La France, la Turquie et l’Italie mettent en place des mesures pour rapatrier leurs ressortissants
Face à l’escalade des violences entre l’armée régulière et les paramilitaires au Soudan, la France a lancé ce dimanche 23 avril une « opération d’évacuation rapide » de ses citoyens et de son personnel diplomatique, selon le ministère des Affaires étrangères. Des ressortissants européens et d’autres pays alliés sont également pris en charge. Les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide (FSR) paramilitaires ont fourni des garanties de sécurité pour permettre cette opération. Environ 250 Français vivent au Soudan.
La Turquie et l’Italie ont également annoncé leur intention d’évacuer leurs ressortissants, face à la situation préoccupante au Soudan. La Turquie prévoit de rapatrier les quelque 600 ressortissants turcs présents dans le pays, tandis que l’Italie pourrait procéder à l’évacuation de ses citoyens ce dimanche.
Les États-Unis évacuent leur ambassade à Khartoum
Peu de temps avant ces annonces, les États-Unis avaient évacué leur ambassade au Soudan. Le président américain Joe Biden a déclaré dans un communiqué que cette violence tragique au Soudan avait déjà coûté la vie à des centaines de civils innocents et devait cesser. L’ambassade américaine suspend temporairement ses activités, et le secrétaire d’État Antony Blinken a indiqué que la décision d’évacuer le personnel américain était due au risque inacceptable pour les employés de l’ambassade. Un haut responsable du département d’État, John Bass, a précisé que l’opération avait permis l’évacuation de près d’une centaine de personnes, dont plusieurs diplomates étrangers.
Le pape François appelle au dialogue
Dans ce contexte, le pape François a appelé ce dimanche au dialogue face à la situation qu’il a qualifiée de « grave » au Soudan. Il a exprimé son souhait que la violence cesse rapidement et que le dialogue reprenne. Les combats ont repris samedi à Khartoum, la capitale étant en grande partie privée d’électricité et d’eau courante, et l’accès à Internet étant quasiment coupé dans l’ensemble du pays.
Opérations d’évacuation menées par d’autres pays
L’Arabie saoudite a également annoncé samedi la première grande opération d’évacuation depuis le début des combats. Plus de 150 personnes, dont des diplomates et des responsables étrangers, sont arrivées à Djeddah, selon les Affaires étrangères saoudiennes. Le ministère saoudien a précisé que l’évacuation avait été effectuée par les forces navales du royaume avec le soutien d’autres branches de l’armée.
En Allemagne, les ministres de la Défense et des Affaires étrangères ont tenu une réunion de crise samedi sur la faisabilité d’une évacuation, après que trois avions militaires se sont vu contraints de faire demi-tour mercredi, rapporte le magazine allemand Der Spiegel. Depuis plusieurs jours, les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont déployé des forces dans les pays voisins, et l’Union européenne envisage de prendre des mesures similaires pour évacuer ses diplomates et ressortissants du Soudan.
Contrôle des aéroports soudanais en question
Les violences au Soudan ont éclaté le 15 avril entre l’armée du général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d’État de 2021, et son adjoint et rival, le général Mohammed Hamdan Daglo, surnommé « Hemetti », qui commande les FSR, des paramilitaires redoutés. Les deux généraux, qui avaient pris le pouvoir lors du coup d’État de 2021, sont désormais engagés dans une lutte sans merci. Ils ont été incapables de s’accorder sur l’intégration des paramilitaires du général Daglo aux troupes régulières du général Bourhane, malgré des semaines de négociations politiques sous égide internationale.
Alors que les deux camps se livrent également à une bataille de communication, il est impossible de savoir qui contrôle les aéroports du pays et dans quel état ils se trouvent après avoir été le théâtre de violents combats depuis le premier jour du conflit.
Impact humanitaire et risque d’escalade
Le Soudan, troisième producteur d’or d’Afrique et pourtant l’un des pays les plus pauvres au monde, souffre depuis des décennies d’un système de santé défaillant, et un tiers de ses 45 millions d’habitants souffrent de la faim. L’arrêt des opérations de la plupart des humanitaires, après la mort d’au moins quatre d’entre eux depuis une semaine, va aggraver la situation. De plus, le conflit menace désormais de s’étendre au-delà des frontières du Soudan, selon des experts.
L’International Crisis Group (ICG) prévient qu’il faut agir rapidement pour éviter une « guerre civile à part entière ». Dans ce contexte tendu et incertain, les opérations d’évacuation menées par différents pays témoignent de la gravité de la situation et de l’urgence à protéger leurs ressortissants.