépendance accrue de l’Europe. La crise des semi-conducteurs qui a plongé le marché de l’automobile européen dans le chaos ainsi que la guerre en Ukraine et la dépendance envers la Russie sur le gaz ont relancé le questionnement européen autour de stratégies géopolitiques. Depuis, des plans de réindustrialisation foisonnent partout en Europe.
Mais Bruxelles marche sur un fil avec Pékin, souhaitant trouver un équilibre entre la crainte d’une trop grande dépendance et le souci de maintenir des liens forts avec la deuxième économie mondiale. La proximité du pays avec le gouvernement russe pose également des questions éthiques. Mais les membres de l’UE ne sont pas tous d’accord sur la stratégie a adopter vis-à-vis du pays, certains craignent une guerre commerciale. Dans un souci d’indépendance, la Commission européenne avait tout de même dévoilé fin juin une stratégie pour répondre de façon plus ferme aux risques pesant sur sa sécurité économique.
New Delhi également dans le viseur de Pékin
L’Europe n’était pas la seule préoccupation du gouvernement chinois lors de ces rencontres à Jakarta. Wang Yi, a exhorté l’Inde à se concentrer sur «les intérêts communs» et à retrouver la Chine «à mi-chemin» pour désamorcer les tensions frontalières.
Le plus haut responsable du Parti communiste chinois pour la diplomatie a ainsi déclaré:
“Les intérêts communs de la Chine et de l’Inde l’emportent clairement sur leurs différences”
Les deux pays se font une guerre militaire depuis plusieurs années sur leur frontière dans la région du Ladakh, avec, comme point d’orgue, un affrontement frontalier sur les hauteurs de l’Himalaya en juin 2020 dans lequel 20 soldats indiens et au moins quatre militaires chinois ont été tués. Des tensions auxquelles s’ajoute une querelle concernant la délivrance des visas.
Là encore, la Chine appelle l’Inde a ne pas freiner les relations commerciales, alors même que le pays est son deuxième partenaire mondial. Car l’Inde cherche de plus en plus à s’émanciper de son puissant voisin, multipliant les partenariats stratégiques avec d’autres pays, en particulier la France. D’ailleurs, la visite du président indien et sa présence au défilé du 14 juillet en France n’est pas anodine.
Malgré ces tensions, deux pays ont convenu de tenir le prochain cycle de discussions au niveau des commandants militaires sur la question de la frontière «dès qu