Une nouvelle ère de capture directe de l’air
Julio Friedmann annonce avec enthousiasme la naissance d’une nouvelle ère lors d’un rassemblement à Notrees, au Texas. Accompagné de nombreux dignitaires, cet expert de l’industrie de l’énergie est invité par 1PointFive, une filiale d’Occidental Petroleum, une société pétrolière américaine, et Carbon Engineering, une start-up canadienne soutenue par Bill Gates. Cette nouvelle ère est représentée par une espèce qui ressemble à un arbre, mais d’une manière artificielle. Il s’agit de la première usine commerciale de capture directe de l’air (CDA) à être mise en service.
La CDA fonctionne en aspirant le dioxyde de carbone (CO2) de l’air et en le stockant pour une utilisation ultérieure. Contrairement aux plantes normales qui transforment le CO2 en molécules organiques par photosynthèse, la CDA fournit le CO2 aux êtres humains pour une utilisation quotidienne. Il peut être utilisé pour rendre les boissons pétillantes, stimuler la croissance des plantes dans les serres ou être injecté dans les champs pétrolifères pour extraire davantage de pétrole brut sans en perdre une goutte, comme le fait Occidental.
Cependant, une partie du CO2 capturé par l’usine de Notrees, qui devrait être pleinement opérationnelle d’ici 2025, sera injectée dans le sous-sol dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Contrairement au carbone stocké dans les plantes naturelles, le CO2 capturé artificiellement peut être conservé indéfiniment. Les entreprises qui souhaitent compenser leurs émissions de carbone paieront les responsables du projet en fonction du nombre de tonnes stockées. Ainsi, Notrees marque non seulement la naissance d’une nouvelle ère, mais aussi celle d’une véritable industrie.
L’industrie du stockage de CO2
Carbon Engineering, Climeworks, Global Thermostat et de nombreuses start-up à travers le monde attirent des investissements dans le domaine de l’élimination du carbone. Occidental prévoit de construire 100 installations de CDA à grande échelle d’ici 2035. D’autres entreprises se concentrent sur l’absorption du CO2 émis par les centrales électriques et les processus industriels, une approche connue sous le nom de séquestration géologique du CO2 (CCS). ExxonMobil a dévoilé les ambitions de sa nouvelle division spécialisée dans la réduction des émissions de carbone, estimant qu’elle pourrait générer un chiffre d’affaires annuel de 6 000 milliards de dollars d’ici 2050.
Des technologies plus rentables et accessibles
L’essor de l’industrie de l’élimination du carbone est rendu possible par des technologies plus performantes et abordables. Le coût de la capture directe de l’air de Carbon Engineering, par exemple, est estimé entre 94 et 232 dollars par tonne de CO2 capturé à grande échelle, ce qui est bien inférieur aux estimations antérieures et proche du prix des crédits carbone sur le marché européen.
D’autres entreprises proposent également des solutions abordables. Svante, une entreprise canadienne, capture le CO2 des gaz de combustion industriels polluants pour environ 50 dollars la tonne. Certaines entreprises transforment le carbone capturé en produits commercialisables. CarbonFree utilise le CO2 pour fabriquer des produits chimiques spéciaux, tandis que LanzaTech convertit les émissions de carbone en matériaux utiles. Ces avancées technologiques rendent l’élimination du carbone plus économique et ouvrent de nouvelles opportunités pour des investissements massifs.
Des investissements massifs dans l’élimination du carbone
Selon Wood Mackenzie, le secteur de l’élimination du carbone pourrait attirer 150 milliards de dollars d’investissements dans le monde au cours de la prochaine décennie. Les capacités mondiales de capture, d’utilisation et de stockage du carbone devraient être multipliées par plus de sept d’ici 2030. Les pouvoirs publics jouent un rôle crucial dans le développement de cette industrie, en encourageant les politiques de tarification du carbone et en offrant des incitations financières. Les grandes entreprises de la tech, ainsi que les entreprises pétrolières, investissent également massivement dans l’élimination du carbone.
Les grandes entreprises et le marché des crédits carbone
Les grandes entreprises, soucieuses de leur image et de leur empreinte carbone, sont de plus en plus intéressées par l’achat de crédits carbone. Microsoft a récemment annoncé l’achat de millions de tonnes de crédits carbone pour soutenir des projets d’élimination du carbone. Frontier, un club d’acheteurs financé par des géants de la tech, a conclu un accord de plusieurs millions de dollars pour éliminer des milliers de tonnes de CO2. Les entreprises pétrolières, telles qu’Occidental, ExxonMobil et Chevron, investissent également dans l’élimination du carbone pour améliorer leur réputation et contribuer à la réduction des émissions.
Conclusion
L’élimination et la réutilisation du carbone représentent un marché colossal en plein essor. Les avancées technologiques rendent cette industrie plus rentable et accessible. Les investissements massifs et l’implication des pouvoirs publics et des grandes entreprises créent un élan pour accélérer le développement de solutions d’élimination du carbone. L’industrie pétrolière, autrefois considérée comme un contributeur majeur aux émissions de carbone, s’engage maintenant dans la réduction des émissions et l’élimination du carbone. L’élimination du carbone devient une priorité mondiale pour lutter contre le changement climatique et créer un avenir durable.