Résilience de l’inflation au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, la baisse de l’inflation se fait attendre. En mai, la croissance des prix s’est stabilisée au même niveau qu’en avril, soit à 8,7% sur une année. Cette situation incite la Banque d’Angleterre à envisager une nouvelle hausse de ses taux d’intérêt qui pourraient atteindre 4,75 à 5% lors de la réunion prévue ce jeudi. Un durcissement de la politique monétaire qui n’est pas sans impact sur l’économie britannique confrontée à une envolée du coût du crédit.
Alors que la montée des taux semble se tempérer aux États-Unis, au Royaume-Uni elle demeure pleinement d’actualité à l’aube de la nouvelle réunion de la Banque d’Angleterre (BoE) ce jeudi.
En juin, la Federal Reserve américaine (Fed) a renoncé à une nouvelle augmentation des taux d’intérêt, compte tenu du ralentissement de l’inflation. Une situation qui contraste avec celle du Royaume-Uni où l’augmentation des prix se maintient à 8,7% en mai sur une année. Ce niveau est le plus élevé parmi les pays du G7.
La question d’une hausse des taux
Andrew Bailey, le directeur de la BoE, a plusieurs fois admis que l’inflation se réduisait moins rapidement que prévu par ses économistes. Notamment l’inflation sous-jacente, qui exclut l’énergie, la nourriture, l’alcool et le tabac, et qui a grimpé à 7,1% en mai sur un an, un record depuis mars 1992. Alors que les effets de l’augmentation des prix de l’électricité et du carburant en 2022, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, commencent à s’estomper, c’est l’inflation sous-jacente que les banques centrales cherchent à contrôler pour éviter un cercle vicieux d’augmentation des prix et des salaires.
De là à déclencher une nouvelle hausse des taux ? « Quelle que soit la décision [prise jeudi], le Comité de politique monétaire de la BoE (MPC) a encore beaucoup de pain sur la planche pour ramener l’inflation sous-jacente sous contrôle », estime Matthew Swannell, analyste à BNP Paribas.
Conséquences d’une hausse des taux
Le taux directeur principal de la BoE, actuellement à 4,50%, pourrait atteindre 4,75 ou 5% lors de la réunion de jeudi afin de freiner la hausse des prix. Sur le marché, les investisseurs anticipent que les taux britanniques atteindront jusqu’à 6% d’ici la fin de l’année, alors qu’ils pensent que la Fed ne relèvera pas les siens et que ceux de la Banque centrale européenne (BCE) approchent leur pic.
Pour le Royaume-Uni, ce serait la treizième hausse consécutive. L’institution pourrait même envisager une augmentation plus significative que lors des mois précédents, estiment les économistes, au risque d’exacerber la crise du coût de la vie pour les ménages britanniques.
Impact sur le coût du crédit
Les augmentations des taux d’intérêt de la Banque d’Angleterre commencent à peser sur l’économie britannique. Le rendement des emprunts d’État à deux ans a atteint plus de 5% la semaine dernière, un sommet en 15 ans, indiquant que le marché s’attend à ce que l’inflation continue pousse la BoE à de nouvelles hausses. De plus, l’augmentation du coût de l’emprunt au Royaume-Uni met à mal les finances du gouvernement et fait augmenter les taux de crédit pour les entreprises et les particuliers, y compris de nombreux prêts hypothécaires à taux variable.
Selon des analystes de Berenberg, « alors que l’économie britannique stagne presque depuis le printemps dernier, il faut s’attendre à ce que l’inflation des services et l’inflation sous-jacente » commencent à reculer. Selon eux, la BoE court le risque d’aller trop loin dans le relèvement des taux. Le gouvernement britannique ne semble cependant pas partager cette opinion : « Nous n’hésiterons pas à soutenir la Banque d’Angleterre qui cherche à purger notre économie de l’inflation », a déclaré mercredi le ministre des Finances Jeremy Hunt.
Regard sur l’Europe
Deux autres grandes banques centrales se réunissent ce jeudi : celle de Norvège, également confrontée à une inflation persistante, et celle de Suisse, où l’inflation s’est récemment rapprochée de l’objectif de la banque centrale, tombant à 2,2% en mai. Ces deux institutions pourraient augmenter leurs taux respectifs.
En fin de compte, face à une inflation résiliente et aux pressions économiques, la Banque d’Angleterre se retrouve dans une situation délicate alors qu’elle doit équilibrer le besoin de contrôler l’inflation et le risque de freiner la croissance économique.