Accord Unifié sur la Protection des Frontières et la Révision du Règlement de Dublin
Le sommet ministériel de l’Union Européenne (UE) a révélé un accord majeur sur le renforcement des frontières de l’Union et la révision du règlement de Dublin. L’étape suivante consistera à harmoniser ce texte avec les positions plus libérales des parlementaires européens.
La présidence suédoise de l’UE a réussi à conclure un accord sur deux aspects cruciaux du pacte « migration et asile » proposé par la Commission européenne en 2020. La ministre suédoise en charge des migrations, Maria Malmer Stenergard, a déclaré qu’elle était « extrêmement satisfaite et également très fière » d’atteindre ce résultat après une journée de négociations intenses. La réforme proposée comprend un examen rapide des demandes d’asile à la frontière et un système de solidarité pour accueillir les demandeurs d’asile parmi les États membres.
Mise en Place d’un Mécanisme de Screening Obligatoire à la Frontière
L’accord stipule l’instauration d’un mécanisme de screening obligatoire à la frontière pour tous les États membres. Les centres de screening, dotés d’une capacité d’examen annuelle de 120 000 cas, permettront d’identifier les demandes d’asile ayant le moins de chances de mener à un statut de réfugié. L’objectif est de faciliter le retour de ces migrants dans leur pays d’origine ou de transit. « Avec ce nouveau système, nous modifions radicalement la manière dont nous contrôlons les frontières extérieures, qui deviennent nettement plus solides », a déclaré un diplomate européen.
Indemnisation Financière
Les ministres ont également adopté le principe d’une refonte du règlement de Dublin, qui ne fonctionne pas à l’heure actuelle. La refonte vise à relocaliser 30 000 demandeurs d’asile par an au sein de l’UE. Les États membres devront accueillir un certain nombre de ces personnes arrivées dans un pays de « première entrée » soumis à une pression migratoire, ou à défaut, fournir une contribution financière à ce pays. L’indemnisation financière a été fixée à 20 000 euros par demandeur d’asile non relocalisé.
Question des Renvois de Migrants Irréguliers Vers des Pays Tiers Sûrs
La question des renvois de migrants irréguliers vers des pays tiers sûrs a compliqué les discussions. L’Italie voulait que les renvois puissent avoir lieu même en l’absence de « lien de connexion » entre les personnes et ces pays tiers. La France et l’Allemagne s’y sont opposées. La question sera réexaminée dans un an.
Désaccords et Abstentions
La Pologne et la Hongrie ont voté contre le nouveau paquet, contesté pour sa méthode globale, tandis que la Bulgarie, Malte, la Lituanie et la Slovaquie se sont abstenues. Le vote s’est fait à la majorité qualifiée, mais pour des raisons politiques évidentes et afin de rendre ces accords crédibles, les ministres ont cherché à obtenir l’approbation des pays méditerranéens, qui sont les plus concernés.
Défi Migratoire Commun
Le chancelier allemand Olaf Scholz, lors de sa visite à Rome où il a rencontré la Première ministre italienne Giorgia Meloni, a souligné que les pays de l’UE devaient relever le défi migratoire « ensemble » et ne pas « laisser seuls » les pays méditerranéens.
Vers un Accord Final
Cependant, ce n’est pas la fin du processus. Les Vingt-Sept doivent maintenant finaliser l’accord avec les eurodéputés, qui ont une approche plus libérale et souhaitent imposer, notamment, des relocalisations obligatoires sans possibilité de compensation financière – une ligne rouge pour de nombreux pays d’Europe centrale.
Droitisation de l’Échiquier Politique Européen
Le Parlement européen est sous pression pour conclure ce dossier sensible avant la fin de la législature. Il serait désastreux d’arriver aux prochaines élections européennes, dans un an exactement, sans l’avoir résolu.
La question de la réforme du système d’asile est revenue sur le devant de la scène avec l’augmentation des arrivées de migrants dans l’Union depuis la fin de la pandémie et alors que près de quatre millions d’Ukrainiens sont réfugiés dans l’UE.
Avec le déplacement de l’échiquier politique européen vers la droite (l’extrême droite a récemment remporté des succès électoraux dans plusieurs pays membres), la tendance est à une politique migratoire de plus en plus restrictive.
Vers l’Avenir
Alors que le monde continue de s’adapter aux nouvelles réalités géopolitiques, cet accord représente un tournant majeur dans la manière dont l’Europe gère ses défis en matière de migration et d’asile. Il reste à voir comment cet accord sera mis en œuvre et quels seront ses impacts réels sur le terrain. Dans tous les cas, la question de la migration reste un enjeu crucial pour l’avenir de l’Europe.