Depuis quelques semaines, une vague de chaleur marine d’une ampleur inédite s’est installée dans l’océan Atlantique, au large des côtes irlandaises et britanniques. Les écarts de température par rapport aux normales saisonnières y atteignent localement 4 à 5°C, une situation absolument exceptionnelle. Ce phénomène de « canicule marine » résulte du réchauffement global, qui rend ces événements extrêmes de plus en plus fréquents. Selon les prévisions du GIEC, ils pourraient être multipliés par 4 à 50 d’ici la fin du siècle si les émissions de CO2 se poursuivent au rythme actuel.
Des conséquences catastrophiques sur la biodiversité marine
Ces vagues de chaleur, en particulier lorsqu’elles perdurent, peuvent avoir des effets dévastateurs sur les écosystèmes marins. L’augmentation des températures met à rude épreuve des organismes habitués à des conditions stables, provoquant des mortalités massives chez certains coraux, éponges, oursins ou mollusques. L’an dernier, une canicule en Méditerranée a entraîné la disparition de gorgones rouges sur de vastes zones. Le réchauffement en profondeur, jusque vers 45 mètres, est le plus préoccupant car il affecte des espèces ne connaissant jamais de telles températures.
Un phénomène qui s’intensifie avec le dérèglement climatique
Bien que des vagues de chaleur océaniques aient toujours existé de manière sporadique, leur fréquence et leur intensité n’ont cessé d’augmenter au cours des dernières décennies, en parallèle avec le réchauffement global. Les relevés montrent clairement que les records de température marine sont battus année après année. Le lien avec les émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine ne fait aucun doute pour la communauté scientifique.
Des impacts complexes à évaluer
Si les canicules marines ont des effets immédiats évidents, comme des mortalités massives, leurs conséquences à long terme sur la biodiversité marine sont plus difficiles à évaluer précisément. Des modifications des chaînes alimentaires, de la répartition des espèces ou de la composition des habitats pourraient apparaître progressivement. Il est crucial de poursuivre les recherches pour comprendre et anticiper ces impacts.
Quelques espèces pourraient tirer profit du réchauffement
Certains organismes comme les huîtres pourraient à l’inverse bénéficier de l’eau plus chaude, qui accélère leur croissance et leur reproduction. Mais au-delà d’un certain seuil, le manque d’oxygénation lié à la hausse des températures devient néfaste. En 2018, un épisode de ce type a provoqué une hécatombe d’huîtres dans l’étang de Thau. À long terme, le réchauffement pourrait aussi modifier leur répartition géographique.
L’urgence de réduire les émissions de CO2
Pour préserver les écosystèmes marins, riches en biodiversité mais très sensibles aux fluctuations climatiques, il est crucial de tout mettre en œuvre pour limiter le réchauffement planétaire. Cela passe avant tout par une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. Les canicules océaniques offrent un aperçu glaçant des conséquences qui nous attendent si nous ne changeons pas rapidement de trajectoire.