La décharge d’Okhla : Un sombre rappel de la crise du plastique
Au cœur de New Delhi, la capitale indienne, se dresse un monstre insidieux. À mesure que l’on s’approche de la décharge d’Okhla, située dans le sud de la ville, ses contours effrayants et son odeur putride se révèlent peu à peu. Cette décharge à ciel ouvert est l’une des trois immenses collines de déchets de la mégalopole de plus de 20 millions d’habitants. Chaque jour, plus de 12 000 tonnes de déchets y sont déversées faute d’infrastructures modernes pour les traiter.
En décembre 2022, la montagne d’ordures atteignait jusqu’à 45 mètres de hauteur. Des milliers de sacs plastiques flétris s’y entassaient, accompagnés d’objets du quotidien abandonnés. Des chiens errants cherchaient désespérément de la nourriture dans cette chaleur suffocante, sous le regard des vautours qui tournoyaient au-dessus. Cette décharge est le reflet alarmant de la crise du plastique en Inde.
Un fléau environnemental et sanitaire
Chaque année, l’Inde génère près de 4 millions de tonnes de déchets plastiques, dont entre 40 % et 70 % ne sont pas recyclés. La majorité de ces déchets provient de produits en plastique à usage unique. Les conséquences pour l’environnement et la santé sont dramatiques. En été, les décharges prennent régulièrement feu sous l’effet du méthane et des températures élevées. Les fumées toxiques aggravent ainsi la pollution de l’air, déjà l’une des plus élevées au monde, et empoisonnent davantage les riverains.
Les animaux ne sont pas épargnés par ce fléau. Les vaches, pourtant vénérées en Inde, ingèrent quotidiennement du plastique, ce qui peut entraîner de graves problèmes de santé. Les chiens errants et d’autres animaux souffrent également de cette pollution. Afroz Shah, un avocat engagé dans la lutte contre le plastique, témoigne que dans les rues de Bombay, les chiens en vomissent. Les déchets plastiques jonchent les plages indiennes, polluant les océans et menaçant la biodiversité marine.
La nécessité d’une gestion efficace des déchets
Bien que la consommation de plastique par habitant en Inde soit sensiblement inférieure à celle de l’Europe ou des États-Unis, la gestion des déchets plastiques fait défaut dans le pays. La majeure partie du recyclage est assurée par le secteur informel, où les éboueurs trient les déchets à mains nues. Les mesures prises par le gouvernement, telles que l’interdiction des plastiques à usage unique, ont été mises en place pour remédier à cette situation.
Depuis le 1er juillet 2022, la fabrication, l’importation et la vente de nombreux plastiques à usage unique, tels que les pailles, les gobelets et les emballages de cigarettes, sont interdites. Cependant, l’application stricte de cette interdiction a rencontré des difficultés. De nombreux commerçants et consommateurs continuent d’utiliser des sacs plastiques bon marché, car les alternatives réutilisables ne sont pas encore largement adoptées.
Des progrès encourageants et des solutions durables
Malgré les défis, des progrès sont observés. Les autorités indiennes ont entrepris de résoudre le problème de la décharge d’Okhla, qui a considérablement diminué. Des grues et des camions s’activent sur les flancs de cette montagne de déchets dans le but de la réduire voire de l’éliminer d’ici à 2024. De plus, les déchets plastiques sont valorisés et utilisés dans des processus de transformation en énergie ou en matériaux de construction pour les routes.
Toutefois, la véritable solution à long terme réside dans l’adoption de matériaux réutilisables. Des campagnes de sensibilisation et d’éducation doivent être menées pour encourager les citoyens et les entreprises à adopter des pratiques plus durables. Il est essentiel de promouvoir la réduction à la source, le recyclage efficace et la gestion des déchets plastiques à tous les niveaux de la société.
Une bataille cruciale contre un ennemi invisible
Le plastique est devenu un ennemi invisible qui menace l’Inde. La pollution qu’il génère est une menace pour l’environnement, la santé et la vie des animaux. Bien que des mesures aient été prises pour lutter contre cette crise, il reste encore beaucoup à faire. Un changement de mentalité, une meilleure gestion des déchets et l’adoption de pratiques durables sont indispensables pour éradiquer cette menace.
L’Inde doit continuer ses efforts pour mettre fin à la pollution plastique et protéger son environnement. Le défi est immense, mais il est crucial de préserver la santé de la planète pour les générations futures. Il est temps de prendre des mesures audacieuses et de s’engager dans cette bataille vitale contre le plastique.